Mondial-2023: On ne parle plus seulement des piliers géorgiens, se félicite Gorgadze

Gorgadze

« Au départ, on ne parlait que des piliers géorgiens » mais la perception de la Géorgie « change », déclare à l’AFP Beka Gorgadze, troisième ligne de Pau et capitaine des « Lelos », en gros progrès ces dernières saisons et qui font face à « beaucoup plus d’attentes » de la part de leurs supporters.

Q: Qu’est-ce que ça représente de porter le maillot de la Géorgie, pour vous qui évoluez en France depuis 2015 ?

R: « C’est beaucoup de fierté. On est un tout petit pays et avoir la possibilité de le représenter tout autour du monde, c’est un grand honneur. On a vécu et on vit encore des moments difficiles, alors pouvoir donner de la joie au peuple géorgien, à nos familles, nos amis, c’est l’une des meilleures sensations que je puisse éprouver. La fraternité qui se dégage de notre équipe est dans notre nature, ce n’est pas quelque chose d’artificiel. On a envie de défendre le maillot, notre pays, de rendre les gens fiers et contents. Nous sommes conscients que ce n’est pas toujours facile de vivre là-bas. Le moindre geste qui peut compter, on a envie de le faire. Ça sera toujours un honneur de porter ce maillot. »

Q: Le sentiment patriotique semble plus développé dans votre pays qu’en France ?

R: « Oui, c’est lié à notre histoire. C’est grâce à ce patriotisme que notre nation existe. Tous les empereurs ont voulu soumettre la Géorgie, annexer le territoire. Et ça continue malheureusement avec la Russie. On a toujours pu survivre. Cet attachement est dans notre nature, notre sang. C’est ce qui nous fait tenir aujourd’hui et pour longtemps encore. Si vous vous promenez en Géorgie, vous verrez beaucoup de drapeaux aux fenêtres, plus qu’en France. Et depuis l’an dernier, il y a aussi des drapeaux de l’Ukraine pour les soutenir. »

Q: Quel regard portez-vous sur les progrès des « Lelos » depuis votre premier Mondial, en 2003 ?

R: « La saison dernière, on a écrit les premières pages d’une grande histoire en battant le pays de Galles et l’Italie, deux nations du +tier 1+, pour la première fois. C’est ce qu’on pouvait faire de mieux pour notre peuple, pour notre génération de joueurs et pour l’histoire du rugby en Géorgie. Derrière la vitrine, le rugby est de plus en plus reconnu, de plus en plus populaire. Les joueurs qui évoluent à l’étranger font aussi office de modèle. Quand j’ai commencé, nous n’étions que quatre joueurs dans mon groupe d’entraînement. Aujourd’hui, mon premier club compte peut-être 200 enfants. La formation porte ses fruits. Pour résumer, au départ, on ne parlait que des piliers géorgiens. Puis des deuxièmes ou troisièmes lignes. Mais désormais il y a des demis de mêlée qui émergent, des trois-quarts qui changent la perception du rugby géorgien. Il n’y a que du positif. »

Q: Participer au Tournoi des six nations est-il un rêve ?

R: « En étant réaliste, je pense que cela ne va pas arriver de si tôt. Il faut avoir beaucoup de poids pour y prétendre. Ce n’est pas World Rugby qui gère le Tournoi, c’est une société commerciale. Je ne suis pas pessimiste de nature mais je ne m’attends pas à voir la Géorgie intégrer le Tournoi sur le court terme. Mais je veux jeter les bases pour le futur. On a écrit un chapitre la saison dernière, à nous de continuer au maximum pour faire parler de la Géorgie et entr’ouvrir la porte. »

Q: Comment qualifier votre groupe C avec l’Australie, les Fidji, le pays de Galles et le Portugal ?

R: « Je pense qu’en Coupe du monde, il n’y a jamais de poule facile, encore moins pour une équipe comme la nôtre. Mais, cette fois, il y aura beaucoup plus d’attentes à notre égard, au pays comme dans le monde entier. Si j’ai le sentiment qu’on est une nation appréciée dans le monde du rugby, je crois qu’on aura une cible sur le dos. Il ne faudra pas prendre ça comme une pression supplémentaire mais que ça nous motive. En Coupe du monde, il y a toujours des surprises. Notre challenge est de réussir nos meilleures performances à chaque fois, on n’aura pas de deuxième chance. Ça va être la folie de jouer notre premier match au Stade de France contre l’Australie, une enceinte que je ne connais pas. On n’aura rien à perdre. »

Propos recueillis par Grégory LETORT

© 2023 AFP

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