Paris, 15 oct 2023 (AFP) – Auteur d’un essai et capable de se démultiplier pour écoeurer les Irlandais samedi soir au Stade de France, Ardie Savea incarne l’âme retrouvée des All Blacks, redevenus des favoris indiscutables dans leur quête d’un quatrième sacre mondial.
Dans l’euphorie consécutive à un match d’une intensité terrible, le N.8 néo-zélandais s’est montré presque gêné au moment d’évoquer sa prestation majuscule, récompensée par le trophée d’homme du match.
« Je ne sais pas si c’était ma meilleure performance, j’essaie juste de donner le meilleur sur le terrain pour l’équipe », a-t-il déclaré.
Cela s’est vu aux quatre coins du terrain, quand le troisième ligne (79 sélections) a mis son énorme moteur en route pour participer avec brio au chef d’oeuvre des siens, tombeurs du XV du Trèfle (28-24) en quart de finale du Mondial organisé en France.
– Anniversaire –
Le natif de Wellington (1,90 m, 103 kg), qui fêtait ses 30 ans samedi soir, s’est offert un match énorme en guise de cadeau, ponctuée d’un essai.
En position d’ailier, le joueur des Hurricanes, qui fera une pige de quelques mois au Japon, avec les Kobe Steelers, après le Mondial, a conclu un temps fort néo-zélandais pour redonner huit longueurs d’avance aux Blacks après 33 minutes (18-10).
Les bras en croix, Savea a adressé un cri rageur en direction du public, en grande partie acquis à la cause irlandaise.
Il a mis son équipe sur le chemin de l’avancée, affichant de très belles statistiques offensives: 15 ballons portés, 95 mètres parcourus sur ces mêmes ballons.
Des séquences dans la peau d’un ailier donc, mais aussi des fulgurances de demi de mêlée, quand il s’est permis d’envoyer quelques ballons au pied dans le ciel de Saint-Denis pour sortir les siens de la nasse irlandaise.
« C’est l’instinct, c’est un peu ça, le rugby. C’est parce que quand j’étais petit, je jouais 10 (ouvreur) donc ça m’a aidé », a-t-il expliqué en toute simplicité.
Mais Savea n’a pas non plus oublié de défendre face aux N.1 mondiaux, et a su sortir la cisaille quand le besoin s’en est fait sentir, avec 14 plaquages réussis.
« Il a eu un gros match défensif, il a réussi quelques bons plaquages. Et réussi à gratter quelques ballons », a souligné son coéquipier Sam Whitelock après le match.
Ce dernier n’a pas été en reste dans le domaine, puisque c’est lui qui a contesté le dernier ballon d’attaque des Irlandais, après un total impressionnant de 37 temps de jeu au cours desquels ils n’ont jamais réussi à percer la muraille noire.
« Franchement, il va falloir que j’aille revoir tout ça parce que j’étais tellement dans le feu de l’action que je ne m’en souviens pas. Je me souviens juste de Sammy Whitelock qui est allé gratter le ballon de la gagne et ouais, là j’étais comme un dingue », a savouré Savea.
– Comme Julian ? –
Après la défaite inaugurale face au XV de France début septembre (27-13), le N.8 à la fougère argentée se montrait combatif. « Nous avons perdu une bataille ce soir, mais il nous reste une guerre à gagner. »
Des propos martiaux qu’on pouvait lire sur son visage ensanglanté, marqué par l’effort et le soulagement, lorsque l’arbitre a renvoyé les 30 joueurs aux vestiaires, propulsant du même coup la Nouvelle-Zélande vers une neuvième demi-finale en dix éditions de la Coupe du monde.
Un trophée que Savea n’a jamais remporté, à l’inverse de son grand frère, Julian, couronné en 2015.
Pour y parvenir, les triple champions du monde devront d’abord venir à bout des Pumas argentins vendredi soir. Mais la perspective de la demi-finale semblait lointaine pour Savea, dans les entrailles du Stade de France, après sa performance.
« Là, j’ai juste envie de rentrer chez moi, prendre ma femme dans mes bras, aller au lit et récupérer demain (dimanche) », soufflait-il.
Avant de repartir au combat.
© 2023 AFP
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