Des anciens pour redresser la barre de Biarritz

Le Biarritz olympique, monument du rugby français à la dérive en Pro D2, va s’appuyer sur un trio composé de deux anciens joueurs locaux et d’un ex-Springbok pour tourner la page des années Gave-Aldigé, davantage marquées par les esclandres que par les performances sportives.

« Cette conférence (de presse) a pour but de confirmer avec grand plaisir et émotion la transmission du BOPB à Shaun (Hegarty) et aux gens qui l’entourent », a déclaré vendredi le président du club basque Jean-Baptiste Aldigé, qui avait repris le club avec Louis-Vincent Gave (propriétaire) en 2018.

Hegarty, 40 ans, a confirmé lors du même point-presse qu’il serait accompagné de Marc Baget, qui a participé comme lui aux conquêtes des deux derniers titres de champion de France du BO (2005, 2006), et de l’ancien joueur sud-africain de Clermont Flip Van der Merwe.

L’acte de cession a été signé et la transmission sera entérinée d’ici à l’assemblée générale extraordinaire du club, fin avril, a précisé Aldigé, qui avait annoncé début mars aux joueurs sa volonté de vendre le club pour un euro symbolique.

Hegarty assure arriver « avec des garanties » et s’appuyer sur « des investisseurs nationaux et internationaux ».

« Le club était en difficulté et on devait agir, on ne pouvait pas laisser le BO sombrer », a ajouté l’ancien trois-quarts centre, endeuillé en mars 2022 par la mort de son ex-équipier biarrot et associé Federico Martin Aramburu, tué par balles après une altercation dans un bar-restaurant à Paris où ils étaient attablés.

– Mission maintien –

Sur le plan sportif, l’équipe (14e) doit encore assurer son maintien en Pro D2. Elle s’est donné un peu d’air en battant Aurillac vendredi soir (29-18) et compte huit longueurs d’avance sur le premier relégable.

Le quintuple champion de France avait un pied en troisième division quand le duo Gave-Aldigé a mis fin en 2018 à une grave crise de gouvernance avec quatre présidents qui s’étaient succédé à la tête du BO.

En injectant 3 millions d’euros pour combler le déficit, Gave, patron d’une société financière immatriculée à Hong Kong, avait alors évité la rétrogradation administrative et permis le maintien en Pro D2.

En 2021, le club a enfin retrouvé le Top 14, mais est redescendu en Pro D2 la saison suivante.

En coulisses, après avoir dû réinvestir trois millions d’euros à l’été 2019, Gave avait dévoilé un projet d’aménagement immobilier de 42 millions d’euros du vétuste stade Aguilera et ses alentours (10,9 hectares) pour trouver de nouvelles ressources.

L’opposition de la mairie, propriétaire de 9 hectares hors stade et qui a son propre projet de quartier mixant infrastructures sportives et habitation, a déclenché un conflit ouvert entre les deux parties.

– Menaces de délocalisation –

Le duo Gave-Aldigé a alors menacé de délocaliser le club à Lille, Nice, Grenoble ou dernièrement Saint-Sébastien au Pays basque espagnol. L’an dernier il a failli partir à Agen, en laissant les clés du BO à l’homme d’affaires limougeaud Romain Détré moyennant trois millions d’euros, mais l’affaire a capoté.

« Je regrette qu’on n’ait pas trouvé de modèle économique réel à ce club, qui fonctionne toujours sous celui du mécénat, avec des actionnaires », a déclaré Aldigé, pour qui le modèle en question est « un stade », comme « Bayonne l’a appliqué ».

La maire de Biarritz, Maider Arosteguy, qui avait déclaré début mars travailler avec de potentiels « repreneurs étrangers », s’est dite « très heureuse que le choix se soit porté sur un local » et espère rencontrer « la nouvelle équipe dans très peu de temps pour parler du projet et des actions qu’ils veulent mettre en place ».

Le groupe de supporters Miarritzeko Mutilak « se réjouit » lui, dans un communiqué, « du changement de direction » à la tête du club.

« Pour les joueurs, pour en avoir parlé avec certains, je sais que ça va leur faire du bien », a réagi le demi de mêlée international de Bordeaux-Bègles, Maxime Lucu, qui a débuté sa carrière à Biarritz. « Déjà ils peuvent avancer dans la suite du projet. C’est un bon signe, ils vont pouvoir être libérés mentalement ».

© 2024 AFP

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