Les Irlandais du Leinster abordent leur troisième finale consécutive en Champions Cup, samedi à Londres contre Toulouse, avec au-dessus d’eux l’ombre tenace du retraité Johnny Sexton, l’artisan des succès passés, dont l’absence se fait parfois ressentir.

L’équipe de Dublin et sa province regorge de talents individuels comme James Lowe, Dan Sheehan ou encore Jamison Gibson-Park, mais elle doit réapprendre à jouer et gagner sans son demi d’ouverture et talisman des deux dernières décennies.

Elle s’est hissée certes jusqu’au Tottenham Hotspur stadium, hôte de la finale samedi, mais elle a parfois manqué de contrôle, du moins par séquences, comme devant les Anglais de Northampton (20-17) au tour précédent.

Trois essais de l’ailier James Lowe leur avait permis de mener 20-3 dans un Croke Park plein à craquer. Et puis le vent a tourné, parce que Northampton s’est rebellé en marquant 14 points d’affilée, et parce que Ross Byrne a manqué une flopée de coups de pied.

L’ouvreur de 29 ans a repris le N.10 de Sexton et, forcément, il n’échappe pas aux comparaisons avec son illustre aîné, retraité des terrains depuis l’élimination à la Coupe du monde 2023.

« Nous avons évidemment perdu une grande voix en la personne de Johnny, quelqu’un qui avait un QI rugby incroyable. Il nous manque donc énormément », a reconnu Gibson-Park auprès des médias français. Mais « nous avons quelques gars qui ont pris leurs responsabilités », assure le demi de mêlée en citant Byrne, « un excellent joueur de rugby ».

– « Equipe exceptionnelle » –

David Skrela, interrogé par l’AFP, offre un avis plus nuancé: « Il a un bon niveau, mais ce n’est pas encore du calibre de Sexton », ces joueurs qui « font basculer le destin d’une équipe ».

« J’ai le souvenir d’un drop avec l’Irlande où de 50 mètres Sexton offre la victoire aux siens (15-13 au Tournoi des six nations 2018, ndlr) », illustre l’ancien demi d’ouverture de Toulouse et des Bleus, semblant douter de la capacité de Byrne à autant briller dans ces sommets.

« Cela peut faire la différence dans le money time, notamment si le Stade toulousain est devant. C’est un paramètre qui peut jouer », appuie-t-il.

Le Leinster, quatre fois titré (2009, 2011, 2012, 2018) avec Sexton, dispute samedi sa troisième finale de suite, après deux échecs contre La Rochelle, une régularité à ne surtout pas sous-estimer.

« Ils n’ont pas trop tremblé encore une fois en Coupe d’Europe, à part peut-être le premier match de poule à La Rochelle, où il tombait des trombes d’eau », résume Romain Ntamack. « Ca reste une équipe exceptionnelle, qu’on admire aussi », avoue à l’AFP l’ouvreur toulousain.

Toulouse, plus beau palmarès du rugby européen, s’est cassé les dents sur le Leinster à trois reprises ces dernières années en demi-finale, à Dublin, une série qui incite aussi à la prudence.

La province irlandaise ne ressemble néanmoins plus tout à fait à l’équipe que les Français ont eu l’habitude d’affronter, à en croire son manager Leo Cullen.

« Nous avons fait des changements assez radicaux par rapport à l’année dernière, en particulier dans notre façon de défendre », a-t-il dit après le dernier match de championnat.

La rupture porte le sceau de Jacques Nienaber, l’ex-sélectionneur des champions du monde sud-africains, venu renforcer le staff après le départ de Stuart Lancaster au Racing 92.

Les Toulousains se frotteront à une formation solide, expérimentée, et visiblement pas hantée par ses trois dernières finales perdues (2019, 2022, 2023).

« Chaque finale a sa propre pression donc pour nous, il s’agit d’aller sur le terrain et de faire la meilleure performance possible », a lancé Byrne.

© 2024 AFP

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