Le pilier gauche international de Toulouse Cyril Baille, qui disputera dimanche son 50e match de Champions Cup lors du quart de finale contre Exeter, « une fierté », espère « continuer à vivre le plus longtemps possible ces moments privilégiés ».
Q: Que représente pour vous cette barre des 50 matches de Champions Cup ?
R: « C’est une fierté. Surtout avec mon club de coeur qu’est le Stade toulousain. Si on m’avait dit il y a dix ans que je jouerais 50 matches de Coupe d’Europe avec eux, j’aurais signé de suite. Je suis surtout fier de pouvoir le partager avec les mecs de l’équipe, que je côtoie depuis un bon moment pour certains. »
Q: Quel est votre meilleur souvenir dans la compétition ?
R: « La finale (de 2021) contre La Rochelle. Mon premier sacre européen, au terme d’un match très difficile, très engagé (22-17). Ça reste un souvenir incroyable. C’était pendant le Covid, il y avait des restrictions. On n’était partis qu’à 30, on ne devait pas sortir de l’hôtel… On était comme en mission pour les autres, les joueurs blessés ou hors groupe qui étaient restés à la maison. On était rentrés avec la coupe et on avait fait une belle communion tous ensemble. C’est ce genre de moments qui nous fait tous rêver. »
Q: Et le pire ?
R: « Les demi-finales (de 2022 et 2023) contre le Leinster, où on a pris une leçon de rugby à chaque fois (40-17 en 2022, 41-22 en 2023). Ce sont des souvenirs assez douloureux. Je me rappelle aussi d’un déplacement en Ulster où on prend un 40-0 (38-0 en décembre 2015). Certaines défaites ont piqué, mais elles te permettent à chaque fois d’apprendre et de progresser. »
Q: Où situez-vous le sacre européen de 2021 dans votre palmarès ?
R: « Tous les titres sont des moments magiques. On joue pour ça, parce que quand tu y as goûté une fois tu as envie d’y revenir. Que ce soit champion de France (2019, 2021 et 2023), champion d’Europe (2021) ou le Grand Chelem (2022 dans le Tournoi des six nations avec le XV de France), ç’a été énorme à chaque fois. Surtout le fait de le vivre avec des mecs que tu apprécies. On est ensemble tous les jours, ce sont mes meilleurs potes pour la plupart. »
Q: L’Irlandais Cian Healy, qui joue aussi pilier gauche, au Leinster, a égalé le week-end dernier le record de 110 matches de Champions Cup établi par Ronan O’Gara. C’est jouable pour vous ?
R: « C’est une machine, je lui tire mon chapeau. Faire autant de matches prouve son professionnalisme, il n’est pas souvent blessé. Il me reste encore 60 matches pour le rattraper alors que j’en ai à peine fait 50. Il va falloir qu’on soit bons chaque année pour y arriver (rires). En vrai, ça reste anecdotique. Je préfère gagner un ou deux titres de plus plutôt que de battre des records de longévité. »
Q: Vous avez 30 ans aujourd’hui. Vous voyez-vous encore jouer à 36 ans, comme lui, voire au-delà ?
R: « Je préfère ne pas y penser. Arrêter serait comme une petite mort pour moi. Il y a plein de choses qui rentrent en compte. Je préfère me concentrer sur le moment présent et continuer à vivre le plus longtemps possible ces moments privilégiés. J’ai quand même la chance de vivre de mon sport, de ma passion. Faire des matches comme ça avec 20.000 personnes qui te regardent et te soutiennent, c’est un privilège ».
Q: Le plaisir est-il le même qu’à vos débuts ?
R: « Je sais d’où je viens et combien j’ai travaillé pour en arriver là. Je sais que je suis privilégié d’être ici. Il faut s’en rendre compte et ne pas le galvauder. Au contraire, j’en profite à chaque fois et si je peux prendre un peu de temps pour signer des autographes aux supporters, pour rendre à ma manière ce que nous apportent tous les gens qui viennent nous voir… J’aime me poser parfois et me dire +Tu as quand même de la chance d’être là+. C’est important pour moi, c’est ce qui me permet de garder la tête sur les épaules. »
Propos recueillis par Sébastien DUVAL
© 2024 AFP
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