Rugby: l’ex-international gallois Alix Popham en croisade contre les gestes dangereux

Paris, 4 sept 2023 (AFP) – Pour sanctionner plus justement les fautes répétées au rugby, l’ancien troisième ligne du pays de Galles Alix Popham, atteint d’une maladie au cerveau à la suite d’une succession de commotions, propose un système de « permis à points », dans un entretien accordé à l’AFP.

« La sécurité (des joueurs, NDLR) n’est certainement pas assurée au maximum », a-t-il dénoncé, interrogé par téléphone au sujet de la suspension pour quatre matches infligée au demi d’ouverture du XV de la Rose, Owen Farrell.

Au départ annulé, le carton rouge décerné à Farrell pour un plaquage dangereux sur le Gallois Taine Basham le mois dernier a été commué en appel en une suspension de quatre matches. Ce qui fait que l’ouvreur anglais ne manquera que les deux premiers matches du Mondial (8 septembre-28 octobre), ayant déjà purgé deux de ses quatre matches de suspension lors de rencontres de préparation en août.

« Le fait d’arracher la tête de quelqu’un ne mérite qu’une suspension de quatre matches. Tout ça parce que la Coupe du monde approche. C’est insensé », a martelé l’ancien international.

Popham, qui compte 33 sélections sous le maillot gallois entre 2003 et 2008 et deux participations à la Coupe du monde, s’est vu diagnostiquer il y a trois ans une encéphalopathie traumatique chronique (CTE), alors qu’il n’avait que 40 ans.

La CTE est une maladie neurodégénérative qui peut survenir chez les personnes ayant des antécédents de traumatismes crâniens multiples.

Le Gallois fait partie d’un groupe d’anciens internationaux, dont l’ex-talonneur anglais Steve Thompson, qui ont intenté une action collective en justice contre World Rugby, mais aussi contre les fédérations anglaise et galloise.

– Incohérence –

De nombreux joueurs de rugby -et d’autres disciplines- ont révélé souffrir de troubles neurologiques (lésion cérébrale permanente, démence précoce, épilepsie post-traumatique, maladie de Parkinson, dépression…) causés par la répétition des chocs durant leur carrière.

« Un mec prend dix semaines pour un plaquage à la tête et une semaine plus tard, un carton rouge pour Farrell est rétrogradé en jaune et c’est le tollé sur X (anciennement Twitter, ndlr) », explique à l’AFP le Gallois, fustigeant le manque de cohérence des décisions disciplinaires prises.

« Ce n’est pas un bon signal pour les enfants », regrette-t-il.

L’ancien troisième ligne propose une solution originale pour sanctionner les récidivistes, comme Farrell, et dissuader les autres.

« Je pense qu’il devrait y avoir un système de points comme pour le permis de conduire, détaille-t-il. Si un joueur accumule un déficit de neuf points, il devrait recevoir une suspension de six mois ».

Selon lui, « cela marcherait, comme cela a certainement fonctionné pour dissuader les gens de commettre des excès de vitesse et d’autres infractions au code de la route ».

– La boxe en exemple –

Popham, qui a remarqué pour la première fois que quelque chose n’allait pas en 2019 lorsqu’il s’est complètement perdu au cours d’une promenade à vélo près de chez lui, estime que le bien-être des joueurs ne figure pas en tête des préoccupations des instances du rugby.

« Il faudrait en faire plus pour les activités en dehors des matches, car 95% des dommages infligés le sont à l’entraînement (…). C’est une question de bon sens que de réduire les contacts à l’entraînement », ajoute-t-il, évoquant l’exemple de la boxe.

« Je ne comprends pas comment un joueur de rugby peut être commotionné une semaine et jouer la suivante, alors qu’un boxeur, lui, est obligé de se reposer pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois », s’insurge Popham.

« Les règles (telle que le protocole commotion HIA, ndlr) ne sont pas adaptées, dénonce-t-il encore.

Des règles qui, selon World Rugby, sont toutefois très claires. Selon celles-ci, un joueur professionnel ayant subi une commotion cérébrale n’es pas autorisé à jouer avant les 12 jours, un délai pouvant être prolongé.

Activiste infatigable, Popham partira lui de Londres le 19 septembre, avec un groupe de 40 autres cyclistes, dont le vainqueur du Tour de France 2018 Geraint Thomas, pour rallier Lyon, avant le match entre le pays de Galles et l’Australie prévu cinq jours plus tard (groupe C.). Et ce afin de donner toujours plus de visibilité à son combat.

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© 2023 AFP

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