Le Japon convoque l’esprit samouraï pour renouer avec l’élan de 2019

Le XV du Japon, quart-de-finaliste de sa Coupe du monde en 2019, espère rééditer la performance en France, convoquant l’esprit samouraï pour renouer avec l’élan créé il y a quatre ans mais qui depuis a été freiné par la parenthèse Covid.

« C’est notre grande finale », a soutenu jeudi Jamie Joseph, le coach des « Brave Blossoms », au sujet de la rencontre contre l’Argentine dimanche qui est à ses yeux bien plus qu’un simple dernier match de poule.

Le Néo-Zélandais, qui a pris les rênes de la sélection nippone en 2016 et les quittera au terme de cette Coupe du monde, saura au bout de ces 80 minutes s’il a rempli sa mission, à savoir confirmer l’émergence du Japon comme une nation qui compte dans le rugby mondial.

C’est ce que signifierait une deuxième qualification d’affilée pour les quarts de finale après la campagne réussie de 2019, terminée sur une logique défaite à ce stade de la compétition face aux futurs champions du monde sud-africains mais avec trois victoires historiques en poule, contre les Samoa (38-19) et surtout l’Ecosse (28-21) et l’Irlande (19-12).

« Si nous gagnons, c’est une autre page d’histoire que le Japon va écrire: être capable de gagner loin de chez nous et de passer au tour suivant, ce serait un accomplissement incroyable », a souligné le troisième ligne et ancien capitaine Michael Leitch qui, du haut de ses quatre Coupes du monde, connait tout de la progression du Japon.

– Corrections –

Il sait aussi que depuis 2019, rien n’a été facile pour cette équipe. La « rugby-mania » déclenchée alors dans un pays habituellement obnubilé par le baseball, et dans une moindre mesure le sumo, le football et le tennis, a fait long feu, s’éteignant au rythme des restrictions de plus en plus fortes mises en place dans le pays face au Covid.

« Tout l’élan créé par la Coupe du monde a été complètement perdu », a expliqué à l’AFP Jamie Joseph avant le tournoi en France.

« On a tiré beaucoup de confiance de cette Coupe du monde et puis, paf! On n’a pas rejoué avant juin de l’année suivante (juin 2021, ndlr). C’était difficile », a-t-il souligné.

Entre le dernier Mondial et celui-ci, le XV nippon n’a disputé que 22 rencontres, peu par rapport aux 40 de la France, par exemple.

Et le bilan est loin d’avoir confirmé 2019: 16 défaites pour 6 victoires, avec quelques corrections à la clé, face à l’Irlande (60-5) ou l’Angleterre (52-13).

Si le Covid a eu sa part dans ces difficultés, certains avancent aussi d’autres raisons, plus structurelles.

Le lucratif championnat nippon attire certes de nombreux joueurs internationaux et va d’ailleurs continuer après ce Mondial – les All Blacks Beauden Barrett, Aaron Smith ou Ardie Savea s’y sont engagés – mais son niveau est encore jugé trop faible pour bien servir l’équipe nationale.

– « Abattre notre katana » –

En outre, en 2020, la franchise japonaise des « Sunwolves » qui disputait depuis 2016 le Super rugby aux côtés d’équipes sud-africaines, australiennes et néo-zélandaises, a disparu.

Or, « c’était l’endroit idéal pour former de nouveaux joueurs », estime Luke Thompson, ancien deuxième ligne du Japon (71 sélections) auprès de l’agence Kyodo News. « Cela permettait de pratiquer, semaine après semaine un rugby difficile, différents styles de jeu, souvent à l’extérieur ».

Le championnat « prépare une équipe à gagner une compétition nationale » tandis que la franchise « prépare les joueurs de l’équipe nationale à disputer des Coupes du monde », a résumé Joseph.

Conscient de ces problèmes, Yuichiro Fujii, directeur du XV national, estime qu’il faudra à terme « envoyer plus de joueurs dans des championnats étrangers pour en avoir qui soient capables de briller au niveau international ».

En attendant, le Japon est aux portes d’un quart de finale. Et pour compenser peut-être ce qui l’éloigne encore d’une équipe d’Argentine qu’elle n’a battue qu’une fois en quatre confrontations, il compte faire appel aux ressources de son esprit « samouraï », du nom de ces guerriers du Japon féodal.

Cette semaine, ce sont les joueurs qui ont pris en main l’entraînement, a indiqué Fujii, et notamment l’expérimenté pilier Keita Inagaki (trois Coupes du monde, plus de 50 sélections).

« Il a parlé de ce match comme d’un +moment samouraï+ », a confié Fujii. « Une fois que le katana (sabre japonais) est sorti, c’est à la vie à la mort. On doit abattre notre katana sur l’adversaire pour le vaincre ».

Les Argentins sont prévenus.

© 2023 AFP

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