Règlement et ex-All Blacks à la rescousse du Pacifique

Brèche dans le barrage contre le Pacifique? Renforcée par d’ex-All Blacks ou Wallabies grâce au changement des règles d’éligibilité du rugby international, les nations des îles du Pacifique espèrent briser leur plafond de verre, celui des quarts de finale du Mondial.

Trois ex-All Blacks dans la liste des Samoa, cinq parmi celle des Tonga: l’évolution réglementaire appliquée depuis 2022 par World Rugby produit ses premiers effets dans cette Coupe du monde.

« Ca peut permettre de commencer à combler l’écart entre les sélections du +tier 1+ et celles du +tier 2+ », juge le néo-Tongien et ex-international néo-zélandais (17 sélections) Charles Piutau, titulaire à l’arrière contre l’Irlande samedi (21h00).

« La différence de niveau reste importante mais les Fidjiens ont montré qu’ils n’étaient pas loin ce week-end », ajoute-t-il en référence à la remontée des Flying Fijians, proches de battre le pays de Galles (32-26).

Ni les Fidji, ni les Samoa, ni les Tonga n’ont jamais atteint le dernier carré de la Coupe du monde. Dévalisés de leurs meilleurs éléments par leurs voisins, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ces sélections ne pouvaient convoquer des joueurs depuis boudés par les deux géants.

Une seule sélection avec les Wallabies ou les All Blacks suffisait à les verrouiller ad vitam aeternam, en vertu du principe d’une unique nationalité sportive à vie. Règle réformée: après trois ans sans sélection, un joueur peut désormais représenter une autre équipe nationale, à condition que ses parents ou grands-parents y soient nés.

Cette révolution permet par exemple au champion du monde 2015 avec les kiwis, Malakai Fekitoa (30 ans ; 24 sél.), d’être aligné au centre pour les Tonga face à l’Irlande. Et s’il n’avait pas été blessé, l’ancien sulfureux Wallaby Israel Folau (73 sél.), licencié par son ex-Fédération pour propos homophobes, aurait été du Mondial.

– « Peut-être l’équipe la plus forte de l’histoire des Tonga » –

Cet appel d’air d’internationaux confirmés fait dire au sélectionneur Toutai Kefu que « c’est peut-être l’équipe la plus forte de l’histoire des Tonga sur le papier ».

« Avec le changement de règles, en particulier pour nous, les insulaires des Samoa, des Fidji et des Tonga, nous affichons nos meilleures équipes de tous les temps, juge le capitaine tongien Sonatane Takulua. Sans vouloir manquer de respect aux joueurs d’avant. L’expérience et les savoirs qu’ils nous apportent sont d’une aide immense. »

Avis partagé par le N.10 irlandais Johnny Sexton: « Ils ont bénéficié d’un énorme coup de pouce avec la sélection de joueurs qui sont revenus représenter leur équipe. »

Même situation aux Samoa qui comptent un champion du monde 2015 dans leurs rangs avec le pilier droit Charlie Faumuina, 50 sélections avec le maillot à la fougère, mais aussi un ex-Wallaby, Christian Leali’ifano (26 sélections), aligné à l’ouverture contre le Chili samedi (15h00).

Seuls les Fidji se présentent en France sans international reconverti. Mais une autre réforme joue pour l’archipel: « Les Fidji se développent, ils ont maintenant une équipe en Super Rugby (depuis 2022, NDLR), c’est un énorme atout pour le futur de la sélection », estime le Wallaby d’origine fidjienne Marika Koroibete.

Car cela peut tarir l’exode massif vers les franchises d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Premier signe: cette franchise des Fijian Drua a annoncé jeudi avoir recruté pour plusieurs années le très prometteur ouvreur d’origine fidjienne Isaiah Ravula, neveu du N.10 et star des All Blacks Richie Mo’unga.

© 2023 AFP

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