Sur les traces de Gaël Fickou, l’enfant de la cité Berthe

Gaël Fickou

Enfant précoce du rugby tricolore, Gaël Fickou n’était pas prédestiné au ballon ovale, lui qui a d’abord joué au foot au pied des tours de la cité Berthe, à la Seyne-sur-Mer, banlieue populaire de Toulon.

Avant de devenir le Bleu le plus capé du groupe qui dispute la Coupe du monde 2023, le centre a connu un parcours atypique dans cette ancienne cité ouvrière d’une ville qui connut la prospérité grâce aux chantiers navals, un quartier « difficile » selon ses mots, mais qui a forgé son tempérament.

« J’ai adoré ma jeunesse, j’ai beaucoup appris », raconte à l’AFP le joueur du Racing 92 (29 ans, 82 sélections). « C’était une cité difficile, il y a eu des moments très compliqués et beaucoup de problèmes mais j’ai essayé d’en faire une force ».

« J’y ai appris les valeurs du partage. Quand tu vis entre 30 ou 40 tours, collées les unes aux autres, tous ces jeunes comme moi, ça devient des amis. Ça t’apprend à être fort aussi parce que tu es tout le temps, en permanence, testé. Entre jeunes, ce n’est pas facile. On sait comment ça se passe. Ça m’a apporté beaucoup de valeurs qui m’ont aussi aidé par la suite dans ma vie personnelle », se souvient-il.

A l’école ou dans son comportement, ses parents ne lui laissaient pas le droit à l’erreur: « c’était très facile de faire des bêtises mais mes parents étaient très sévères. Ils étaient stricts avec nous car, quand tu grandis dans une cité, la moitié des enfants tourne bien et l’autre moitié a du mal à s’en sortir… »

Comme pour ses amis de l’époque, il a d’abord pratiqué le football. « On lui prédisait un bel avenir dans le foot », se souvient son oncle Léon Loppy auprès de l’AFP. « Il était déjà impressionnant physiquement lorsqu’il était jeune, ça a toujours été un athlète ».

Et à l’en croire, « il a commencé le rugby par hasard et ça lui a plu ».

C’est en effet en suivant son frère Jérémie que le jeune Varois fait ses débuts sur les pelouses de rugby. Avec le maillot de l’Union sportive seynoise sur les épaules, Gaël montre les mêmes aptitudes physiques que sur un terrain de foot et l’écho de ses prouesses dépasse largement les limites de la commune.

– « Très attaché à sa ville » –

En 2009, il n’a que 15 ans quand le RC Toulon parvient à l’attirer au sein de son centre de formation. Dans cette ville folle de rugby au coeur d’une région dingue de foot, le chemin n’est pas tout tracé pour lui, comme l’explique son oncle, lui-même ancien du RCT.

« A l’époque, il y avait beaucoup de stars à Toulon, c’était compliqué pour un jeune joueur de s’introduire en équipe première. C’est pour ça qu’il est parti. »

C’est donc à Toulouse, à partir de 2012, que le centre amorce son ascension fulgurante: il débute en Top 14 à 18 ans, en équipe de France quelques mois plus tard et s’impose rapidement en leader dans ses différents clubs comme en sélection. Il est aujourd’hui un des porte-drapeaux du XV de France.

Pour autant, le natif de La Seyne-sur-Mer n’oublie pas d’où il vient. Il affiche une fidélité à toute épreuve, que ce soit envers ses amis, sa famille, sa ville mais aussi les enfants de son quartier.

« Il est très attaché à sa ville, il essaye de lui rendre ce qu’elle lui a donné, comme à son club. Les gamins ont de la chance d’avoir quelqu’un qui fait beaucoup pour eux. Il se sert du rugby comme support mais il veut leur permettre de s’en sortir par rapport à ce qu’il a vécu. C’est un bonheur pour lui de leur tendre la main », confie encore Loppy.

Président de son club de coeur, l’US Seynoise, depuis 2019, Fickou participe également au quotidien aux actions de l’association « Mêlée Crampons » qu’il a créée avec son frère pour aider les enfants issus du même quartier que lui. Une vingtaine de jeunes Seynois a d’ailleurs fait le chemin jusqu’au Stade de France en mars pour assister au match du Tournoi des six nations entre les Bleus et le pays de Galles.

© 2023 AFP

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