Sexton ou O’Gara, la grande question irlandaise

o'gara sexton

Qui est le plus fort, Johnny Sexton ou Ronan O’Gara ? La question qui agite régulièrement l’Irlande fera encore l’objet de débats acharnés samedi lors du Mondial-2023, alors que Sexton a l’occasion contre les Tonga de battre le record de points de son glorieux prédécesseur.

Avec 1074 points inscrits sous le maillot vert, il suffit que le génial ouvreur du Leinster en marque encore dix pour passer devant son ancien rival du Munster (1083 unités), et ainsi relancer le grand débat dans les pubs.

Eléments de comparaison entre ces deux légendes du XV du Trèfle avant Irlande-Tonga à Nantes.

Créativité et gestion

Les Irlandais sont d’accord, chacun incarne le jeu de sa province.

Sexton vient du Leinster et des faubourgs de Dublin où le jeu est roi. Ses courses et sa créativité en ont fait l’un des attaquants les plus dangereux du rugby. Gaillard et agressif, il est aussi réputé pour sa défense.

O’Gara a été formé dans le rural Munster, réputé pour ses vaches laitières et ses avants. Sa palette de coups de pied et sa gestion des temps de jeu en ont fait un stratège exceptionnel, capable de sublimer les prouesses de son pack par son intelligence tactique.

Relation houleuse

En 2009 et 2010, l’émergence de l’orgueilleux Sexton avait froissé le pointilleux trentenaire O’Gara.

Le public irlandais se rappellera ainsi longtemps de l’élimination du Munster par le Leinster en demi-finale de la Coupe d’Europe 2009. Sur l’essai qui scelle le match à Croke Park, une célèbre photo montre le jeune ouvreur hurler sa rage et sa joie au-dessus d’O’Gara au sol. Une attitude que Sexton a dit regretter des années plus tard en 2016.

Autre épisode marquant, en 2010, lors d’un match du Tournoi des six nations contre l’Ecosse: mécontent de sa prestation, Sexton refuse de laisser entrer son remplaçant O’Gara, préférant tenter une pénalité. L’échange filmée laisse deviner la colère et l’inimitié.

Les deux hommes ont ensuite cohabité (parfois sans se parler) dans le XV du Trèfle puis au Racing, où « ROG » était entraîneur-adjoint. A force de se cotoyer, les deux hommes se sont même rapprochés, au point de devenir « amis » selon Sexton.

Mais l’arrivée d’O’Gara comme entraîneur de La Rochelle a relancé le duel. A force de se croiser en Coupe d’Europe, les deux meilleurs ennemis ont repris leur rivalité, à l’image de leur altercation à la mi-temps de la finale remportée par les Maritimes en mai.

Grande bouche et perfectionnisme

Ce n’est rien de dire que les deux joueurs sont des compétiteurs dotés d’un ego dimensionné à la hauteur de leur popularité.

Selon Josh van der Flier, lui-même sacré meilleur joueur du monde en 2022, Sexton est « très exigeant » avec lui-même et ses coéquipiers.

En France, il garde la réputation d’un joueur « qui peut s’emporter » contre ses camarades, selon son ancien entraîneur au Racing, Laurent Labit (2013-2015).

Et ce sont aussi ses points communs avec O’Gara: grande bouche et perfectionnisme.

Le manager rochelais est une véritable pile électrique, hurlant et vociférant dans les stades, au point de se créer des inimitiés un peu partout en France.

Pour autant, à 46 ans, le Munsterman s’est un peu adouci avec les années, se faisant même protecteur avec ses joueurs. « Il a probablement fait une +auto-analyse+ », estimait ainsi son ancien coéquipier Marcus Horan, le pilier se rappelant d’un joueur « égoïste » qui « ne laissait rien se mettre en travers de son chemin ».

Palmarès plus étoffé pour Sexton

Avec ses 128 sélections de 2003 à 2013, « ROG » fait figure de patriarche. En tant que joueur, il ne dispose pourtant pas du palmarès de son successeur. Il n’a par exemple gagné qu’un Tournoi en 2009, mais avec un Grand Chelem à la clef.

En Coupe du monde, il n’a jamais dépassé les quarts de finale en trois participations. Il a aussi remporté deux coupes d’Europe avec les Munstermen.

De son côté, Sexton n’enregistrera « que » sa 115e sélection à 38 ans contre les Tonga. Mais il a tout gagné: quatre coupes d’Europe avec le Leinster, quatre Tournois avec l’Irlande, dont deux Grands Chelems, et un trophée de meilleur joueur du monde en 2018.

Si lui non plus n’a jamais dépassé les quarts de finale en Mondial, l’Irlande n’a jamais fait autant figure de favorite qu’en 2023. Un beau parcours en France pourrait faire pencher le coeur des Irlandais de son côté…

© 2023 AFP

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