Auteur au pied de tous les points de son équipe, victorieuse de l’Argentine (27-10) samedi pour son entrée dans le Mondial-2023, le demi d’ouverture George Ford a plus que compensé l’absence d’Owen Farrell. Au point de lui prendre sa place?

Ses trois drops pleins de maîtrise et d’équilibre entre la 27e et la 37e minutes, dont deux sur ou à proximité de la ligne médiane, ont irrémédiablement convoqué au Stade Vélodrome de Marseille le souvenir de Jonny Wilkinson, dernier Anglais à en avoir réussi autant dans un match de Coupe du monde, en 2003, face à la France.

Deux autres joueurs –l’Argentin Juan Martin Hernandez contre l’Irlande en 2007 et le Namibien Theuns Kotze contre les Fidji en 2011– ont fait aussi bien depuis, à deux unités du record de cinq drops inscrits par le Sud-Africain Jannie De Beer contre l’Angleterre en 1999.

Mais la propre tentative ratée de l’ouvreur argentin Santiago Carreras a rappelé samedi à quel point le geste, largement délaissé dans le rugby moderne, n’était pas aussi simple que George Ford a pu le laisser paraître.

« J’ai juste essayé de faire mon travail », a réagi ce dernier à chaud, aussi flegmatique face aux micros que sur le terrain. « Le drop est une arme formidable, qui est probablement sous-utilisée et qui peut changer le cours d’un match ».

C’est exactement ce qu’ont fait les siens alors que le XV de Rose, déjà privé au coup d’envoi d’Owen Farrell, suspendu pour deux rencontres, était mal embarqué après le carton rouge dès la 3e minute du troisième ligne Tom Curry.

« On s’est rapidement retrouvé en infériorité et il fallait prendre des points à chaque fois qu’on était en position de le faire », a analysé Ford, dont les six pénalités, à 100% de réussite, ont porté son total personnel à 27 points.

– Sang-froid et intelligence –

« George a été magnifique ce soir », a salué son sélectionneur Steve Borthwick. « Il n’y a pas que les points marqués au pied, mais aussi le sang-froid et la gestion dont il a fait preuve tout au long du match ».

Le demi d’ouverture de Sale, qui a peu joué la saison dernière après s’être blessé à un tendon d’Achille, a toujours été loué pour sa maîtrise et son intelligence de jeu.

« Il voit des choses que d’autres joueurs ne voient pas », l’a complimenté son capitaine Courtney Lawes, dont le gros travail avec les autres avants, dans les rucks ou en mêlée, a permis au buteur d’enquiller les pénalités.

« L’Angleterre a très bien contrôlé la partie. Le rythme a été haché, exactement comme elle le souhaitait. Et Ford a parfaitement joué sa partition dans ce scénario », a reconnu le sélectionneur de l’Argentine, Michael Cheika.

Ford (30 ans, 86 sélections) a été préféré au jeune Marcus Smith (24 ans, 25 sélections), plus menaçant offensivement mais aussi plus irrégulier, pour remplacer Farrell, suspendu pour les deux premiers matches du tournoi.

Les deux trentenaires ont souvent été associés en sélection, Farrell glissant alors au poste de premier centre, et la performance inaugurale de Ford pourrait faire réfléchir le staff anglais s’il la confirme contre le Japon dimanche prochain à Nice.

« Les grandes équipes ont besoin de grands joueurs », a commenté le champion du monde 2003 Matt Dawson. « C’est ce qui a manqué à l’Angleterre ces derniers mois. Ford, à mon avis, doit avoir les clés du jeu, il en a les capacités ».

Les Pumas peuvent en témoigner.

© 2023 AFP

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