Pour la première fois depuis 2016, le XV de France s’apprête à disputer un Tournoi des six nations sans Antoine Dupont, focalisé sur les Jeux olympiques. Il manque, forcément, mais tout n’est pas dépeuplé pour autant.
La figure de proue du rugby tricolore a eu un léger pincement au coeur après le match de Champions Cup remporté le 21 janvier contre Bath (31-19) quand une demi-douzaine de ses coéquipiers toulousains sont partis préparer le Tournoi au Centre national du rugby de Marcoussis, au sud de Paris. Sans lui.
« Evidemment, ça me fait drôle. J’aimerais y être aussi mais il faut faire des choix dans la vie (…). Je n’ai pas encore trouvé le moyen de me dédoubler », a-t-il dit après avoir grandement contribué dimanche à la victoire du Stade toulousain chez le leader du Top 14, le Racing 92 (27-20).
Un match de doublon inhabituel pour le demi de mêlée de 27 ans, qui doit en disputer un deuxième samedi soir face à Bayonne avant de rejoindre l’équipe de France de rugby à VII pour donner forme à son rêve de médaille olympique cet été à Paris.
– Lucu sort de l’ombre –
Sur les terrains d’entraînement de Marcoussis, où les Bleus reprennent leurs marques collectives avant de défier l’Irlande vendredi à Marseille en ouverture du Tournoi, son absence se fait fatalement sentir. Enfin, pas pour tout le monde.
« Je le vois tout le temps (à Toulouse) donc ça va », plaisante Thomas Ramos. « Antoine, c’était le capitaine de l’équipe et l’un des meilleurs joueurs du monde. Il va manquer à tout le groupe, que ce soit sur le terrain ou dans la vie, au quotidien. »
« On a quand même deux demis de mêlée de haut niveau (Maxime Lucu et Nolann Le Garrec, NDLR), qui font un très bon début de saison dans leurs clubs », relativise cependant l’arrière et buteur toulousain. « Ils sont prêts à relever le défi, un peu à l’image de ce qui a pu se passer durant la Coupe du monde au moment de sa blessure. »
Lorsque Dupont s’était fracturé la mâchoire lors de la phase de groupes du Mondial-2023, Lucu avait parfaitement assuré l’intérim face à l’Italie (60-7).
Ses performances avec l’UBB ces derniers mois et le « vieux couple » qu’il forme à la charnière avec son coéquipier girondin Matthieu Jalibert laissent penser que le Basque de 31 ans, au profil plus gestionnaire, est en mesure de sortir plus durablement de l’ombre pesante du meilleur joueur du monde 2021.
« Max Lucu a toujours été bon avec nous, voire très bon », juge le sélectionneur Fabien Galthié. « C’est à lui maintenant de prendre la charge, avec sérénité, avec ce qu’il sait faire, ses atouts, ses qualités. »
– Alldritt, un leader similaire –
En confiant au troisième ligne de La Rochelle Grégory Alldritt le capitanat laissé vacant par l’absence de Dupont, Galthié a aussi fait le choix d’une certaine continuité en matière de leadership.
Les deux hommes, à l’accent et au tempérament similaires, élevés à une heure de route l’un de l’autre entre Hautes-Pyrénées et Gers, dans le Sud-Ouest, s’apprécient et se connaissent bien après avoir évolué ensemble chez les jeunes à Auch.
« Les deux l’ont toujours dit: ils sont au service du collectif et ça se ressent vraiment en interne », observe l’ailier de Toulouse Matthis Lebel.
« Greg n’était pas capitaine avant mais ça a toujours été un leader important », appuie un autre Toulousain, le troisième ligne François Cros. « Il avait un vrai poids sur notre équipe, c’est donc tout naturel qu’il récupère ce brassard. »
Le gardera-t-il après le retour de Dupont?
© 2024 AFP
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