Suite aux mécontentements des supporters de ProD2 suite aux modifications des programmations à compter de la saison prochaine, avec un match le jeudi, six matches le vendredi, et un match le dimanche, le président de la LNR, Monsieur Paul Goze, a tenu à écrire une lettre ouverte aux supporters de ProD2. Pas sûr que cette missive trouve preneur du côté des spectateurs et supporters de ce championnat passionnant qu’est la ProD2.
La lettre de Monsieur Paul Goze.
Madame, Monsieur,
Chère Supportrice, cher Supporter,
Comme vous le savez, la LNR a décidé de modifier la programmation de la PRO D2 à compter de la saison prochaine, avec un match le jeudi, six matches le vendredi, et un match le dimanche.
Les droits TV ont été attribués la semaine dernière pour 5 saisons et cette nouvelle programmation a suscité une très forte adhésion des diffuseurs qui a fait de cette négociation un succès.
La perspective de cette nouvelle organisation suscite depuis plusieurs semaines des réactions et critiques de supporters.
Je veux donc m’adresser directement à vous pour faire part des réflexions qui ont guidé la LNR dans ses choix.
Pourquoi cette décision ?
Pas pour « l’argent », argument facilement répandu. Ni, autre critique régulièrement entendue, parce que la LNR serait cloîtrée dans sa tour d’ivoire parisienne, loin du terrain et des stades, seulement préoccupée par les demandes des télévisions et indifférente à la vie des clubs et de leur public.
Elle vient d’un constat, qui ne fait pas plaisir mais qu’il faut pourtant faire : la PRO D2, programmée le week-end, est totalement occultée au plan médiatique. Son organisation ne permet pas à ses diffuseurs d’en proposer un véritable suivi.
Le championnat subit pendant le week-end la concurrence de toutes les autres compétitions, plus prestigieuses et donc prioritaires, qui se déroulent au même moment : le TOP 14, le football (Ligue 1, coupes nationales, championnats étrangers), le tennis, le cyclisme, la formule 1, les grands évènements internationaux multiples …
Les conséquences :
– Les horaires des matches télévisés changent en permanence, car la PRO D2 doit s’adapter à la concurrence, et non l’inverse.
A titre d’exemple, 29 horaires de coups d’envoi différents ont été utilisés la saison dernière pour 59 matches ! C’est la même chose cette saison : 24 horaires différents pour 50 matches sur les 26 premières journées.
Les diffuseurs actuels ont même dû, l’année dernière comme cette année, renoncer à diffuser un match faute de créneau horaire à la fois disponible et attractif pour le club. C’est arrivé il y a encore tout juste quelques semaines, où le seul horaire possible, dimanche à 19 heures 30, n’a été accepté par aucun club susceptible d’être diffusé.
Il n’y a donc aucun rendez-vous « PRO D2 » identifié, permettant de fidéliser les téléspectateurs.
– Les diffuseurs n’investissent donc pas véritablement pour raconter « l’histoire » de la PRO D2 et pour promouvoir le championnat, tout au long de l’année, comme Canal+ le fait si bien sur le TOP 14. L’organisation actuelle n’en offre pas les conditions.
En conséquence, Il n’y a pas de magazine dédié à la PRO D2.
Les images de certains matches ne sont mêmes pas disponible dans un format adapté à une exploitation télévisée.
Au moment d’aborder la renégociation des droits TV, conserver l’organisation actuelle, c’était se contenter, au mieux, de reproduire l’existant pour les 5 prochaines années.
A partir de ce constat, inéluctable, deux choix étaient possibles :
– en prendre acte, ne rien changer, et voir l’écart, médiatique et financier, avec le TOP 14 se creuser jusqu’à devenir un fossé, rendant dans le temps la capacité des promus en TOP 14 de s’y maintenir sans cesse plus difficile, et inévitablement provoquer à terme un débat sur le nombre de montées et descentes.
Et passer notre temps à le regretter, en mettant des rustines aussi temporaires qu’inefficaces.
– ou bien innover, pour lui donner une nouvelle place et ouvrir de vraies perspectives de développement
Cela passe par la possibilité pour les diffuseurs de l’exposer à des créneaux favorables car moins concurrentiels, où ils peuvent l’installer dans la durée : de vrais « rendez-vous PRO D2 » permettant de fidéliser le public
La PRO D2 compte de nombreux clubs historiques, des grands noms du rugby français qui représentent davantage de Boucliers de Brennus que les clubs actuels de TOP 14, elle lance chaque année des futurs internationaux et elle propose des matches de grande qualité.
Elle mérite un projet ambitieux.
Alors oui, cela entraîne des changements et soulève des difficultés, que vous mettez en évidence dans vos réactions.
Certaines sont indiscutables : ce sera, pour certains matches, plus difficile, de suivre son équipe à l’extérieur. Ce sera aussi plus compliqué pour les bénévoles de se mobiliser un jour de semaine, notamment le jeudi. Mais la programmation sur ce créneau sera limitée à trois matches à domicile au maximum par club.
Je réfute en revanche totalement l’idée que ces nouveaux horaires vont vider les stades et nuire à l’ambiance qui règne lors des matches. Nous sommes au contraire convaincus que ces nouveaux horaires permettront de continuer à augmenter l’affluence. Parce que la PRO D2 va changer de statut à travers sa nouvelle exposition, parce que l’expérience du TOP 14 et d’autres sports a montré que le public adhérait aux horaires que nous avons proposés si on leur laisse le temps de s’installer dans la durée.
Si nous pensions, comme certains d’entre vous, le contraire, nous n’aurions jamais fait ce choix. Car il n’est pas question de sacrifier l’ambiance populaire et festive du championnat à son exposition télévisée.
Il s’agit au contraire d’engager un cercle vertueux.
Comme pour toute décision telle que celle-là, il faut comparer les avantages et les inconvénients et regarder de quel côté penche la balance.
Je vous invite donc à regarder les « avantages », qui correspondent au résultat des négociations menées pendant trois mois par la LNR avec les diffuseurs, et qui vont permettre à l’exposition de la PRO D2 de changer de dimension :
– 3 matches seront diffusés en direct lors de chaque journée :
> Jeudi soir, sur Canal+ Sport
> Vendredi soir, sur Eurosport
> Dimanche après-midi, sur Eurosport et 8 fois dans l’année sur France 3 Régions
Toujours au même horaire, sans concurrence avec le TOP 14. Des vrais « rendez-vous PRO D2 »
– Tous les matches feront l’objet d’une captation par les diffuseurs.
– La PRO D2 aura chaque semaine deux magazines qui lui seront dédiés par Eurosport :
> Le vendredi soir : les amateurs de rugby et les supporters des clubs pourront suivre les résumés de tous les matches
> Le lundi soir : les supporters pourront suivre l’actualité des clubs et du championnat
– Les diffuseurs se sont engagés à promouvoir la diffusion des matches, et donc le championnat. Tant Canal+ qu’Eurosport ont montré leur savoir-faire dans ce domaine lorsqu’ils ont décidé d’investir fortement sur une compétition.
Vous supporters, pourrez désormais suivre l’ensemble du championnat et, en direct ou à travers les magazines, tous les matches de votre club à l’extérieur à chaque journée. Cette couverture, cette mise en valeur de la compétition, d’autres nous l’envient et prendraient volontiers cette place si elle leur était proposée. C’est une avancée majeure pour le développement de la PRO D2. Et elle passe effectivement par cette nouvelle organisation.
Cette décision a été prise collectivement par la LNR et les clubs. Parce que nous sommes convaincus que c’est la bonne décision. Et si l’avenir montre que nous nous sommes trompés, nous saurons l’admettre, en toute humilité, et faire évoluer les choses.
Les diffuseurs n’ont forcé la main à personne. Nous avons ouvert la porte, ils ont fait des propositions, nous les avons acceptées. C’est notre choix, nous l’assumons. Les critiques que vous pouvez faire, c’est donc vers la LNR, seule, qu’il faut les diriger.
Je finirai cette lettre par un message plus personnel : j’ai joué au rugby pendant 20 ans, avant d’exercer des fonctions à la FFR puis de diriger un club et maintenant la Ligue. C’est ma passion, c’est le fil rouge de ma vie. Mon action n’a qu’un seul but : développer notre sport.
C’est avec ce seul et unique objectif que la LNR a pris cette décision.
Sportivement à tous,