Mondial-2023: l’Angleterre de retour au drop niveau

Marseille, 9 sept 2023 (AFP) – Pourtant réduite à 14 dès le début du match, l’Angleterre, grâce notamment à trois drops de son ouvreur George Ford, a remporté dimanche à Marseille le choc du groupe D de la Coupe du monde face à une Argentine peu inspirée (27-10).

Jonny Wilkinson, qui avait élevé le drop-goal au rang d’art pour conduire le XV de la Rose vers le titre mondial en 2003, a dû apprécier.

Son compatriote Ford, aligné à l’ouverture en l’absence d’Owen Farrell, suspendu pour les deux premières rencontres du tournoi, a remis au goût du jour cette arme presque tombée en désuétude dans le rugby moderne.

Le numéro 10 anglais a enchaîné en l’espace de dix minutes trois coups de pied parfaitement équilibrés, dont deux de plus de 40 mètres, et renversé la tendance d’une rencontre bien mal embarquée.

Les finalistes du Mondial-2019, en plein doute après une préparation laborieuse, ont écopé dès la 3e minute de leur troisième carton rouge de l’été. Le premier de leur histoire en Coupe du monde.

Le troisième ligne Tom Curry, pour un choc tête contre tête avec Juan Cruz Mallia à la retombée d’un ballon haut, a quitté d’entrée ses coéquipiers, via le « bunker », alors qu’il n’avait plus joué depuis le mois de mai.

Mais comme lors de sa victoire à l’arraché contre le pays de Galles (19-17) le mois dernier, l’Angleterre, sous les yeux de la princesse Kate, a trouvé dans ce coup du sort un supplément d’âme.

Poussée par ses supporters, dont plusieurs centaines ont manqué le coup d’envoi en raison de bouchons aux portes d’entrée, elle a serré les rangs en défense à défaut de grands mouvements offensifs.

– L’Argentine impuissante –

Le pied de Ford, impeccable face aux perches (six sur six de réussite) en plus de ses drops assassins, et logiquement désigné homme du match avec ses 27 points, a fait le reste face à des Pumas qui l’ont bien aidée.

On pouvait attendre beaucoup mieux des joueurs de Michael Cheika à la sortie d’un Rugby Championship plutôt réussi entre une victoire en Australie (34-31) et une courte défaite chez les champions du monde sud-africains (22-21).

Maladroits, en panne d’idées, indisciplinés, ils n’ont pas su tirer profit de leur supériorité numérique et devront encore attendre pour battre enfin les Anglais en Coupe du monde après déjà trois défaites en 1995, 2011 et 2019.

Ils auront le temps d’analyser les raisons de cette contre-performance, et de la ruminer, puisqu’ils ne rejoueront pas avant presque deux semaines, le 22 septembre à Saint-Etienne face aux Samoa.

Les Sud-Américains n’auront alors déjà plus le droit à l’erreur pour s’extraire d’un groupe qui compte également le Chili et le Japon, futur adversaire de l’Angleterre la semaine prochaine à Nice.

Les Anglais ont répété à l’envi cette semaine qu’il leur suffisait d’un déclic pour enrayer leur mauvaise dynamique et reprendre leur place à la table des grandes nations mondiales.

Ils pourront le confirmer contre les Japonais, en essayant peut-être cette fois de rester à 15 tout le match pour offrir davantage offensivement.

Le puissant troisième ligne centre Billy Vunipola aura alors purgé sa suspension. Pas Farrell, mais les supporters anglais ne devraient pas trop s’en inquiéter.

Ils tiennent avec Ford une doublure de choix. Même s’il n’égalera sans doute jamais les 14 drops inscrits en Coupe du monde par Wilkinson, le trentenaire pourrait être tenté d’aller chercher un autre record: les cinq passés dans le même match par le Sud-Africain Jannie de Beer en 1999. Contre l’Angleterre.

© 2023 AFP

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