Sur les traces de Charles Ollivon et Maxime Lucu, le duo qui fait la fierté de Saint-Pée

Doublure désignée d’Antoine Dupont, trop juste pour débuter vendredi face à l’Italie après sa fracture au visage, Maxime Lucu va enfin démarrer un match décisif en Bleu et, plaisir suprême, aux côtés de Charles Ollivon, son ami d’enfance basque qu’il a fini par rattraper.

Les deux internationaux sont nés à quatre mois d’écart en 1993 à Saint-Pée-sur-Nivelle, village de 7.000 âmes frontalier avec l’Espagne et terre de naissance de la chistera — le panier en osier des joueurs de pelote qui a donné son nom à la fameuse passe.

Leurs pères jouaient ensemble au Saint-Pée Union Club Rugby (SPUC), mais leurs trajectoires à eux se sont séparées quand le +Grand Charles+, destiné au haut niveau grâce à sa force et son gabarit, a pris à 15 ans la route de Bayonne.

Le petit Maxime s’est retrouvé tout seul trois ans avant que Biarritz, le club de son frère Ximum, ne le récupère à sa majorité.

Et les deux amis se sont retrouvés treize ans plus tard au Japon en juillet 2022, le jour des fêtes de leur village à 10.000 km de là, quand Lucu a vécu sa première titularisation en Bleu à 29 ans aux côtés d’Ollivon, international depuis 2014 et capitaine ce jour-là.

« Un privilège. Il avait une chambre seul, on ne pouvait pas être ensemble », sourit Maxime qui, sur Twitter (aujourd’hui X), résume alors ce moment: « Gravé à vie! »

C’est toujours face aux Japonais, quatre mois plus tard mais à Toulouse, que les deux font de nouveau la paire d’entrée avec, cerise sur leur gâteau basque, une percée du demi de mêlée qui sert intérieur son 3e ligne pour « l’essai de Saint-Pée ».

– Gagneurs avant tout –

« C’est comme ça que les médias l’ont appelé. Quelle fierté! » reconnaît Jean-Michel Ollivon, père de Charles (37 sélections, 15 essais inscrits, un record pour un avant français).

« Cette action, ils l’ont faite des centaines de fois en jeunes et la voir sur un match international, c’était l’apothéose », se souvient ému Michel Sein, leur entraîneur en minimes.

Fils d’un 2e ligne, Charles a toujours été grand. « Quand on arrivait dans les tournois, c’était +Il est là le grand Charles?+ Nous, on ne nous demandait pas si on n’était là », sourit Maxime. « Quand il était là, on avait vraiment un ascendant, on leur faisait peur grâce à lui ».

Fils d’un talonneur, l’espiègle Maxime, surnommé « l’anguille » pour sa capacité à se faufiler partout, « était très joueur petit, très à l’écoute, avec l’envie d’apprendre », se souvient Michel Sein.

« C’était un gagneur, ça se voit encore aujourd’hui »: en 17 sélections, Lucu a remporté… 17 victoires.

« Ce sont deux réussites », résume papa Ollivon, responsable de l’école du rugby et qui les a entraînés pendant huit ans. « On ne pensait pas du tout qu’ils allaient en arriver là car cela ne nous était jamais arrivé au club. Toucher le monde pro, déjà c’était énorme mais de là à toucher l’équipe nationale, c’était impensable ».

Avec leurs petits camarades du SPUC, copains de classe, de vie et de bêtises en tout genre, ils trustent les coupes et les trophées.

– A Marcoussis à 10 ans –

Au point d’être conviés au tournoi Super Challenge U10 organisé à Marcoussis, chose rare pour un petit club de province, avant d’assister le soir à un France-All Blacks au Stade de France.

« Pour ces gosses, c’était superbe, ils étaient ébahis, ils voyaient ça avec des yeux d’enfants. Ils en ont profité, ils se sont amusés et régalés », relate le père de Charles.

« Je n’avais pas forcément le rêve d’être rugbyman professionnel à ce moment-là car c’était fait pour les autres, pas pour nous », confesse Lucu. « Saint-Pée était un petit village, nos parents jouaient en équipe première en Fédérale 3 au mieux. Rêver d’être pro, c’est pour ceux qui jouaient à Biarritz et à Bayonne. Notre rêve premier était de jouer avec le maillot de Saint-Pée, comme l’ont fait nos parents ensemble ».

Sauf qu’à force de « marcher un peu sur tout le monde à l’école de rugby », Saint-Pée deviendra vite trop petit pour Charles. Comme plus tard pour l’acharné de travail qu’est devenu Maxime.

« C’est la politique que l’on menait à ce moment-là », rappelle Michel Sein. « Tous les joueurs avec un certain niveau qui étaient capables de monter, on ne se voyait pas les garder à Saint-Pée, on préférait qu’ils essayent de s’en sortir ailleurs. Ca a bien marché, non? ».

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