Au Racing 92, la méthode Lancaster fait son nid

Quarante-deux joueurs utilisés, un leadership partagé, des séances matinales et plus rythmées: depuis son arrivée au Racing 92 cet été, l’entraîneur Stuart Lancaster a mis en place sa méthode avec l’ambition de faire du club francilien « une place forte », qui gagne de nouveau.

« C’est un entraîneur très rigoureux, on comprend pourquoi le Leinster (où Lancaster a entraîné de 2016 à 2023, NDLR) performe depuis tant d’années. Il n’y a pas de place pour le hasard, beaucoup de précision et d’intensité dans tout ce qu’il fait », explique le centre international français Gaël Fickou.

Si, après le revers décevant face aux Harlequins (31-28), la victoire sera impérative samedi face à l’Ulster, pour le retour du manager anglais en Irlande, le début de saison des Racingmen est jusque-là réussi.

Leader du Top 14, avec six victoires en neuf rencontres, le Racing 92 a toujours ramené au moins un point de bonus de ses déplacements. Et, pour atteindre cette régularité, Stuart Lancaster n’a pas hésité à appliquer une rotation souvent très importante d’une rencontre à l’autre, avec plus de quarante joueurs utilisés, qui semble avoir convaincu.

« On a un effectif large, autant l’utiliser », souligne le troisième ligne Wenceslas Lauret. 

« Personnellement, on a envie de jouer tous les matches. Des fois, on a des états d’âme mais il faut les laisser de côté. Le fait de tourner permet de jouer en étant déterminé, agressif et à 100% », ajoute-t-il.

– Pragmatisme anglais –

Si l’ancien sélectionneur de l’Angleterre (2011-2015) a expliqué vouloir « donner sa chance à tout le monde » dans le XV de départ, il mise également sur plusieurs cadres, avec comme têtes principales Gaël Fickou, Henry Chavancy et le nouveau mais expérimenté Siya Kolisi, le patron des doubles champions du monde en titre sud-africains.

« Avoir un seul leader, c’est totalement obsolète. Ce que je veux, c’est avoir plusieurs leaders qui ont la capacité de mener l’équipe à différents moments et de manière différente », détaille Stuart Lancaster.

« Le challenge, pour moi, c’est d’intégrer le style de leadership de différents joueurs, originaires de différents pays, au Racing 92. Mais c’est ce que j’aime faire », dit-il.

A l’ouvrage à la salle de musculation dès 06h00 du matin, le technicien originaire du nord de l’Angleterre a aussi ramené un peu de son rythme de vie et de son pragmatisme dans les Hauts-de-Seine.

« On doit arriver pour 08h00 et, après, tout s’enchaîne. C’est plus court qu’avant mais plus intense », explique Donovan Taofifenua. 

« Les séances sont très dures mais, quand on arrive au match le week-end, on voit la différence », ajoute l’ailier, auteur de trois essais cette saison.

– « Créer une dynastie » –

Impactant sur le terrain, Stuart Lancaster a aussi conquis ses joueurs en dehors. « Ce qui m’a marqué, c’est qu’on a beaucoup travaillé sur notre identité, sur l’histoire du club… », souligne le deuxième ligne Boris Palu, qui a fait ses classes au centre de formation du Racing.

« C’est très bien que quelqu’un qui arrive de l’extérieur face référence aux racines du club. Pour lui, c’est important que les joueurs et le staff comprennent dans quel club ils jouent », explique à l’AFP Laurent Travers, passé de manager à président à l’arrivée de Lancaster.

Et si l’entraîneur anglais a de quoi faire avec les 133 ans d’histoire du Racing 92 pour inspirer ses joueurs, il s’appuie également sur des succès tirés d’autres sports. 

« Il nous a montré pas mal d’exemples sur comment créer une dynastie. Il essaye de faire du Racing une place forte, qui gagne, en nous expliquant le parcours des Golden State Warriors en basket ou des New England Patriots en football américain », rappelle Palu.

« Parfois, comme entraineur, si vous donnez toujours le même message, ça peut perdre de son impact donc j’utilise des exemples d’autres sports pour aider les joueurs à comprendre à quoi l’excellence ressemble », assure Lancaster dont l’objectif est clair: ramener le Racing 92 à la conquête d’un titre majeur qui fuit le club depuis 2016.