Londres, 28 avr 2023 (AFP) – Après la débâcle du Mondial-2015 qui lui avait coûté son poste de sélectionneur du XV de la Rose, Stuart Lancaster s’est refait un nom avec le Leinster, qui affronte Toulouse en demi-finale de la Champions Cup samedi, avant de prendre en main le Racing 92 la saison prochaine.

« En signant au Leinster (en septembre 2016), Lancaster a fait un pas en arrière considérable par rapport à sa position de coach de l’Angleterre dans un Mondial », a rappelé Tony Ward, l’un des plus grands demis d’ouverture qu’ait connu l’Irlande, dans un entretien téléphonique à l’AFP.

« Mais son prestige dans le rugby mondial (aujourd’hui) va bien au-delà de ce qu’il était au moment où il a dû quitter l’Angleterre dans ces circonstances terribles, en 2015 », a-t-il estimé.

Surprise par le pays de Galles (25-28) et surclassée par l’Australie (33-13) à Twickenham, en poule, l’Angleterre n’avait même pas disputé les quarts de finale de « son » Mondial, provoquant la démission de Lancaster et le limogeage de ses adjoints.

Parmi eux, Andy Farrell, à la tête de l’Irlande depuis novembre 2018, l’avait précédé dans son court exil insulaire, en arrivant en janvier 2016 au Munster.

Huit mois plus tard, Lancaster avait rejoint le staff du Leinster, la principale province de l’île, et le succès du rugby irlandais ces dernières années est donc aussi un peu le sien.

– « Un rôle central » –

Douze des quinze titulaires de la victoire (29-16) sur l’Angleterre lors de la dernière journée du Tournoi des six nations 2023, qui avait offert le Grand Chelem à l’Irlande, évoluent au Leinster.

Vainqueur quatre fois de suite du Pro 14 de 2017 à 2021, avant qu’il ne devienne le United Rugby Championship (URC), le Leinster a dominé le rugby celtique depuis l’arrivée de Lancaster.

Sur le plan européen, son bilan est aussi impressionnant: un titre en 2018, contre le Racing 92 (15-12), avant de s’incliner deux fois en finale contre les Saracens (20-10) l’année suivante, puis La Rochelle (24-21) l’an dernier.

« C’est décevant qu’ils n’aient pas été davantage récompensés en termes de trophées européens, a reconnu Ward. A mon sens, ce n’est pas une juste récompense pour la qualité du rugby auquel on a pu assister, et qui était une joie à regarder, un plaisir des yeux ».

Mais, à 52 ans, Lancaster laisse une image de bâtisseur et de meneur d’hommes hors-pair, que ce soit avec de jeunes joueurs, ou des stars comme Johnny Sexton, qui sera absent contre Toulouse, blessé.

« Le succès du Leinster et de l’Irlande n’est pas un coup de chance ou une coïncidence », a assuré Ward, pour qui Lancaster y a même eu un « rôle central ».

– « Il mérite cette reconnaissance » –

« S’ils réussissent, c’est parce que Stuart a su tirer le maximum de l’abondance de talents que génère » le système de formation irlandais, poursuit-il.

Hugo MacNeill, ancien arrière de l’Irlande et des Lions britanniques et irlandais, ne doute pas que Lancaster laissera son empreinte sur le rugby insulaire.

« Il a puisé dans l’immense réservoir de talents des écoles du Leinster pour en faire des joueurs tout aussi bons chez les seniors », a-t-il expliqué à l’AFP.

« Et ce n’était pas évident. Grâce à ça, le Leinster n’a fait que se renforcer année après année. Il a joué un rôle majeur et il mérite cette reconnaissance », a-t-il poursuivi, soulignant les immenses qualités humaines de l’Anglais.

« Stuart est très à l’aise avec les autres, on lui fait confiance. Il n’a pas de problème d’ego et les gens l’aiment et le respectent », a-t-il détaillé.

Avant de rejoindre le Top 14 et le Racing 92, il voudra réussir sa sortie avec le Leinster.

Leader incontesté de la phase régulière en URC, malgré sa seule et large défaite lors de la dernière journée (62-7) face aux Bulls sud-africains, le Leinster aura l’avantage du terrain en quarts, début mai, et éventuellement en demie.

Avant cela, il faudra franchir l’obstacle de Toulouse, pour espérer finir sur un deuxième sacre européen contre le tenant La Rochelle, ou Exeter.

© 2022 AFP

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