Mission accomplie. Après deux titres planétaires d’affilée, les Springboks vont devoir essayer d’asseoir leur domination sur le rugby mondial, avec un renouvellement générationnel et un staff chamboulé par le départ du sélectionneur Jacques Nienaber.
La fin d’un cycle? Samedi, en finale de la Coupe du monde, remportée devant les All Blacks (12-11), les Sud-Africains comptaient quinze trentenaires sur la feuille de match dont plusieurs cadres comme Eben Etzebeth, Siya Kolisi et Faf de Klerk, tous trois âgés de 32 ans.
Certains devraient être encore là dans quatre ans, en Australie, pour tenter le triplé mais la majorité aura raccroché les crampons.
« Pas mal de joueurs vont arrêter, c’est sûr. Il va y avoir du changement mais on s’en inquiétera en temps voulu », a confié le pilier Ox Nche (28 ans) après la finale, plus pressé d’aller célébrer avec un cheesecake, son péché mignon, que de penser à l’avenir.
L’expérience des vieux briscards a pourtant été une des clés du succès des Springboks, sacrés champions du monde pour la deuxième fois de rang, la quatrième au total. Tour à tour, les « papys Boks » ont fait de la résistance, à l’image du colossal Eben Etzebeth, décisif contre la France, ou de l’omniprésent Pieter-Steph du Toit, sécateur humain face aux All Blacks (28 plaquages).
« Ca va être intéressant de voir ce qu’il va se passer dans le futur: certains des gars vont arrêter, on le sait, mais il y en aura encore un paquet dans quatre ans. On sera juste plus vieux et plus cassés », a lancé dans un sourire le buteur Handré Pollard, auteur des douze points de son équipe en finale du Mondial-2023.
– Jeune génération –
« Ce qui est bien, c’est qu’on a un groupe de jeunes joueurs qui arrive. Il y a un talent incroyable, à tous les postes. C’est excitant si on arrive à faire la transition sur les quatre prochaines années », a poursuivi l’ancien ouvreur de Montpellier.
Derrière l’ailier Canan Moodie (20 ans, 10 sélections) et le demi de mêlée Jaden Hendrikse (23 ans, 15 sél.), les deux seuls joueurs de moins de 25 ans appelés pour le Mondial en France, pousse en effet une génération intéressante, portée par le capitaine des Espoirs Paul de Villiers ou l’ailier Masande Mtshali.
Les moins de vingt ans sud-africains ont d’ailleurs terminé la dernière Coupe du monde de la catégorie à la troisième place, derrière l’Irlande et la France. La Sanzaar, l’instance dirigeante du rugby de l’hémisphère Sud, a en outre instauré, à partir de 2024, la création d’un Rugby Championship U20, où s’affronteront les jeunes Pumas, Springboks, All Blacks et Wallabies.
Une expérience qui sera bénéfique au moment de tourner la page Jacques Nienaber. Le sélectionneur va en effet rejoindre la franchise irlandaise du Leinster.
– Erasmus de retour? –
Pour le remplacer, la Fédération sud-africaine songerait à se tourner vers Mzwandile Stick ou Deon Davids, tous deux déjà dans le staff des Boks.
A moins que Rassie Erasmus, actuellement directeur du rugby et véritable tête pensante des Springboks doubles champions du monde, ne reprenne du service? Les médias locaux évoquent en effet un retour aux manettes de l’ancien sélectionneur, qui intègrerait le rude troisième ligne Duane Vermeulen à son staff.
« Il y a un peu d’incertitude autour de cette équipe, Jacques Nienaber va nous manquer. C’est un entraîneur de la défense de classe mondiale. On lui souhaite le meilleur, il va écrire un nouveau chapitre », a assuré le centre Jesse Kriel.
« Les Springboks sont une équipe avec beaucoup de fierté: Rassie ou qui que ce soit va trouver quelqu’un pour le remplacer, quelqu’un de très bon. Je n’en doute pas », a poursuivi le trois-quart des Bulls.
Le deuxième ligne Jean Kleyn ne s’inquiète pas: « Le futur est brillant », résume-t-il. Les Springboks sont confiants, le monde du rugby peut continuer à trembler.
© 2023 AFP
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