Bayonne, 10 sept 2023 (AFP) – Décomplexé depuis son succès historique face aux Fidji (30-27) en 2019, l’Uruguay « n’est pas qu’un pays de foot », comme l’affirme à l’AFP son deuxième ligne Manuel Leindekar, ravi de la place prise par « Los Teros » avant le match face à la France dans le Mondial-2023, jeudi à Lille.
Q: Hormis en 2015, l’Uruguay a toujours remporté un match à chaque fois qu’elle se présente en Coupe du monde. Est-ce à nouveau votre intention?
R: « Exactement, l’objectif est de gagner un match. Voire deux! On s’est fixé un grand objectif car il faut rêver grand pour réussir. Si tu finis troisième dans ta poule, tu es directement qualifié pour la Coupe du monde d’après, ça te laisse quatre ans pour la préparer, un truc qui n’est jamais arrivé à l’Uruguay. Ça aide beaucoup les petites nations pour pouvoir se préparer avec tous les moyens et surtout le temps nécessaire. »
Q: Vous aviez fait sensation en 2019 en battant les Fidji (30-27). Ce match vous a-t-il fait changer de dimension?
R: « Oui, le monde a vu ce dont on était capable. On s’est rendu compte que l’Uruguay n’est pas qu’un pays de foot, il y avait aussi le rugby et qu’on s’accroche même si on a des petits gabarits. On n’est pas l’équipe la plus costaude mais on a beaucoup d’envie, beaucoup de courage lors des matches importants. »
Q: Avez-vous plus de certitudes qu’en 2019?
R: « Oui, car pour cette édition, on s’est qualifié avec deux ans d’avance, en tant que +Amérique 1+. Ils ont ouvert les portes et on est rentrés. Avant on ne pouvait pas car +Amérique 1+, c’était automatiquement pour une nation de l’Amérique du Nord. Cette année, ils ont donné un peu plus de place aux pays du Sud pour avoir un peu de concurrence et les pays d’Amérique du Sud ont pris les deux places en jeu (Uruguay comme +Amérique 1+ et Chili comme +Amérique 2+, NDLR). C’est un chamboulement historique, une fierté. »
Q: Est-ce un peu spécial d’être dans la poule de la France et de la Nouvelle-Zélande?
R: « Jouer les Blacks, c’est un grand plaisir, un rêve que tous les rugbymen ont eu à un moment de leur vie, moi en particulier depuis que je suis jeune. J’ai vécu à la télé la belle époque des Blacks, j’ai rêvé de ça pendant des années. Du coup, ça doit être exceptionnel de les affronter. Et personnellement, jouer la France, en France, où j’habite depuis sept ans, un pays qui m’a beaucoup appris, une culture que j’aime beaucoup… C’est fantastique. Il y a aussi l’Italie et la Namibie. On parle souvent de ce match avec Torsten van Jaarsveld, mon coéquipier namibien à Bayonne. Ça va être un bon moment. Lors de cette Coupe du monde, on veut montrer ce que l’on vaut, qu’on est là pour attaquer, pour jouer et pas que défendre contre les grandes nations. »
Q: Pour performer avec l’Uruguay, vaut-il mieux évoluer à l’étranger ou au pays?
R: « La ligue professionnelle d’Amérique du Sud est d’un très bon niveau pour les jeunes. Pour les joueurs qui veulent avoir plus d’expérience et vivre leur vie à fond dans le rugby, je conseille de venir en Europe mais les opportunités pour nous sont peu nombreuses. L’avantage en France par exemple, c’est de venir jeune afin d’obtenir le statut de Jiff (jeunes issus des filières de formation, NDLR). Je n’avais pas la notion de l’importance d’être Jiff au début mais maintenant je me rends compte que c’est l’un des meilleurs choix que j’ai fait. »
Q: Quelle place occupent ‘Los Teros’ aujourd’hui en Uruguay?
R: « On commence à avoir une identité un peu plus marquée. L’Uruguay est un pays où le foot est plus qu’un sport: une tradition, une religion, une façon de vivre, c’est dans la culture, on est né avec. Chez nous, dès que tu commences l’école, à la récré, il y a un ballon de foot et on joue tous au foot, tout le temps. Même si tu ne veux pas, tu commences par le foot. Le rugby ne peut pas se comparer mais comme deuxième sport, ça commence à monter, à avoir de la visibilité. »
Propos recueillis par Raphaël PERRY
© 2023 AFP
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