Le retour triomphal de Warren Gatland, avec son autorité naturelle

Warren Gatland
Warren Gatland

« Une autorité naturelle, une aura »: rappelé en urgence au chevet d’un pays de Galles mal en point, Warren Gatland, meneur d’hommes aussi exigeant que respecté, a spectaculairement redressé son équipe, première qualifiée pour les quarts de finale de la Coupe du monde de rugby.

Le Néo-Zélandais se demandait encore il y a quelques mois dans quelle galère il s’était (ré)embarqué en acceptant en décembre dernier de prendre la succession de son compatriote Wayne Pivac, limogé.

« A l’époque, si j’avais su, j’aurais pris une décision différente et je serais probablement allé autre part », a-t-il reconnu après un Tournoi des six nations raté (avant-dernière place), marqué par une menace de grève des joueurs, sur fond de différend financier avec leur fédération.

Plusieurs d’entre eux, dont le recordman mondial du nombre de sélections Alun Wyn Jones, ont annoncé depuis leur retraite internationale et beaucoup doutaient de la capacité des Gallois à s’extraire du groupe C du Mondial face à l’Australie et aux Fidji.

Ce sont pourtant les premiers à avoir mathématiquement décroché leur billet pour les quarts, avant même leur dernier match contre la Géorgie samedi (13h00 GMT) à Nantes. Une renaissance inattendue dont Gatland, qui vient de fêter ses 60 ans, est l’indiscutable architecte.

« Le nouveau staff a changé les choses. C’est grâce à lui que nous sommes de retour au premier plan », avance le demi de mêlée Gareth Davies. « Warren a ses méthodes. Elles marchent pour moi et visiblement aussi pour le reste de l’équipe ».

La « méthode » Gatland n’a rien de révolutionnaire, mais elle avait déjà fait ses preuves lors de son premier mandat à la tête du pays de Galles (2007-2019), une nation d’à peine plus de 3 millions d’habitants qu’il a conduite à deux reprises dans le dernier carré de la Coupe du monde (2011 et 2019). 

– « Sa plus grande réussite » –

« Il a ramené ce qui fait l’ADN de cette équipe: travail et condition physique », résume l’entraîneur des avants Jonathan Humphreys, l’un des rares survivants du staff de Pivac. « Je crois que l’on travaille plus dur que n’importe qui. On devient une équipe très difficile à battre ».

Plus encore que le physique, façonné en même temps que la cohésion de groupe lors de stages de préparation en Suisse et en Turquie, Andy Howell, journaliste rugby historique du quotidien gallois Western Mail, estime que le redressement du XV du Poireau est dû à un changement d’attitude.

« Les joueurs avaient en partie lâché Pivac », affirme-t-il. « Ils ne le respectaient pas, c’était le chaos. Gatland, lui, a ce respect. Il a toujours inspiré un peu de crainte. Il a une autorité naturelle, une aura, et ses résultats parlent pour lui ».

« Il avait hérité en 2008 d’une équipe pleine de joueurs de classe mondiale », poursuit le journaliste. « Ce n’est pas le cas cette fois, la qualité est inférieure, mais il a réussi à en tirer le maximum. C’est sans doute sa plus grande réussite ».

Le technicien néo-zélandais, qui sait aussi parfois lâcher la bride, a rétabli la confiance au sein de son groupe et redonné espoir à tout un peuple, galvanisé par la correction infligée à l’Australie (40-6).

« Les attentes étaient tellement basses que certains se demandaient même si on pouvait battre la Géorgie », relève Andy Howell. « Tout le monde a été agréablement surpris. Les gens essaient tous maintenant de trouver des billets pour aller en France ».

Tout magicien qu’il est, Gatland ne devrait rien pouvoir faire pour ça. Quoique.