Kockott, l’improbable retour

Le Stade français, en manque d’expérience à l’approche de sa première demi-finale de Top 14 depuis neuf ans, ne pouvait se passer de son demi de mêlée chevronné Rory Kockott, à l’empreinte si spéciale, samedi contre Bordeaux-Bègles.

Si on lui avait dit il y a deux ans, à l’annonce de sa retraite de joueur et de sa reconversion comme entraîneur de la défense de Castres — il a fait quatre piges l’an dernier pour dépanner son club de coeur –, il ne l’aurait jamais cru.

Et pourtant, le phénomène Kockott est revenu dans la lumière cette saison dans la capitale et s’apprête à disputer une nouvelle demi-finale, à trois jours de son 38e anniversaire.

Tout est parti d’un coup fil l’été dernier de l’entraîneur du club parisien Laurent Labit, démuni au poste de demi de mêlée en début de saison (blessure d’Hugo Zabalza, Brad Weber bloqué en Nouvelle-Zélande).

« Il avait arrêté pour passer dans le staff à Castres mais, au fond de lui, il voulait encore jouer », a raconté Labit. Celui qui dirige depuis cette saison les Soldats Roses avait apporté en 2013, avec Kockott sous ses ordres, le titre au Castres olympique qu’il entraînait alors.

« C’est un grand compétiteur, je l’ai relancé, rappelé, il n’a pas compris au début. Il m’a dit +tu es fou+, j’ai dit +non, t’as 15 jours pour te remettre et venir m’aider et me rendre service+ ».

« Au-delà du joueur et de sa qualité, je voulais ce qu’il amène dans l’entraînement, dans la semaine, cet esprit de gagner, de s’entraîner, d’être prêt », poursuit Labit. « Quand tu as quelqu’un qui a déjà gagné deux Boucliers en moins de dix ans avec le CO, donc pas forcément avec des équipes programmées pour gagner, c’est que forcément tu as quelque chose au fond de toi qui fait que les mecs à côté pensent que tout est possible ».

– Caractère bien trempé –

Débarqué tel un grand frère comme joker médical, Kockott fait le boulot, enchaîne les matches et les victoires (13 lors de ses 16 premiers matches), refait parler de lui par ses prises de bec avec le corps arbitral mais assure, jusqu’à la qualification directe en demi-finale avec notamment un essai décisif à Jean-Bouin contre l’UBB en mai.

« Rory a énormément d’expérience, il connaît ses matches, il sait les gagner », confirme le troisième ligne Mathieu Hirigoyen. « On est une équipe assez jeune, qui n’a pas trop l’habitude de jouer ces matches-là, on est tous très excités et Rory nous amène son leadership, sa mentalité. Il vaut mieux l’avoir avec nous car c’est quelqu’un d’assez pénible et je ne me fais aucun souci, il sera très pénible et très dominant samedi ».

Ce caractère assumé, ses excès d’engagement qui font sa réputation, Labit y a encore fait référence vendredi. « Je vais lui répéter, il faut aussi qu’il joue avec nous et pas contre nous. Il faut trouver le bon moment entre le laisser sur le terrain et le moment où il ne faut plus qu’il y soit », a-t-il rappelé.

Avec le talonneur Mickaël Ivaldi qui a aussi connu les demi-finales avec Toulon, « Rory fera partie de ces éléments que les joueurs, quand ce sera dur, regarderont forcément et dont ils attendront quelque chose pour les remettre à flots ou sur les rails », a conclu le technicien.

Preuve de la confiance qu’inspire le Sud-Africain de naissance, une prolongation de contrat d’un an l’attend après les phases finales.

© 2024 AFP

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