Sans match au programme cette semaine et pour casser leur routine lyonnaise, les All Blacks ont choisi lundi Bordeaux et le stade Chaban-Delmas pour un entraînement humide ouvert à 10.000 chanceux qui ont en pris plein les yeux.
« Vous vous rendez compte, les All Blacks à Bordeaux! J’ai annulé une réunion exprès pour être là ». William n’aurait manqué pour rien au monde leur venue: « J’ai toujours voulu les voir car j’ai été bercé par leurs matches contre la France dans les années 1990, par Jonah Lomu. J’avais son jeu sur l’ordinateur ».
A l’origine, les hommes de Ian Foster devaient s’entraîner au stade Moga à Bègles, lieu de vie habituel de l’Union Bordeaux Bègles, le club local de Top 14, le championnat de France de première division. C’était une demande du maire écologiste de la ville Clément Rossignol Puech, et si possible devant du public.
L’enceinte béglaise pouvait accueillir 3.000 personnes, mais vu l’engouement suscité par la venue des joueurs néo-zélandais, le stade Chaban-Delmas, situé dans le centre-ville de Bordeaux, a été réquisitionné pour cette séance d’un peu plus d’une heure avec 10.000 spectateurs répartis sur la totalité de la tribune d’honneur et un tiers du virage nord.
Même si le temps n’a pas toujours été de la partie, avec des bourrasques de pluie initiales — « On se croirait chez nous », ont même souri des journalistes néo-zélandais — la magie a opéré dès la sortie du long tunnel, rythmée et en musique.
« Les Blacks, c’est la légende, un mythe, même si leur niveau a baissé depuis quelques années », confie Patricia, venu avec un ami, ancien joueur de Wallis-et-Futuna vêtu d’un maillot noir à la fougère. « Je serais aussi venue si ça avait été la France, les Fidjiens ou l’Afrique du Sud ». Et les Anglais? « Un peu moins, mais pourquoi pas? », plaisante-t-elle.
– Un clapping à défaut de haka –
Originaire de Marmande, à 80 kilomètres de là, Bernard avait vu les Néo-Zélandais s’incliner contre les Bleus il y a deux ans au stade de France (40-25): « Même s’il reste quelques bons joueurs, ils ont perdu un peu de leur superbe ces dernières années. Ils sont un peu en retrait, comme nous il y a dix ans ».
L’entraînement a été commenté par séquences en anglais et en français pour le public, qui a pu assister à une intervention de l’ancien international Andy Ellis, champion du monde en 2011. Pendant la session, Claire et son amie, la soixantaine, dans leurs coupe-vents, ont surtout admiré « leurs gabarits ».
« Ils sont impressionnants à la télévision, on est venues vérifier », sourit la deuxième, qui espère qu’ »ils feront le haka à la fin ». « C’est leur marque de fabrique mais je ne sais pas s’ils le font en dehors des matches », intervient leur voisin Thierry.
Arrivés en trombe d’un collège voisin, Tom, joueur en U15 à Mérignac, et ses copains, ne manquent rien de l’échauffement collectif, des skills qui s’enchainent avec et sans bouclier, à un toucher à quatre équipes sur demi-terrain sous le soleil couchant revenu. « Ils récitent, c’est précis, ça va vite », savoure-t-il avec un faible pour la vista de Beauden Barrett.
« Mais ils sont combien dans le staff? », se demande Pierre en comptant tous les entraîneurs en bas de la tribune. « C’est comme ça aussi pour la France ? »
A défaut de haka, les All Blacks offriront un double clapping géant en fin de séance au public, entrecoupé de remerciements de l’entraîneur-adjoint Joe Schmidt, ovationné pour son discours en français.
Jean-Claude et son petit fils Titouan sont descendus au plus bas de la tribune. « Un autographe s’il vous plaît? », lance le garçonnet. Il en aura deux sur son maillot de l’UBB, trois de moins que pour les Fidjiens, qu’il a vus la semaine dernière.
Après cet intermède de cinq jours sur les bords de la Garonne, les triple champions du monde reprendront la route de Lyon, où ils affronteront l’Italie le 29 septembre puis l’Uruguay le 5 octobre.
© 2023 AFP
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