Thomas Lavault

Thomas Lavault et le wagon du bonheur rochelais

Longtemps dans l’ombre de Romain Sazy, aujourd’hui retraité, le deuxième ligne Thomas Lavault a pris une nouvelle dimension à La Rochelle, son club de coeur, qui défend sa double couronne continentale samedi sur le terrain des Stormers sud-africains, avec toujours les Bleus en ligne de mire.

Enfant des Deux-Sèvres voisines, c’est du sang jaune et noir qui coule dans les veines du quasi double-mètre (1,99 m) rochelais. Supporter quand il était jeune –« car c’était le club de la région, qui n’était pas à l’époque ce qu’il est devenu »–, il intègre le club charentais en Crabos (U18) en 2016, avant de suivre son irrésistible ascension vers les sommets européens.

« C’était quelque chose qui n’était pas forcément dans mon imagination », reconnaît Lavault auprès de l’AFP. « J’ai pu attraper le wagon et, maintenant, je fais partie de ce beau groupe dans cette ville qui est fière d’avoir cette équipe au quotidien, avec un public sans faille tous les week-ends avec des stades pleins depuis 89 matches. C’est une chance que l’on a et, des fois, on ne la mesure pas vraiment! »

A bientôt 25 ans et déjà 112 matches disputés, celui qui ne se sent pas « légitime » à être qualifié de cadre de l’équipe n’est pas pour autant arrivé.

– Dynamique de printemps –

« Je veux aller plus loin, on a les capacités pour être beaucoup plus que double champion d’Europe », plaide-t-il, la dernière finale de Top 14 perdue sur le fil devant Toulouse (29-26) encore à l’esprit. « On ne peut pas l’oublier et on essaye de s’en servir pour être plus performant ».

Epargné par les petites blessures qui ont émaillé une carrière lancée sur un titre mondial U20 en 2018, Thomas Lavault est désormais l’associé privilégié en deuxième ligne du colosse australien Will Skelton, dont l’arrivée a coïncidé avec les premiers trophées.

« Il n’y a pas que Will, il y a toute l’ossature qui a pris, mais un joueur de ce calibre-là, qui a déjà gagné (avec les Saracens), qui a l’expérience des phases finales européennes, ça a été un très gros renfort pour le club », pointe Lavault qui sent la dynamique du printemps poindre, comme ces dernières saisons.

« Ça arrive, ça va monter crescendo, c’est déjà monté depuis les deux matches à domicile contre Clermont (42-3) et le Stade français (23-3), on a changé quelque chose », analyse-t-il.

Mais « le niveau européen est un cran au dessus, ça va plus vite, plus fort, il y a moins de fautes, moins d’arrêts de jeu et moins d’en-avants –surtout en Afrique du Sud sous 30°C », sourit Thomas Lavault.

– Ne pas perdre le Cap

C’est donc un triple challenge qui attend au Cap les hommes de Ronan O’Gara: défendre un statut de double tenant du titre; évacuer la défaite frustrante concédée contre les mêmes Stormers mi-décembre en poules (21-20) alors qu’ils menaient de six points à la 78e minute; devenir la première équipe européenne à s’imposer dans l’hémisphère Sud depuis l’intégration des franchises sud-africaines en 2022.

« Ce sont plusieurs leviers mais c’est avant tout un match de phase finale », rappelle Lavault. « Rien que ce levier-là, de match à élimination directe, suffit. C’est +kill or be killed+, soit tu tues l’adversaire, soit tu es tué. On aime ce genre de défi et j’ai hâte d’y être ».

Un succès de prestige et une autre porte pourrait se rouvrir, celle des Bleus, qu’il a côtoyés en 2022 (deux sélections lors de la Tournée au Japon) avant de rester sur le banc contre l’Italie lors du Tournoi 2023, à un poste de N.4 où aucune hiérarchie ne se dégage derrière Thibaud Flament.

« Bien sûr que c’est frustrant mais c’est à moi d’être au niveau, faire les performances nécessaires pour rentrer tout simplement dans la rotation. Après les choses se feront », espère-t-il.

© 2024 AFP

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