Richie Arnold s’épanouit au Stade Toulousain et vise les Wallabies pour la Coupe du monde

Le géant australien Richie Arnold, très précieux cette saison à Toulouse, demi-finaliste du Top 14 vendredi contre le Racing 92, semble plus libéré depuis le départ de son frère jumeau Rory, dont il pourrait prendre la place chez les Wallabies pour la Coupe du monde.

Pendant quelques saisons, les Toulousains devaient rivaliser de stratagèmes — coupe de cheveux, bandage au bras, couleur des crampons… — pour tenter de les différencier.

C’est fini. Rory, avec qui il formait du haut de leurs 2,08 m l’un des plus grands attelages du rugby mondial, est parti en 2022 jouer au Japon

Arrivé en 2019 au Stade toulousain, Richie y réalise sa saison la plus dense (27 matches, dont 22 comme titulaire) et fait preuve d’une belle complémentarité en deuxième ligne avec son jeune compatriote Emmanuel Meafou, au point de faire reculer d’un cran l’international français Thibaud Flament.

« Je ne sais pas si c’est ma meilleure saison à Toulouse, c’est difficile à dire. J’ai été épargné par les blessures. Touchons du bois pour que ça continue », dit à l’AFP le longiligne Australien, qui a pris « davantage de responsabilités » après le départ de son jumeau. 

« Mon frère avait un peu pris ce rôle l’an dernier et j’ai dû prendre le relais », développe-t-il. « J’ai bientôt 33 ans. Il y a beaucoup de jeunes joueurs dans cette équipe. Je peux essayer de les orienter dans la bonne direction ». 

– « Positif et flatteur » –

« Il s’est affirmé au fil de la saison comme un leader naturel et c’est très profitable pour l’équipe dans son ensemble », apprécie l’entraîneur des avants toulousains Jean Bouilhou.

Richie Arnold a longtemps évolué dans l’ombre de Rory, international australien à 32 reprises alors que lui, retardé par des blessures au début de sa carrière, n’a jamais porté le maillot des Wallabies.

Il pensait avoir définitivement « laissé passer (sa) chance » en rejoignant la France mais ses performances n’ont pas échappé au nouveau sélectionneur Eddie Jones, venu le voir en personne à Toulouse.

« On s’est posé en ville pour discuter. C’est quelqu’un d’assez direct », raconte le deuxième ligne des Rouge et Noir, qui a participé à distance en avril à un camp d’entraînement de la sélection.

« Je me levais la nuit avec le décalage horaire pour assister sur Zoom aux réunions collectives, parler de tactique… », explique-t-il. « C’est positif et flatteur de faire partie du groupe, même si je ne sais pas vraiment où ça mènera ».

Il faudrait que l’Australie modifie ses critères d’éligibilité — seulement trois joueurs évoluant à l’étranger, à plus de 30 sélections — pour qu’il ait une chance de disputer le Mondial en France (8 septembre-28 octobre).

– Rory et les « camions » japonais –

Richie Arnold pourrait profiter indirectement de la saison blanche de son frère, dont le club japonais, les Hino Red Dolphins, s’est retiré du championnat à la suite d’un scandale sur fond de débordements alcoolisés.

« Je pense qu’il (Rory) doit travailler sur la ligne d’assemblage de Hino (un constructeur de camions, NDLR) », a ironisé dernièrement Eddie Jones. « Il doit fabriquer ces camions parce qu’il ne joue pas au rugby en ce moment. Il faut jouer pour être sélectionné ».

« Ce qui s’est passé au Japon n’est pas idéal pour lui. Il a une petite fille maintenant et doit aussi penser à l’avenir de sa famille (…) A ce stade de sa carrière, Rory n’a plus rien à prouver », le défend Richie.

Pense-t-il que les règles d’éligibilité australiennes — la « Giteau’s Law » qui permet depuis 2015 aux joueurs australiens évoluant à l’étranger d’être sélectionnés — pourraient évoluer en sa faveur? « Peut-être, peut-être pas. On verra bientôt ». Une réponse de Normand à Toulouse. Sans doute la preuve de sa bonne intégration en France.