Abasourdies par l’ampleur de la défaite italienne contre la Nouvelle-Zélande (96-17) au Mondial-2023, les anciennes gloires de la « Nazionale » ayant évoluées en Top 14, Sergio Parisse en tête, enjoignent leurs successeurs à aborder le match contre la France vendredi à Lyon, avec beaucoup « d’humilité ».

« C’est incompréhensible », n’en revient toujours pas Parisse, 142 sélections et cinq Coupes du monde disputées avec l’Italie. « Ce n’est pas tant la défaite qui est inacceptable. Mais l’Italie n’a plus le droit d’encaisser 96 points, de cette manière-là aujourd’hui », reprend celui qui a porté les couleurs du Stade français et de Toulon.

« J’espère que, face à la France qui a eu 15 jours de préparation et qui va arriver plein gaz », pense « Il capitano », « on va montrer autre chose ». « On aurait tort de parler de victoire et de 1/8e de finale. Après la Nouvelle-Zélande, il faut juste revenir avec beaucoup d’humilité et penser à se rattraper », souligne-t-il.

Au diapason de leur capitaine, les anciens joueurs de l’Italie, ayant évolué dans le championnat de France, estiment aussi qu’il serait présomptueux de parler de victoire face au XV de France vendredi, alors qu’un rêve avait germé au pays envoyant les coéquipiers d’Ange Capuozzo en quarts de finale du Mondial malgré la présence des Blacks et de la France dans leur groupe.

« Soyons réalistes », estime l’ancien troisième-ligne du Stade français Mauro Bergamasco, 105 sélections avec l’Italie. « La France doit gagner, elle est programmée pour cela, pas l’équipe d’Italie ».

« La différence entre l’équipe de France et l’équipe d’Italie, pour schématiser, c’est que l’objectif de la France, c’est de gagner une finale, celui de l’Italie d’atteindre un quart pour la première fois de son histoire. Ça montre le fossé entre les deux nations », selon le natif de Padoue, âgé de 44 ans.

Tous pourtant voient l’Italie beaucoup mieux figurer face aux Français qu’elle ne l’a fait contre les All Blacks. « C’est notre Clasico à nous », rappelle l’ancien Clermontois et Rochelais Gonzalo Canale, 86 sélections.

« L’Italie va vouloir réagir après son match contre la Nouvelle-Zélande », abonde l’ex-biarrot Andrea Masi, 95 capes. « Sait-on jamais ? Si les deux équipes sont collées au score dans les 10 ou 15 dernières minutes tout peut arriver. Mais il faut quand même rester humble ».

– « Esprit latin » –

Les anciennes gloires italiennes ne connaissent que trop bien « l’esprit latin » qui anime leurs compatriotes, celui qui, au contraire du flegme anglo-saxon, vous fait sortir un exploit juste après une déroute. Ou inversement.

« Finalement, je suis content que l’Italie ait pris 96 points parce qu’elle sera obligée de se remettre en question et rentrer sur le terrain avec humilité, sans trop parler, juste pour jouer au rugby et faire ce qu’elle a préparé dans la semaine », est convaincu Luciano Orquera, ancien demi d’ouverture de Brive (48 sél.).

D’autant que, si les gloires passées de la Squadra appellent leurs héritiers à l’humilité, ils leur reconnaissent des qualités qu’ils ne possédaient pas toujours. « Nous avions de grands joueurs, affirme Canale. « Eux, ils jouent beaucoup mieux au rugby ».

« Si les Blacks les ont pris autant au sérieux », pense Parisse, « c’est qu’ils les craignaient. Et c’est vrai que les progrès de l’équipe depuis deux ou trois ans sont manifestes ».

« Ils sont jeunes, ont beaucoup de confiance », embraye Masi. « Ils sont capables de créer des problèmes à n’importe quel adversaire ».

Après la claque néo-zélandaise, aucun ancien n’a estimé que l’Italie pouvait battre la France à Lyon. « Mais on l’a déjà fait » s’est voulu plus optimiste Canale. « Et on ne rentre jamais sur un terrain de rugby avec l’idée que l’on va perdre », a conclu Parisse.

© 2023 AFP

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