Le 14 novembre 2020 restera pour toujours dans l’histoire du rugby argentin le jour où les Pumas ont réussi l’exploit de battre la Nouvelle-Zélande (25-15), un rival qu’ils retrouveront en demi-finale de la Coupe du monde vendredi au Stade de France.
Face à la supériorité historique des All Blacks — en 36 face-à-face, les Néo-Zélandais ont remporté 33 rencontres dont les trois en Coupe du monde –, les hommes de Michael Cheika devront se surpasser pour venir à bout d’une des plus grandes équipes de l’histoire du rugby.
Alors, quand débute l’édition 2020 du Rugby Championship, le tournoi annuel des quatre grandes nations rugbystiques de l’hémisphère sud, réduit à trois cette année-là, l’Afrique du Sud étant incapable d’être prête à temps à cause de la pandémie de Covid-19, les Argentins soint loin d’être favoris.
Pourtant, le 14 novembre 2020 à Sydney, les hommes de Mario Ledesma surclassent les Blacks (25-15), brisant un cycle de plus de 35 ans de défaites commencé à Buenos Aires le 26 octobre 1985 (33-20).
– Nicolas Sanchez, impérial –
Bien entrés dans le match, les Pumas mènent largement à la pause (16-3) grâce à leur demi d’ouverture Nicolas Sanchez, qui marque un essai, le transforme et passe trois pénalités.
Malgré deux essais des Blacks signés Sam Cane et Caleb Clarke, les Argentins tiennent bon et Nicolas Sanchez, encore lui, enchaîne les pénalités pour permettre aux bleu et blanc de préserver leur avance jusqu’au coup de sifflet final.
« Aujourd’hui, j’étais fier de représenter mon pays. Ce que j’ai ressenti dans les dernières minutes en regardant la défense, la préparation, les gens qui ont été présents dans les mauvais moments, c’est incroyable. Je veux remercier tout ceux qui étaient là quand ça n’allait pas », avait déclaré l’ouvreur, faisant référence aux difficultés rencontrées pendant la pandémie, qui a entraîné, entre autres, la disparition des Jaguares, franchise qui constituait le principal vivier de l’équipe nationale.
Mario Ledesma, le sélectionneur, avait lui aussi réagi, très ému par cette victoire historique: « C’est surréaliste ce qu’il s’est passé. Certains joueurs n’ont pas vu leur famille depuis des mois. Je pense que nous nous en souviendrons longtemps ».
A l’issue de ce match, loin des préoccupations sportives, les Pumas sont pris à partie pour leur hommage à Diego Maradona, mort trois jours plus tôt, jugé trop sobre par rapport à celui des Néo-Zélandais qui avaient offerts un maillot floqué au nom de la légende du football argentin.
Des critiques qui coïncident avec la suspension pour quelques jours du capitaine Pablo Matera, Guido Petti et Santiago Socino, après la découverte d’anciens tweets xénophobes.
– Première finale de leur histoire ? –
Les Blacks, vexés de ce revers, prennent leur revanche en battant deux semaines plus tard les Argentins 38 à 0.
Englués dans une spirale négative, les Pumas vont enchaîner ensuite les mauvais résultats, et le sélectionneur Mario Ledesma démissionne début 2022, remplacé par l’Australien Michael Cheika, sixième étranger à la tête des Pumas.
A près d’un an du Mondial-2023, Cheika, qui avait déjà mené l’Australie en finale du Mondial-2015, remet en ordre de marche les Pumas, leur permettant de battre pour la deuxième fois en Rugby Championship les Néo-Zélandais, cette fois sur leurs terres, à Christchurch (25-18).
Plusieurs joueurs de l’exploit 2020, comme Nicolas Sanchez ou Julian Montoya, seront de nouveau sur le terrain vendredi, pour la troisième demi-finale de Coupe du monde de l’histoire de l’Argentine (après 2007 et 2015).
Les Argentins seront arbitrés par Angus Gardner, le même qui portait le sifflet lors de l’exploit du 14 novembre 2020 … un signe du destin qui pourrait mener les Pumas vers la première finale de leur histoire en Coupe du monde.
© 2023 AFP
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