Saint-Sébastien (Espagne), 10 juin 2023 (AFP) – Le Racing 92, inconstant comme jamais cette saison, a clos un cycle vendredi soir à Saint-Sébastien par une cinglante défaite (41-14) face au Stade toulousain en demi-finale du Top 14, marquant la fin d’une ère de dix ans, celle du manager Laurent Travers.
Menés 20-0 à la mi-temps, les coéquipiers de Gaël Fickou n’ont réussi à marquer leurs premiers points qu’à la 71e minute, un comble pour un club qui a terminé avec la meilleure attaque du championnat (734 points).
Comme face au Stade français en barrage le week-end dernier, le pack francilien a souffert en mêlée, concédant six pénalités dans cette phase de jeu, totalement dominée par les avants toulousains.
Sur la pelouse du stade d’Anoeta, en Espagne, les rugbymen franciliens, qui courent toujours après leur premier titre depuis 2016, ont été quasi-transparents, fébriles, empruntés, le ballon leur glissant entre les doigts.
Au pied également, les Ciel et Blanc ont été à la peine, à l’image Finn Russell, transparent. L’ouvreur écossais, dont c’était le dernier match avant de filer à Bath, avait pourtant montré l’exemple nombre de fois et sauvé la boutique par ses traits de génie.
– « Faire illusion » –
« Tout, il nous a tout manqué », a résumé après la rencontre Gaël Fickou, très dépité mais lucide.
« Honnêtement, ils n’étaient pas un ton mais dix tons au-dessus. Bravo à eux, il n’y a rien à dire. Parfois, tu es déçu car tu accroches… Mais là, on n’a rien accroché du tout », a soupiré le centre et capitaine du Racing.
« On a juste été capables par moments de faire illusion sur de bonnes actions, comme on a été, sur la saison, capables de faire un bon match et d’être absents le match d’après », a expliqué Laurent « Toto » Travers, pointant du doigt une inconstance récurrente de ses hommes.
Des joueurs capables cette année de se défaire de La Rochelle (39-36, le 28 janvier) et de perdre contre Pau (38-19) le week-end d’après, par exemple.
Cette « absence » du club francilien vendredi soir, si elle a été flagrante face à une armada toulousaine qui a tout écrasé sur son passage, ne doit cependant pas faire oublier que le Racing, 5e au terme de la saison régulière, disputait au pays basque espagnol sa septième demi-finale de championnat depuis sa remontée dans l’élite en 2009-2010.
Une performance que le club doit notamment à son manager, arrivé au Plessis-Robinson en 2013 et qui prendra l’an prochain le poste de président du directoire tandis que l’actuel entraîneur du Leinster, l’Anglais Stuart Lancaster, officiera comme entraîneur principal.
– « Ambitions » –
En espérant que ce que l’Anglais a fait de la province irlandaise – un titre en Champions Cup en 2018, contre… le Racing 92, deux finales en 2019 et 2022 -, il arrive à le transposer dans la banlieue ouest de Paris.
A l’heure de tirer un trait sur dix ans de sa vie à la tête du club francilien, Laurent Travers a refusé d’être triste, redisant sa « chance » et sa « fierté » de continuer à aider le Racing « à aller le plus loin possible ».
Dire adieu à leur entraîneur de la sorte a cependant été un crève-coeur pour les joueurs: « Il a tout donné pour son club et finir comme ça… », a regretté l’ailier argentin Juan Imhoff. « Ça fait +chier+ car on voulait (le) récompenser », a renchéri Fickou.
Avant de lâcher: « Mais ce n’est pas fini, on va revenir l’année prochaine avec des ambitions ».
Le Racing peut en effet voir arriver la saison prochaine avec espoir, grâce déjà à l’arrivée de Lancaster et aussi parce qu’il a engagé le capitaine des Sud-Africains champions du monde, le troisième ligne Siya Kolisi.
Une recrue de choix, toutefois actuellement blessée et incertaine pour la Coupe du monde.