Suspendu pendant un trimestre cet automne pour avoir pris de la cocaïne lors d’une soirée privée, le jeune troisième ligne Oscar Jegou, qui enchaîne ces dernières semaines les performances de très haut niveau, symbolise le renouveau de La Rochelle.

Les Toulousains, que La Rochelle affronte en demi-finale vendredi à Bordeaux, n’ont d’ailleurs sans doute pas oublié sa « masterclass » délivrée au début du mois au Stadium, où les Maritimes avaient obtenu un nul (31-31) prépondérant dans la course à la qualification.

« Je pense n’avoir jamais vu un joueur faire un match comme ça. Oscar a peut-être complètement redéfini le poste de troisième ligne, il était exceptionnel », s’était enthousiasmé son manager Ronan O’Gara après le match.

Jegou doit avoir un faible pour le rouge et noir, car il a aussi pris un malin plaisir à martyriser Toulon ces derniers temps.

Après un essai à l’ultime minute qui a privé les Varois du bonus défensif (27-17) fin avril, le filiforme flanker (1,90 m, 90 kg), qui rappelle Laurent Cabannes, a encore fait parler de lui samedi lors du barrage victorieux à Mayol (34-29).

Contres sur touches adverses, « offloads » (passes après contact) spectaculaires débouchant sur les deuxième et troisième essais des Maritimes et enfin opportunisme pour transformer en essai une pénalité d’Antoine Hastoy sur le poteau: Jegou a récité une nouvelle partition majuscule.

– Mauvais cocktail –

« Oscar est quelqu’un qui travaille beaucoup et je pense que ça se voit sur le terrain. Il ne fait pas beaucoup de bruit mais il est toujours présent dans le combat. Je n’ai pas en tête un match où il est passé à côté cette saison », l’a félicité après coup son capitaine Grégory Alldritt.

Jegou, c’est l’histoire d’une résurrection. Champion du monde l’été dernier avec les U20, il profite de l’absence des internationaux rochelais retenus pour la Coupe du monde pour intégrer le XV de départ le 20 août à Montpellier.

Une première titularisation en Top 14 qu’il fête deux jours avant, en privé, avec copains, alcool et substances illicites.

Tiré au sort pour le contrôle antidopage dans l’Hérault, Jegou est officiellement annoncé positif un mois et demi plus tard au principal métabolite de la cocaïne. « Une erreur de jeunesse », plaidera-t-il devant l’Agence française de lutte contre le dopage qui le suspend un mois mi-octobre.

– « Cette période m’a forgé » –

Pour l’exemple, son club durcit la sanction, en ajoutant deux mois supplémentaires de suspension et un accompagnement avec programme de sensibilisation.

« Ça a failli me +niquer+ ma carrière, a avoué récemment Jegou sur RMC. J’ai été accompagné par des +psys+ et d’autres personnes pour me faire prendre conscience des choses, de la gravité de l’acte (…) Je pense que cette période m’a forgé, qu’elle m’a donné une carapace. C’est une épreuve tellement dure. Ça m’a fait passer un cap ».

Repassé par la case Espoirs en début d’année, ce pur Rochelais a pu regoûter au Top 14 en février. S’il n’a pas été convié aux phases finales de Champions Cup, il a rebondi derrière, avec sept feuilles de match consécutives, dont quatre titularisations, durant lesquelles son activité en attaque comme en défense (18 sur 19 aux plaquages lors du barrage à Toulon) n’est pas passée inaperçue.

« Il met énormément d’intensité, il fait beaucoup de bien quand il entre, constate de nouveau Alldritt. Malgré son peu d’expérience, il montre un peu l’exemple à tout le monde, on a envie de se mettre dans sa roue. Je pense qu’il a assez d’humilité pour savoir qu’il n’est pas arrivé. On attend des jeunes qu’ils ne soient pas spectateurs. Ils prennent leur chance à merveille ».

© 2024 AFP

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