L’Irlande aborde l’après-Sexton sans révolution

L’Irlande a perdu de l’élan au Mondial-2023 puis son totem Johnny Sexton, mais ne parlez pas de nouvelle ère à Andy Farrell, sélectionneur d’un XV du Trèfle porté par deux piliers, « confiance » et constance, avant d’attaquer le Tournoi des six nations en France.

Sous l’effet conjugué des fins de carrière internationale (Sexton et Keith Earls) et d’une pluie de forfaits (Ross Byrne, Dave Kilcoyne, Mack Hansen…), le tenant du titre — assorti du Grand Chelem — a perdu de sa majesté avant le sommet inaugural vendredi (21h00) au stade Vélodrome de Marseille contre le XV de France.

La cicatrice de la Coupe du monde n’est pas encore totalement refermée, trois mois et demi après la douloureuse élimination en quarts de finale contre la Nouvelle-Zélande (28-24).

Au début du stage, Farrell a d’ailleurs promis une discussion « ouverte et honnête » avec ses joueurs pour crever l’abcès, regarder le passé dans les yeux pour mieux regarder l’avenir. « Faire face aux problèmes, c’est la seule façon d’avancer », est-il convaincu.

L’élimination à Saint-Denis ne doit pas faire oublier les dix-sept victoires consécutives qui l’ont précédée, ni condamner les fondations solides établies jusqu’alors.

« Ces expériences, tout ce que nous avons fait de bien l’année dernière, tout cela n’a pas disparu, loin de là », veut croire le troisième ligne Peter O’Mahony, désigné capitaine du XV d’Irlande pour succéder au néo-retraité international Johnny Sexton.

Dans ces cas-là, ajoute-t-il, « vous devez faire un choix: voulez-vous que ce match vous rende meilleur ou voulez-vous qu’il vous poursuive ? ».

– « Continuer à grandir » –

Confier le capitanat au flanker du Munster, un bagarreur de 34 ans avec 101 sélections au compteur, incarne à la perfection le credo d’Andy Farrell: « continuer à grandir », sans faire « table rase du passé ».

Le premier Tournoi suivant une Coupe du monde coïncide souvent avec une regénération des effectifs, une voie dans laquelle s’engage notamment le pays de Galles avec son nouveau capitaine Dafydd Jenkins, 21 ans seulement.

« Pas pour moi », répond Farrell en guise de contre-pied. « Je n’achète pas cette histoire de cycle de quatre ans autour des Coupes du monde », affirme le sélectionneur de 48 ans.

L’ancien international anglais défendra d’ailleurs le titre dans le Tournoi avec 26 des 33 joueurs ayant participé à la dernière Coupe du monde en France. Les seuls changements viennent des fins de carrière internationale et des blessures.

« Pour nous, il s’agit de construire à partir de ce qu’on a accompli ces derniers mois et ces deux dernières années », résume l’entraîneur de la mêlée, John Fogarty, dans des propos rapportés par l’Irish Examiner.

Malgré des coups durs, l’équipe affiche « une belle résilience » et conserve la « confiance » qui l’animait avant la courte défaite face aux All Blacks, ajoute-t-il. Vendredi, « ce sera difficile parce qu’il y aura une foule énorme, contre la France à domicile », mais « c’est incroyablement excitant ».

– Crowley à l’ouverture ? –

« Ca sera hostile à Marseille », relève également Simon Easterby, l’entraîneur de la défense. Néanmoins, « cette équipe sait comment gagner et elle veut se remettre sur les rails de la victoire, et il n’y a pas de meilleur endroit que la France pour commencer ».

Les Irlandais peuvent s’appuyer entre autres sur l’expérience du deuxième ligne Iain Henderson (79 sélections) et du troisième ligne Josh van der Flier (57 sél.), ainsi que sur la puissance de Bundee Aki (52 sél.), le redoutable centre de la province du Connacht, joueur irlandais de l’année 2023 et impressionnant à la Coupe du monde.

Le point d’interrogation concerne le poste stratégique de demi d’ouverture, délaissé par son ancien propriétaire Johnny Sexton après un long règne hégémonique.

A 24 ans, le costume paraît taillé pour Jack Crowley, son ancienne doublure, candidat N.1 devant Ciaran Frawley et Harry Byrne, trois sélections à eux deux.

L’ouvreur du Munster devrait connaître sa dixième cape dans l’ambiance électrique du Vélodrome, pas l’endroit le plus tranquille.

© 2024 AFP

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