Maintenant, à Laporte de jouer pour reconstruire Montpellier

Montpellier, champion de France en 2022, vient d’échapper de peu à la relégation. Le club héraultais doit désormais entamer un travail de reconstruction, auquel va s’atteler son directeur du rugby, Bernard Laporte, intronisé en novembre, mais sans Patrice Collazo, manager évincé lundi.

Victorieux (20-18) dimanche au bout du suspense, le MHR a sauvé sa place en Top 14 sur la pelouse de Grenoble (Pro D2), grâce à une pénalité de Louis Carbonel à trois minutes de la fin du barrage d’accession.

Armé d’un budget confortable (27 millions d’euros), doté de structures enviables, mais connu pour son tempérament explosif, Laporte, qu’a fait venir le président Mohed Altrad, va devoir ramener de la sérénité à tous les étages du club et surtout dégager une ligne de conduite claire sur le plan sportif, au bout d’une saison totalement ratée, conclue à une triste 13e place.

« Ce match est le point de départ de quelque chose, on partira de là pour construire un nouveau truc à Montpellier », affirmait dimanche à Grenoble le manager du club, Patrice Collazo. Mais ce dernier a été débarqué sans ménagement lundi après-midi, alors que son contrat courrait jusqu’en juin 2025.

– Valse des managers –

La dégringolade est brutale, mais traduit le déclin d’un club héraultais entré dans le rang lors des cinq ultimes saisons, marquées par une seule qualification en phase finale (2022) et des changements incessants.

Le président montpelliérain a ainsi consommé quatre managers (Xavier Garbajosa, Philippe Saint-André, Richard Cockerill et Collazo) depuis 2019 et le départ du Néo-Zélandais Vern Cotter.

L’arrière Julien Tisseron, titulaire en l’absence d’Anthony Bouthier, blessé, a lancé un appel à plus de stabilité: « on en a un peu marre qu’il y ait cette valse, on veut créer quelque chose de stable, à nous de le faire pour la suite ».

Staff technique à renouveler, effectif à remodeler et style de jeu à redéfinir: Bernard Laporte est face à un vaste chantier. Pour cela, il devra établir un diagnostic pointu d’une équipe qu’il n’a pas réussi à remettre sur pied depuis sept mois, face à un vent de contestations.

L’ancien sélectionneur de l’équipe de France (2000-2007) veut reconstruire son effectif en deux temps, d’abord par des ajustements dans l’urgence, puis par une refonte à l’été 2025, quand douze joueurs seront en fin de contrat.

Pour l’heure, l’ex-entraîneur du Stade Français et de Toulon veut miser sur des jeunes prometteurs autour du troisième ligne et capitaine Lenni Nouchi, au contrat récemment prolongé, mais aussi quelques stars comme l’ancien arrière de l’Ecosse Stuart Hogg, annoncé par divers médias, tout comme le troisième ligne international anglais des Saracens Billy Vunipola.

– Image dégradée –

Laporte travaille aussi à retrouver des leaders au sein d’une équipe orpheline de l’emblématique Fulgence Ouedraogo ou de l’ancien capitaine des Bleus Guilhem Guirado, partis à la retraite au lendemain du titre de 2022. D’autant que le centre Geoffrey Doumayrou, revenu en 2021 dans son club formateur, a mis un terme à sa carrière.

Ainsi, l’ancien demi de mêlée Benoît Paillaugue, reconverti cet automne au sein de l’encadrement technique, a été intégré en douceur ces dernières semaines, à la demande du président Altrad.

Aucun nom n’est en revanche annoncé pour succéder à Collazo au poste de manager, pas plus que pour composer le staff: Vincent Etcheto, adjoint en charge de l’attaque, et Christian Labit (chargé des rucks), en fin de contrat, ne seront pas conservés.

Mais le suspense ne devrait pas durer: Mohed Altrad a annoncé une conférence de presse mardi en fin d’après-midi et les cases vides devraient vite se remplir.

Au-delà d’une gestion sportive chaotique, Montpellier ne draine ni public ni élan populaire, autour d’un club jeune mais à l’image dégradée depuis de nombreuses années.

Ainsi, après le titre de 2022, l’affluence au GGL Stadium n’a pas décollé dans un Top 14 pourtant attractif et un pays séduit par l’émergence de la génération Dupont.

Enfin, le temps presse pour Bernard Laporte, ex-président de la FFR (2016-2023), et Mohed Altrad: tous deux attendent leur procès en appel après avoir été condamnés en première instance pour avoir noué « un pacte de corruption ».

© 2024 AFP

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