Cematch Béziers-Grenoble sentait la poudre. Défaits en début d’année par Neversqui avait réussi le tour de force de s’imposer sur la pelouse Raoul Barrièresur un score sans appel de 44 à 17, les Biterrois avaient beaucoup à se fairepardonner auprès de leur public après un tel revers et, d’autant plus, qu’ilsavaient encore connu la déroute à Colomiers : 25 à 0. Très rapidement, encoulisse, on annonce un début de crise au sein du club et, forcément, lapression est mise sur les joueurs qui déclarent vouloir réagir au plus vitepour l’éteindre. La tension est montée d’un cran durant la semaine àl’entraînement en terre biterroise comme on l’imagine à travers les propos dePierre Bérard qui déclare sur Rugbyrama « Nous sommes conscients que Grenoble est un match charnièrequi compte “double” on va dire. Il peut soit nous relancer dans du positif,soit nous appuyer un peu plus la tête sous l’eau. Mais pour moi il n’y a pasencore de quoi s’inquiéter. On a le soutien des dirigeants. C’est sûr que çarouspète un peu après les dernières rencontres, du côté des supporters aussi.Je pense que ça leur fait mal de voir leur club de cœur subir deux largesdéfaites. Sans qu’ils nous le disent, nous savons qu’ils sont tristes et un peuagacés par la situation. Mais on sait aussi qu’ils seront encore derrière nousvendredi ! A nous de répondre présent sur le terrain pour raviver laflamme. »
Pourrépondre à une équipe en proie au doute, et surtout blessée dans sa chaire auplus profond d’elle-même, Stéphane Glas, bien conscient que son équipe allaitêtre sous le joug d’une équipe revancharde et prête à tous les sacrifices, ilavait prévenu ses joueurs : « Dèsl’entame, il faudra être présent dans le combat, dans l’agressivité, êtreconcentré parce qu’une fois que ces matchs-là commencent à vous échapper, c’esttrès compliqué pour revenir. »
Il devait avoir encore à l’esprit le match, d’ily a deux ans, joué à Béziers en hiver, où Grenoble avait été pris à lagorge dès l’entame, mené rapidement 10 à 0. Ironie du sort, le contexten’était, d’ailleurs, pas si éloigné que celui d’aujourd’hui : même arbitrede la rencontre, Grenoble dans les premières places (deuxième), Béziers, enmilieu de tableau (septième) mais, à la différence, les Biterrois étaient surune autre dynamique que maintenant. À l’issue du match, Grenoble avait pris l’eau de toutepart s’inclinant lourdement 38 à 8, ce qui avait particulièrement agacé FabienAlexandre : « l’engagement y était, on a combattu mais pascollectivement. Nous n’avons pas gagné une mêlée en seconde mi-temps. Onn’arrive pas non plus à tuer nos actions à cause d’imprécisions. ». Entreces deux périodes, un monde sépare l’équipe de Grenoble d’aujourd’hui aveccelle d’il y a deux ans.
La mêlée, quoi que montrer récemment du doigt à Aurillac,n’a pas subi, n’a pas cédé face à une mêlée biterroise souvent reconnue commeune référence en la matière. Une seule fois pénalisée, la mêlée grenobloise atenu tête, a permis de sortir de très bons ballons d’attaque. La touche, quiavait aussi été défaillante à Aurillac, a été royale. Le retour de ClémentAncely dans l’alignement n’y est pas étranger à ce bon rendement, de même quele travail entrepris à l’entraînement. Les lancers, vifs, propres d’EtienneFourcade (excellent vendredi, rien à voir avec son match d’Aurillac), de LilianRossi (toujours très bon) ont trouvé les trois principaux preneurs (MickaëlCapelli, Clément Ancely, Steeve Blanc-Mappaz) avec des prises à deux mains,sans oublier les 3 ou 4 ballons volés sur lancers adverses. Et que dire desportés qui ont fait un mal fou à la défense héraultaise.
S’il y a deux ans Grenoble avait été pris dans les rucks, là, ce ne fut pas le cas. L’agressivité mises dans le combat au sol a permis des libérations rapides par Jérémy Valençot (excellent vendredi soir), qui a su distribuer les bons ballons. Conséquence, Grenoble avait de l’avance sur la défense de Béziers, qui pour éviter le pire, se mettait à la faute. Et comme, Gaëtan Germain, dont le retour avait dû être programmé pour ce match clé, était en réussite, Grenoble avait des atouts bien supérieurs à ceux à Biterrois. Et si en plus, à cette force de frappe, vous ajoutez un demi d’ouverture qui sent les bons coups et la vista pour les réussir, vous obtenez une équipe bien supérieure à celle qui occupe le milieu de tableau, et qui, plus est, est sous pression. Victoire logique de Grenoble. C’était vendredi, la victoire du plus fort.
Protin Frédéric
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