Le bras de fer entre Laporte et Oudéa-Castéra continue

Paris, 22 déc 2022 (AFP) – Le feuilleton continue. Après un long entretien avec la ministre des Sports jeudi, Amélie Oudéa-Castéra, l’actuel président de la Fédération française de rugby (FFR) Bernard Laporte est reparti pour convoquer de nouveau son bureau fédéral afin de « clarifier » la mise en retrait qu’il a lui-même proposée.

Après la condamnation en première instance pour corruption de Bernard Laporte il y a une dizaine de jours, la ministre des Sports n’a pas pris de gants, estimant que cette décision de justice « faisait obstacle » à ce qu’il reste à la tête du rugby français, réclamant même des élections.

A neuf mois de la Coupe du Monde de rugby en France, il est question « du plus haut niveau d’exigence éthique » et de « l’image de la France qui est jeu », a-t-elle répété sur les ondes.

Un autre homme fort du rugby français, Claude Atcher, a été débarqué en octobre de la tête du comité d’organisation de la Coupe du Monde pour ses pratiques managériales et fait l’objet d’une enquête du parquet national financier (PNF).

– « très constructif » –

Pour sa part, estimant que sa condamnation à deux ans de prison avec sursis n’est pas définitive, et se disant innocent, Bernard Laporte ne veut pas quitter la tête de la FFR. Il est venu jeudi dans le bureau de la ministre expliquer la solution trouvée en début de semaine: se mettre en retrait et nommer un président délégué qui agira à sa place jusqu’à un procès en appel.

A l’issue de plus de deux heures d’entretien, qualifié de « très constructif » par l’ex-ministre des Sports de Nicolas Sarkozy, la ministre a réitéré ses demandes de « garanties » et insisté sur le fait que le choix du président délégué destiné à le remplacer puisse être « validé démocratiquement » et « selon un processus irréprochable et un calendrier précis et rapide ».

Il va convoquer vendredi un bureau fédéral, selon le ministère.

– « au plus tard début janvier » –

A l’occasion, elle a précisé que le comité d’éthique de la FFR qui, en fin de semaine dernière, avait préconisé une mise en retrait assortie de la désignation d’un président délégué, a de nouveau été saisi à des fins de clarification. Et donne rendez vous « au plus tard début janvier » pour « entériner ou non la solution proposée ». Le feuilleton ne devrait donc plus durer très longtemps.

A première vue, l’article du règlement intérieur de la FFR sur lequel repose la solution trouvée d’un président délégué (en cas d’empêchement d’un président) n’évoque pas de validation démocratique par les clubs mais une désignation par le président lui-même, à savoir Bernard Laporte. En poste depuis 2016, il a été réélu en 2020 et son mandat court jusqu’en 2024.

De son côté, Amélie Oudéa-Castéra a reçu le soutien de la Ligue nationale de rugby (LNR) qui elle aussi appelle aux urnes et à un complet renouvellement.

Autorité de tutelle de la fédération, le ministère des Sports n’a à sa disposition que l’arme, considérée comme ultime, du retrait de la délégation à une fédération.

C’est une menace qu’avait brandie en 2020 la précédente ministre des Sports, Roxana Maracineanu, à l’encontre de Didier Gailhaguet, alors président de la fédération française des Sports de Glace et accusé d’avoir couvert des violences sexuelles commises par un entraîneur pendant des années.

Mais attention au mot de trop, car dans le cas de l’affaire Gailhaguet, le tribunal administratif de Paris avait condamné en 2022 l’Etat car la ministre, par ses prises de parole, s’était « immiscée dans les compétences de la fédération pour imposer sa démission alors que les conditions de révocation du mandat du président (…) excluent toute intervention de l’Etat ».

© 2022 AFP

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