Montoya, Taylor, des talonneurs passés de l’ombre à la lumière

Julian Montoya

Les talonneurs argentin Julian Montoya et néo-zélandais Codie Taylor, qui s’affrontent vendredi en demi-finale du Mondial-2023 au Stade de France, ont dû patienter bon nombre d’années avant d’assoir leur place de titulaire en sélection, devancés par des légendes à leur poste.

A 29 ans pour Montoya, 32 pour Taylor, les deux joueurs sont enfin, lors de la Coupe du monde en France, passés dans la lumière, eux qui étaient, lors de leur carrière internationale longue de près de dix ans, à l’ombre des autres.

Le All Black Codie Taylor (36 ans) a connu sa première sélection sous le maillot noir en 2015. Il était alors en concurrence avec un monstre à son poste, Keven Mealamu, 132 sélections, quatre Mondiaux disputés, dont deux titres en 2011 et 2015.

A un poste énergivore, où le remplaçant est amené à jouer au moins 20 à 30 minutes par match, Taylor a également dû se partager ces petits bouts de rencontre avec Dane Coles, le N.2 des N.2 néo-zélandais, qui a continué de lui barrer la route, une fois Mealamu à la retraite.

– Montoya longtemps doublure de Creevy –

Taylor, qui dispute probablement son dernier Mondial, n’a été titulaire « que » 50 fois en 83 sélections, et ce, en raison des nombreux pépins physiques de Coles tout au long de sa carrière.

Les chiffres sont encore plus éloquents pour le Puma Julian Montoya, qui a débuté sa carrière internationale, un an avant Taylor, en 2014.

Le capitaine argentin compte 91 sélections, mais seulement 43 titularisations, barré par une autre figure du rugby mondial, Agustin Creevy (38 ans), 106 sélections depuis 2005, ancien capitaine des Pumas, qui avait également dû patienter longtemps avant de trouver sa place alors que le poste de talonneur de l’Argentine était accaparé par Mario Ledesma.

Si Taylor et Montoya ont donc dû attendre que leurs illustres ainés daignent leur céder la place, c’est aussi parce que talonneur au rugby réclame une maturation bien plus importante que n’importe quel autre poste de l’équipe.

-un poste qui nécessite de l’expérience-

« Au poste de talonneur, il n’y a pas d’improvisation possible. C’est un métier qui nécessite de l’expérience » expliquait récemment William Servat, entraîneur des avants de l’équipe de France, après en avoir été le talonneur 49 fois, entre 2004 et 2012.

« C’est un poste qui demande beaucoup d’explosivité et une certaine intelligence de jeu où l’âge permet de sentir des choses qu’on ne sent pas trop quand on est un jeune joueur. Le pendant de cette expérience est que ce temps passé en sélection risque d’être plus court que celui des autres » détaillait-il encore.

Et si Taylor et Montoya, titulaires indiscutables désormais, ont pris la pleine mesure de leur poste, ils doivent encore faire avec Coles et Creevy, les « papys » qui font de la résistance, présents dans les groupes All Black et argentin lors du Mondial en France.

Mais Taylor ne semble pas rancunier avec Coles qu’il a taquiné après les deux essais marqués par ce dernier face à l’Italie lors de la phase de groupe: « C’est toujours sympa de voir ‘un vieux schnock’ réussir ce genre de choses à son âge (36 ans) ».

Sereins, enfin dans la lumière, Taylor et Montoya ont l’occasion de se mettre en évidence dans la dernière ligne droite vers le titre mondial.

Il leur faudra bien viser, leur fenêtre de tir est courte.

© 2023 AFP

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