Quarante-cinq sélections, 30 essais. L’ailier Damian Penaud affiche une efficacité invraisemblable en équipe de France qui le rend incontournable même si le staff des Bleus attend plus de lui.

Lorsqu’il aplatit, à la 55e minute du match d’ouverture de la Coupe du monde face aux All Blacks, remporté 27 à 13 par les Bleus vendredi soir au Stade de France, Penaud n’a pas inscrit l’essai le plus compliqué de sa carrière.

Qu’importe, l’ancien Clermontois, qui portera cette saison le maillot de Bordeaux-Bègles, a remis dans le sens de la marche le XV de France, alors mené.

A seulement 26 ans, international depuis 2017, il a déjà rejoint un cercle restreint: Damian Penaud est le quatrième meilleur marqueur d’essais de l’histoire du XV de France, à égalité avec la légende Philippe Sella (111 sélections entre 1982 et 1995).

Il reste néanmoins à quelques longueurs du trio de tête formé par Serge Blanco (38 essais entre 1980 et 1991), Vincent Clerc (34 entre 2002 et 2013) et Philippe Saint-André (32 entre 1990 et 1997).

Il peut espérer tous les dépasser, le trio ayant atteint ce total lors d’un nombre de sélections bien plus élevé (respectivement 93, 67 et 69).

L’intéressé, qui a inscrit neuf essais en huit matches avec les Bleus en 2023, n’aime pas aller chercher la lumière et se fait rare dans les médias. Ce qu’il préfère, ce sont ses diagonales, sur un terrain ou un échiquier.

Le jeu d’échecs tranquillise en effet ce cheval fou sur le terrain, mauvais perdant assumé.

Appelé pour la première fois en 2017 pour une tournée estivale en Afrique du Sud quand la France était au creux de la vague, il a dû attendre près de deux ans et sa neuvième sélection pour remporter un match sous le maillot bleu (contre l’Ecosse dans le Tournoi le 23 février 2019).

Mais depuis, la France ne perd pas souvent quand il joue: 28 victoires pour seulement neuf défaites. Même si lors de la dernière vendredi, sa prestation contre les All Blacks n’a pas complètement convaincu le staff des Bleus.

Mis à mal par son adversaire direct Mark Telea, auteur d’un doublé, Penaud a peiné en défense. « Je ne dirai pas qu’il a fait une première mi-temps délicate car on est en chambre ensemble donc je n’ai pas envie qu’il me fasse la gueule (rires) », a plaisanté l’arrière Thomas Ramos.

– « A 70% » –

« On sait que c’est un joueur de classe mondiale. On en parlait cette semaine en rigolant avec certains. Pour moi, c’est le joueur qui est le plus impressionnant. Il marque tout le temps mais on n’en parle pas énormément », a ajouté le Toulousain.

L’encadrement des Bleus est logiquement exigeant avec le titulaire du N.14.

« C’est un athlète, un joueur qui offensivement arrive à bien se placer et à utiliser des situations pas totalement claires mais on aimerait que Damian fasse plus », a expliqué l’entraîneur de l’attaque du XV de France, Laurent Labit.

« Sur deux situations de +turnover+, au lieu de passer le ballon, il se déplace et perd un peu nos joueurs dans le circuit. Il y a aussi des domaines où il peut s’améliorer en défense. C’est un marqueur formidable mais il est à 70% de ce qu’il peut faire au niveau international. Il le sait et il doit travailler », a ajouté l’ancien coach de Castres et du Racing 92.

« Nous qui le côtoyons tous les jours, on ne sait pas ce qu’il va faire au moment d’avoir le ballon dans les bras. C’est ce qu’on aime chez lui », a encore rappelé Ramos.

Avant de conclure: « c’est un joueur d’instinct qui ne calcule pas. Quand il a le ballon, il fait les choses à 100%, ça nous sert plutôt pas mal. »

© 2023 AFP

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