Le pays de Galles et l’Argentine, tous deux en quête de la troisième demi-finale de leur histoire en Coupe du monde de rugby, s’affronteront samedi (17h00) à Marseille dans des dynamiques différentes, à la croisée des chemins entre regain de confiance et incertitudes.
Le sélectionneur des Pumas Michael Cheika n’a pas attendu longtemps le week-end dernier, à peine acquise la qualification pour les quarts, avant de lancer le traditionnel jeu de dupes sur l’outsider et le favori.
« Les Gallois ont gagné leurs quatre matches (de groupe), impossible de faire mieux », a-t-il benoîtement rappelé. « On sait bien qu’ils seront favoris ».
Ca n’aurait pas été le cas il y a quelques semaines encore, lorsque le XV du Poireau a abordé la compétition en plein doute après un Tournoi des six nations catastrophique — ponctué par une menace de grève des joueurs, sur fond de différend financier avec leur fédération — et une préparation estivale laborieuse.
Versés dans la partie de tableau la plus abordable, les Argentins pouvaient eux légitimement nourrir quelques ambitions à la sortie d’un Rugby Championship (contre la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et l’Australie) plutôt rassurant. Mais leur première partie de tournoi sans relief a modifié l’équilibre des forces.
Le pays de Galles se présentera au Stade Vélodrome avec un léger ascendant psychologique après son sans-faute dans le groupe C, dont un succès convaincant face à l’Australie (40-6) qui lui a permis d’assurer très tôt sa qualification et de marquer les esprits.
« Michael (Cheika) essaie probablement d’enlever de la pression à son équipe », a nuancé le sélectionneur gallois Warren Gatland à propos du costume de favori. « Mais on assume notre statut ».
– « En pleine confiance » –
Le Néo-Zélandais, rappelé en urgence l’hiver dernier après le limogeage de son compatriote Wayne Pivac, a déjà conduit les Gallois à deux reprises en demi-finale du Mondial (2011 et 2019).
Très respecté de son groupe, contrairement à son prédécesseur, il a progressivement imposé sa patte sur une équipe travailleuse au bon équilibre entre joueurs d’expérience (Dan Biggar, George North, Liam Williams) et jeunes talents (Jac Morgan, Louis Rees-Zammit).
« Je sais que certains de nos adversaires n’auront pas envie d’affronter un pays de Galles en pleine confiance », estime-t-il. « C’est là que nous sommes les plus dangereux ».
Les Celtes le seront d’autant plus face aux Pumas qu’ils enregistrent le retour de leur ouvreur et maître à jouer Biggar (33 ans, 111 sélections), remis d’une blessure au pectoral droit.
Mais ils reviennent de beaucoup trop loin pour se permettre de prendre de haut leur adversaire, capable de battre n’importe qui dans un bon jour. Les All Blacks (2020 et 2022) peuvent en témoigner.
Après avoir raté son entrée en matière contre l’Angleterre (27-10), déjà à Marseille, l’Argentine a recollé les morceaux petit à petit jusqu’à sa belle prestation offensive du week-end dernier contre le Japon (39-27) dans un vrai-faux huitième de finale.
Au moment d’annoncer sa composition jeudi, avec la titularisation surprise du demi de mêlée Tomas Cubelli à la place de Gonzalo Bertranou, Cheika a pourtant de nouveau fait l’éloge des Gallois.
« On sait qu’il faudra proposer quelque chose de différent, quelque chose de spécial. C’est le seul moyen de pouvoir rivaliser avec eux », a affirmé l’Australien, lui aussi appelé pour jouer les pompiers de service après le départ de Mario Ledesma l’an dernier.
« Je crois très fort en mon équipe », a-t-il tout de même ajouté. « J’adore ces garçons. Ils sont toujours ensemble, leur implication est énorme et je sais qu’ils vont vraiment savourer l’événement ».
Ils le savoureront sans doute encore un peu mieux en emmenant pour la troisième fois leur pays dans le dernier carré de la Coupe du monde après 2007 et 2015.
© 2023 AFP
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