Qui aurait pu imaginer un tel scénario quand on repense à cematch contre Colomiers ? Deux déplacements périlleux et deux victoiresavec beaucoup de caractère ! Cependant, pour ces deux déplacements, lespronostics n’étaient pas favorables, et malgré tout, les Isérois ont réussi àles déjouer chez des adversaires qui ont parfaitement démarré leur saison pardes victoires tonitruantes. Au cours du match contre Colomiers, comme l’asignalé Lucas Dupont : « nous avions abordé la rencontre sans avoirpeur », les Grenoblois ont eu la possession du ballon, ont campé dans lecamp des Haut-Garonnais mais se sont s’essoufflés à vouloir jouer quasiment tousles ballons à la main, sans doute pour faire plaisir au public et pensant quecontre une équipe de Pro D2, cela suffirait à gagner. Sauf qu’après coup, leTop 14 n’est pas le Pro D2. Honteux et en colère contre eux, les joueurs ont surapidement changer leur fusil d’épaule et travaillé autrement pour s’adapteraux nouvelles exigences du ProD2. Pour le moins que l’on puisse dire, lemessage a été reçu cinq sur cinq, ou plutôt deux sur deux ! Ce deux surdeux à l’extérieur fait vraiment plaisir et comble de bonheur les supporters duFCG.
Cette deuxième victoire, fruit de pragmatisme etd’intelligence dans la stratégie, montre qu’il s’est passé bien des choses dansla tête des joueurs depuis ce loupé inaugural le 23 août. Attention, tout n’estpas parfait loin de là, notamment dans la réalisation, il y a encore desréglages à faire pour corriger les scories.
Contre Carcassonne, le très bon jeu de pression au pied etla solidarité en défense ont permis la victoire malgré un nombre incalculablede fautes en tout genre : en-avant, pénalité grossière sur hors-jeu,pénalité en mêlée, deux cartons dont un rouge ! L’abnégation et leréalisme auront fait la différence ainsi que la qualité technique de certainsjoueurs. Contre les Provençaux, deuxième au classement après leur exploit à Mont-deMarsan et contre Perpignan à la maison, excusez du peu, Grenoble se présentaitsur la pointe des pieds au stade Maurice-David et avec, cette fois, la peur auventre. Redoutant le très bon rugby des Aixois, basé sur une très bonne mêlée,un très bon buteur et des attaquants en jambe, les Isérois ont pris consciencequ’ils devaient absolument améliorer leur contenu s’ils ne voulaient pas seprendre une nouvelle fois les pieds dans le tapis comme les Catalans l’avaientfait la semaine précédente dans les Bouche-du Rhône. C’était le message de SylvainBégon passé à ses joueurs dans la semaine. Message reçu cinq sur cinq !
Dès l’entame, les Grenoblois mettent la pression sur lesAixois dans leur camp les contraignant à se dégager au pied et donc, deredonner le ballon à l’adversaire. Belle aubaine pour ce dernier et le jeu aupied d’Enzo Selponi qui trouve une excellente touche à 10 m de la ligned’en-but des Noirs. Toujours sous la pression des Grenoblois, les Provençauxn’ont d’autre recours que de renvoyer le ballon mais sans trouver la touche.Lucas Dupont sent le bon coup, passe le ballon à Gaëtan Germain qui transpercela défense en cassant un plaquage. Clément Ancely, qui a bien suivi, récupère lamagnifique remise intérieure au cordeau de Gaëtan et file à grandes enjambéesderrière la ligne. 7 à 0 au bout de deux minutes, cela ne pouvait pas mieux démarrer! Cet essai, plein de maîtrise et de sang-froid, a refroidi très rapidement lesardeurs du public et des joueurs de Fabien Cibray, qui ont vite compris queGrenoble n’étaient pas venus en touriste pour manger les Calissons deProvence !
Cette action résume à elle seule la stratégie payante du FCGcontre les Provençaux. Comme à Carcassonne, les Grenoblois ont exercé une trèsgrosse pression sur leur adversaire les agressant intelligemment, mais cettefois, sans se mettre à la faute ! la défense a été royale par moment. Lesrideaux défensifs totalement complémentaires empêchaient tout franchissement.Systématiquement, les attaquants ou autres porteurs de balle venaient buttersur une défense très réactive avec des joueurs très mobiles, se replaçantrapidement pour former la ligne, et surtout ne loupant aucun plaquage. Face àce mur rouge et bleu, on sentait que les Aixois étaient perdus sur le terrain. Indéniablement,cette très bonne défense aura été une des clés du succès des Isérois.
Autre élément point positif, déjà vu à Carcassonne, c’est laqualité du jeu au pied. Le magnifique jeu au pied d’Enzo et de Gaëtan tout aulong de la partie a coupé net l’élan des Aixois, les repoussantsystématiquement chez eux, ce qui leur a mis le doute dans la tête. Il y alongtemps que l’on n’avait pas vu un jeu au pied d’une telle qualité et parfaitementexécuté. Autre chose intéressante, c’est la complémentarité dans la stratégiedu jeu au pied, Gaëtan, étant dans un registre de dégager son camp, logiquepuisqu’il est arrière, et Enzo distillant des très bons ballons d’occupation,logique, en tant que demi-d ’ouverture.
Depuis les deux premières rencontres, la mêlée malmenée etcritiquée à juste titre puisque pénalisée à maintes reprises, a complétementrectifié le tir. Cette défaillance, qui n’a pas échappé à l’œil averti deNicolas Zanardi, journaliste du midol, qui titrait dans son article d’avant match :« Grenoble, conquête à corriger ». Il écrivait vendredi dernier :« La mêlée du FCG ne présente pour l’heure pas les mêmes gages d’assuranceà l’échelon inférieur. Le barrage contre Brive avait à ce titre levé quelquesinterrogations, que les premiers matchs contre Colomiers et à Carcassonne n’ontfait que confirmer. […] De quoi donner raison à ceux qui estiment qu’en termede mêlée pure, la Pro D2 est supérieure au top 14 ».
Ayant échangé autour de ce problème avec Jean-Noël Perrin, il me disait que les premières lignes de Pro D2 jouent avec plus de vice, plus de roublardise, ce qui n’est pas toujours vu par les arbitres qui ne disposent pas de la vidéo. Il me signalait que ses joueurs doivent s’adapter aux nouvelles mêlées de Pro D2 si particulières ainsi qu’à l’arbitrage parfois totalement déroutant. Contre Aix, la première ligne grenobloise (Jacquot-Bouchet-Kubriashvili) a fait jeu égal avec celle composée de joueurs expérimentés (Montés, Jammes, Taumalolo) et n’a pas été pénalisée. De plus, tous les ballons sur introduction grenobloise ont pu sortir parfaitement. D’ailleurs, c’est sur l’un d’eux qu’est venu le deuxième essai grenoblois. Une mêlée qui avance, Lilian Saseras qui éjecte pour Lucas Dupont qui remet intérieur à Alaska Taufa. Une course rageuse, un plaquage cassé, un coup de rein, essai cinquante mètres loin ! 10 à 26 à moins de 10 minutes de la fin du match, celui-ci était plié.
Autre secteur de la conquête qui a bien fonctionné, c’est latouche, à l’exception de deux ballons perdus, d’où de bons lancements du jeu,plus et un ballon contré une touche dangereuse.
En somme le plan de jeu mis en place durant la semaine aparfaitement fonctionné, ce qui permet de rassurer de nombreux supporters quantaux capacités de cette équipe. Attention, cependant à ne pas trop s’enflammer,le marathon du Pro D2 ne fait que commencer. Nous n’en sommes qu’à la troisièmeétape, le chemin est encore long. La semaine prochaine, Grenoble reçoitAurillac, qui après avoir enchaîné deux succès consécutifs, a été croqué àdomicile par les Biterrois (20- 24). Je serai tenté de dire, pour reprendre lespropos d’Urios, qui, après avoir félicité ses joueurs qui ont humilié lesCastrais chez eux, disait : « humilité, humilité, buvez une bière,écouter de la musique, mais de la bonne. Lundi, on reprend le boulot, il y auramatch la semaine prochaine ».
Au classement, les favoris se tiennent dans un mouchoir de poche. Grenoble est à deux petits points du leader oyonnaxien, défait chez les Bretons vannetais. Après trois journées, il n’y a plus aucune équipe invaincue. L’indécision sera de mise tout au long de la saison dans ce championnat Pro D2 qui s’annonce passionnant.
Protin Frédéric
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