Bordeaux, 27 sept 2023 (AFP) – Unanimes et sous le charme, les anciens internationaux fidjiens restés vivre en France, goûtent avec enthousiasme les performances de la nouvelle génération bien partie pour atteindre les quarts de finale du Mondial-2023, en louant leur discipline et la création de la franchise locale Drua qui ont tout changé.
A entendre Julian Vulakoro (42 ans), partenaire en sélection de l’actuel coach Simon Raiwalu au début des années 2000, Sisa Koyamaibole (43 ans) et Gabiriele Lovobalavu (38 ans), trois coupes du monde chacun au compteur, « on n’a jamais eu une équipe fidjienne réunie aussi forte ».
A leurs époques, la magie des îles opérait tous les quatre ans « grâce à nos très bons trois-quarts mais c’était devant où on était en difficulté, au niveau de la conquête, on était pénalisé en mêlée, en touche », détaille le centre Lovobalavu, capé 22 fois.
« Le pack aujourd’hui, c’est du haut niveau, on a fait de gros progrès », indispensables pour exister en Coupe du monde, constate Koyamaibole, ancien n°8 aux 48 sélections.
– Drua pour éviter l’exil des talents –
Celle de 2023 pourrait marquer l’histoire du rugby fidjien, dont la victoire en match de préparation contre l’Angleterre à Twickenham (30-22) a frappé les esprits et renforcé la confiance aperçue lors des deux premiers matches contre le pays de Galles (défaite sur le fil 32-26) et surtout l’Australie (victoire 22-15).
Ces dernières années, « notre rugby s’est structuré avec une touche française » analyse Vulakoro, ancien centre du Racing-Metro 92 pas vraiment étonné.
« Votre pays accueille nos joueurs depuis des années, vous nous avez soutenus, développés professionnellement, on se sent bien en France et quand on rentre au pays avec l’expérience du Top 14 et des grands matches, ces connaissances, on voit les résultats aujourd’hui ».
L’intégration de la franchise Drua dans le Super rugby de l’hémisphère Sud est une autre avancée selon Koyamaibole, car elle « a permis de retenir les joueurs locaux qui n’ont plus besoin de partir aussi vite et aussi tôt en Nouvelle-Zélande, en Australie ou en France où le statut de JIFF (jeunes issus des filières de formation, ndlr) est une grosse opportunité ».
« L’amalgame entre les joueurs qui jouent en Europe et ceux restés au pays qui sont confrontés chaque semaine au haut niveau en Super Rugby a modifié notre rugby, estime Lovobalavu. C’est devenu plus structuré avec de l’alternance jeu de main-jeu de pression du n°9 », qui a abouti par exemple à l’essai de Josua Tuisova contre les Wallabies.
« Simon Raiwalu, qui a vécu en Europe, et son staff qui vient d’environnements différents, s’adaptent au jeu adverse mais en gardant encore notre ADN et notre identité. Chaque équipe fonctionne de la même manière », constate Vulakoro.
– Le Rugby Championship dans le viseur –
Mais le maître-mot commun reste la discipline et tout ce qu’elle englobe. « On avait les talents mais pas la discipline dans la gestion de notre jeu, pointe encore Vulakoro. En 2015 et 2019, elle nous a fait manquer des choses importantes et perdre des matches ».
« Avant, notre conquête touche-maul-mêlée tenait une heure, pas tout un match. Et là, obtenir une pénalité à la fin du match sur une mêlée contre l’Australie, c’est tout une histoire pour nous, on ne l’aurait jamais eue avant », poursuit-il en mettant toutefois les siens en garde sur la hauteur de leurs plaquages « car on est encore sanctionnés deux-trois fois contre l’Australie ».
Tous ces ingrédients réunis font des Fidji un quart de finaliste en puissance et des retrouvailles avec les Anglais, avec le soutien du public français, ne déplairaient pas à nos témoins. « J’ai hâte et j’ai confiance », sourit Koyamaibole.
« Pour être honnête, c’est la meilleure route pour atteindre les demi-finales, juge Lovobalavu. Je la préfère à celle où il y a l’Afrique du Sud, l’Irlande, la France et la Nouvelle-Zélande. Et si on atteint les demies, ils n’auront pas le choix de nous intégrer au Rugby Championship et nos joueurs ne partiront plus jouer avec les All Blacks et les Wallabies mais resteront à la maison ».
© 2023 AFP
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