A 24 ans, l’ouvreur Jack Crowley sort enfin de l’ombre du géant Johnny Sexton avec un baptême du feu explosif en ouverture du Tournoi des six nations vendredi (21h00) en France, où sa « vision » et sa « confiance » devront compenser un manque évident d’expérience.
Le sélectionneur Andy Farrell a refilé le prestigieux N.10 du néo-retraité Sexton au joueur du Munster, persuadé qu’il a les épaules assez larges pour endosser le costume à l’aube de sa dixième sélection.
Face au totem Sexton, 118 capes et un record de 1.108 points marqués avec l’Irlande, le jeune Crowley ne pèse pas lourd avec ses 351 minutes de rugby de sélection sous les crampons.
Des joueurs comme Sexton, « il n’y en a qu’un par génération », n’élude pas Farrell, mais « je sais que Jack a été comme une éponge auprès de lui ces dernières années. Son héritage sera donc perpétué, je n’en doute pas ».
« J’ai essayé d’apprendre autant que possible de Johnny au cours des deux dernières années. Et absorber autant que je pouvais », a résumé l’intéressé, repoussant toutefois l’idée d’un copier-coller avec son illustre aîné. « J’ai besoin de grandir et de me comprendre moi-même, mon jeu et comment je peux avoir de l’influence ».
– « Il ne panique pas » –
Au Munster, le demi d’ouverture a su repousser la concurrence de Joey Carbery et Ben Healy pour s’imposer en numéro un. Ses qualités sont telles que Ronan O’Gara, ancien N.10 du XV du Trèfle et désormais manager de La Rochelle, a tenté de l’attirer chez les doubles champions d’Europe en titre, sans succès.
« Il a la confiance en lui, l’assurance, la présence, mais comme pour tous les postes clés, rien ne remplace l’expérience », décrypte Tony Ward, ex-ouvreur de l’Irlande dans les années 1980, auprès de l’AFP.
Devenu international en novembre 2022, Crowley n’est apparu que trois minutes durant le Tournoi 2023 remporté par son équipe. Il n’a fait partie du XV de départ qu’à trois reprises en neuf sélections, avant sa prochaine cape dans l’intimidant Vélodrome.
Désormais, « il ne s’agit pas juste d’être sur le banc et d’entrer en jeu pour remplacer Sexton ou de commencer un match contre une équipe considérée comme du menu fretin pour faire souffler Sexton », poursuit Ward, « c’est le numéro un ».
L’ancien demi d’ouverture du Munster et du Leinster pense néanmoins que son compatriote, 24 ans depuis le 13 janvier, dispose des qualités nécessaires. « Il a une vision, une présence et il est polyvalent ».
« Ce que j’aime, c’est que quand il commet une erreur, il tente quelque chose d’audacieux derrière, il a confiance en lui et ne panique pas inutilement. L’autre jour, il s’est fait contrer sur un coup de pied rasant et cinq minutes après, il a tenté une passe au pied vers un ailier. Cela montre une certaine force de caractère ».
– Pas de plan B –
Farrell tient le même discours. « C’est un garçon qui a confiance en lui, il est capable de diriger l’équipe. C’est difficile pour les jeunes gars, surtout avec les responsabilités inhérentes à son poste, mais il se sent très à l’aise pour le faire », a-t-il insisté mercredi.
Le sélectionneur n’a de toute façon pas vraiment de plan B en l’absence de Ross Byrne, ancienne doublure de Sexton, forfait pour le Tournoi sur blessure. Les deux concurrents de Crowley à l’ouverture, Harry Byrne et Ciaran Frawley, cumulent trois sélections à eux deux.
« L’ombre de Johnny Sexton plane sur eux » et « jusqu’à ce que quelqu’un démontre le contraire, le poste de demi d’ouverture posera question », avance Hugo MacNeill, ex-international irlandais. « Suis-je totalement convaincu que l’un d’entre eux peut prendre le jeu à son compte dans les prochaines semaines? Je n’en suis pas certain », concède-t-il à l’AFP.
A Crowley de lui prouver le contraire, dès vendredi dans le chaudron du Vélodrome.
© 2024 AFP
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