Marseille, 13 oct 2023 (AFP) – Longtemps resté sous les radars de l’équipe d’Angleterre, opposée aux Fidji dimanche en quarts de finale du Mondial-2023, le demi de mêlée Alex Mitchell a su attendre son heure pour gagner une place de titulaire alors qu’il ne devait même pas disputer la compétition.
Assis avec deux amis autour d’une bouteille de vodka, une chaîne en or tombant sur son torse glabre et bronzé, Mitchell a partagé en juillet sur son compte Instagram un morceau de ses vacances en Croatie.
Ecarté de la liste des 33 pour la Coupe du monde, il ne s’attendait alors sûrement pas à être aligné d’entrée face à l’Argentine, un mois et demi plus tard, après le forfait de Jack van Poortvliet, blessé au cours de la préparation.
« C’a été un peu les montagnes russes », a-t-il reconnu avant d’affronter les Pumas. « J’ai été sorti du groupe, réintégré, et j’ai maintenant la chance de démarrer. C’est un peu bizarre ».
Le joueur de 26 ans dit avoir eu « une conversation très constructive » avec le sélectionneur Steve Borthwick lorsque ce dernier lui a annoncé qu’il ne faisait pas partie de ses plans.
« Il m’a dit que je n’étais pas loin, qu’il y avait beaucoup de concurrence à mon poste et qu’il fallait que je me tienne prêt au cas où car tout peut arriver », raconte-t-il. « C’est ce que j’ai fait et on m’a finalement appelé ».
Logiquement destiné à faire le nombre derrière Danny Care et Ben Youngs, beaucoup plus expérimentés que lui (93 et 124 sélections), Mitchell a su tirer son épingle du jeu dans le naufrage historique contre les Fidji (30-22) en août à Twickenham.
« Sa performance avait été l’une des rares satisfactions de ce match », estime Borthwick. « Il a beaucoup de mérite dans la mesure où il était incroyablement déçu de ne pas avoir été retenu dans le groupe des 33 initial. Il a fait exactement ce qu’on lui avait demandé: être prêt si on l’appelait ».
– « De plus en plus de place » –
Auteur d’une première partie de tournoi honnête à la charnière d’un XV de la Rose plutôt facilement qualifié pour les quarts, « Mitch » apporte — comme Van Poortvliet, dont il a directement pris la place — davantage de dynamisme au jeu anglais que les vieillissants Care et Youngs (36 et 34 ans).
« Il évolue aux côtés des deux numéros neuf les plus expérimentés de l’histoire de l’Angleterre », relève l’entraîneur de l’attaque Richard Wigglesworth, lui-même ancien demi de mêlée. « C’est une très bonne chose pour lui, il peut beaucoup apprendre à leur contact ».
« Il est rapide et toujours prêt à saisir les opportunités au bord des rucks, en plus de parfaitement maîtriser les bases du poste », poursuit l’adjoint de Borthwick. « Je suis très impressionné par la façon dont il s’est intégré. Sa personnalité fait du bien au groupe. Il prend de plus en plus de place ».
Mitchell n’avait pourtant, avant le Mondial, été appelé qu’à six reprises avec l’Angleterre depuis ses débuts internationaux à l’automne 2021, pour une seule titularisation.
Peu connu du grand public, le natif du Kent s’est révélé à Northampton après le départ pour Montpellier du demi de mêlée sud-africain Cobus Reinach, sans pour autant réussir à s’installer en sélection. Ni en prendre ombrage.
« Il faut se concentrer sur le positif, apprécier comme il se soit le fait d’être payé pour pratiquer le sport que l’on aime », relativise-t-il. « Il faut garder la tête haute, continuer à aller de l’avant et un jour la chance vous sourit ».
Le patient Anglais, passé en quelques semaines de recalé à premier de la classe, est bien placé pour le savoir.
© 2023 AFP
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