Une victoire de l’Italie contre la France lors du Mondial-2023 constituerait un exploit: en 47 confrontations, la « Nazionale » n’a dominé les Bleus qu’à trois reprises. Retour sur ces succès par ceux qui les ont vécus.

– 22 mars 1997 à Grenoble, Italie bat France 40-32

Une semaine auparavant, la France a remporté son cinquième Grand Chelem dans le Tournoi des cinq nations, que l’Italie, entraînée par le Français Georges Coste, s’apprêtait à intégrer. « Les Italiens rencontraient toutes les nations du Tournoi pour se roder, se remémore Fabien Pelous, capitaine pour la première fois. Nous, nous étions encore à fêter le Grand Chelem et eux étaient loin d’être des faire-valoir. C’était une équipe inconstante, mais difficile à manoeuvrer. D’autant que nous avions largement remanié la nôtre ».

Pelous, habituel deuxième-ligne, joue flanker ce jour-là. « Notre ligne de trois-quart également n’avait rien à voir avec celle qui avait remporté le Tournoi, continue-t-il (…). Rien n’avait été dans notre préparation, nous avions été obligés de changer notre stratégie de jeu. Et, finalement, durant le match, j’ai le souvenir lointain que nous n’avions pas maîtrisé grand-chose ».

Pour l’ancien international (118 sélections), la cicatrice s’est vite refermée. « Cette défaite reste anecdotique. Nous n’étions pas fiers, mais le match était arrivé comme un cheveu sur la soupe. Il ne s’agissait pas de l’équipe de France de la semaine précédente, victorieuse de l’Écosse (47-20, NDLR) pour faire le Grand Chelem. Et nous sortions tout juste de l’époque amateure. »

– 12 mars 2011 à Rome, Tournoi des six nations, Italie bat France 22-21

L’Italie dispute le Tournoi depuis 11 ans quand elle défait la France de Marc Lièvremont, tenante du titre mais mal en point à quelques mois de la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande. « C’est la victoire la plus importante de ma carrière d’entraîneur, se souvient le Sud-Africain Nick Mallett. Elle était le résultat de quatre ans de travail, de la composition d’un groupe patiemment construit autour de Sergio Parisse et d’un solide paquet d’avants. Nous perdions alors de peu contre les autres équipes du Tournoi, comme lors de cette édition où nous avions perdu de deux points contre l’Irlande à cause d’un drop d’O’Gara à la 78e (11-13). Il ne nous manquait plus qu’une victoire pour valider tout le travail effectué. »

« Nous pratiquions un rugby assez conservateur, reconnaît Mallett, physique, solide en conquête, mais peu porté sur l’attaque. Il nous fallait alors réduire l’écart de niveau avec les autres nations. Et je sentais depuis quelques mois qu’il ne s’agissait plus que d’une question de temps. »

Le temps est venu ce jour-là grâce à l’arrière Andrea Masi, auteur d’un essai. Et la France a cédé devant l’engagement italien. « Il y a eu une certaine effervescence en Italie, raconte encore Mallett. Mais j’étais surtout tellement fier pour Sergio, notre capitaine, pas loin d’être le meilleur N.8 au monde et dévoué entièrement à son équipe ».

– 3 février 2013 à Rome, Tournoi des six nations, Italie bat France 23-18

A l’issue du Mondial remporté par la Nouvelle-Zélande en 2011, le Français Jacques Brunel a remplacé Nick Mallett. « C’était la première fois que nous jouions à l’Olimpico (et non au stade Flaminio, beaucoup plus petit, NDLR), et nous avons réalisé le match parfait », se rappelle Sergio Parisse, inamovible capitaine. « J’ai inscrit un essai assez rapidement, mais les Français sont revenus. Et puis, à l’heure de jeu, nous relançons de nos 22 m et c’est Martin Castrogiovanni (pilier) qui aplatit le deuxième essai qui fait basculer la partie en notre faveur. »

L’Italien décrit cet essai pour mieux souligner l’évolution du jeu azzurro. « Nous sortions de l’ère Nick Mallett où l’accent était porté sur la défense et le jeu au pied. Jacques (Brunel) a apporté plus de liberté dans le jeu. Et nous avions alors un bel équilibre entre une défense solide et l’envie d’attaquer, de se lâcher. Cette année là, ça a payé, puisqu’en plus de la France nous avons battu l’Irlande (22-15, NDLR) ».

© 2023 AFP

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