Filipo Nakosi

Castres, le printemps fidjien

Castres, 4 mai 2023 (AFP) – La légion fidjienne de Castres n’est pas étrangère à l’embellie printanière du club tarnais, dont le maintien en Top 14, grâce à quatre victoires de rang, est désormais quasiment assuré avant un déplacement à Pau samedi lors de la 24e journée.

Au bord de la zone rouge il y a deux mois, le finaliste de la saison dernière, désormais neuvième, revit depuis que les beaux jours sont revenus sur les bords de l’Agout et ce n’est peut-être pas une coïncidence.

Le temps se prête davantage au jeu parfois baroque de ses nombreux Fidjiens, redevenus décisifs, à l’image des trois essais en deux matches de Josaia Raisuqe, repositionné avec bonheur à l’aile, ou de l’abattage impressionnant de Leone Nakarawa.

Arrivé l’été dernier au CO, le deuxième ligne de 35 ans, même s’il a mis du temps à trouver ses marques sur le terrain, a tout de suite pris en dehors un rôle de mentor auprès de ses cinq compatriotes: Filipo Nakosi, Vilimoni Botitu, Adrea Cocagi, Josaia Raisuqe et Osea Waqaninavatu, qui n’a toujours pas joué en équipe première.

« On a tous beaucoup de respect pour lui. Il compte plus de 60 sélections avec les Fidji, c’est un modèle à suivre », dit Nakosi à l’AFP. « Sa fin de carrière se rapproche, il commence à prendre de l’âge, mais c’est un honneur de jouer à ses côtés. »

« On a pas mal échangé avant qu’il ne vienne ici. Il m’a posé beaucoup de questions sur Castres », poursuit le robuste ailier, porte-parole du clan. « Je lui ai dit que c’était une petite ville agréable, avec des gens accueillants. Un peu comme aux Fidji. »

– Fraîcheur et joie de vivre –

Loin de la mer et des palmiers, les joueurs des îles se sont plutôt bien acclimatés à la sous-préfecture du Tarn (40.000 habitants) et au club, même s’ils restent assez discrets dans le vestiaire et passent le plus clair de leur temps ensemble.

« Un Fidjien tout seul, c’est un Fidjien qui est triste. En avoir plusieurs, c’est mieux pour nous », estime le capitaine castrais Mathieu Babillot. « Ils ont aussi cette joie de vivre au quotidien qui fait énormément de bien. Ils ne se prennent jamais trop au sérieux, donc c’est assez bon enfant. »

Cette insouciance se retrouve dans leur jeu, qui tranche avec celui traditionnellement prêté au CO, davantage basé sur l’affrontement et le travail des avants que sur les passes après contact à une main.

« Les Fidjiens en général apprennent, enfants, à jouer sur la plage, dans la rue, les montagnes… Du rugby sauvage, ce qui a un peu disparu en France », analysait leur ancien entraîneur Pierre-Henry Broncan avant d’être remercié en février.

« Même si le rugby est passé professionnel, ça reste un jeu pour eux. Ils nous emmènent de la fraîcheur », poursuivait le technicien, remplacé par le Nord-Irlandais Jeremy Davidson. « Ça peut énerver parfois, mais ça fait du bien aussi. »

La source fidjienne pourrait ne pas se tarir de sitôt à Castres grâce à son quintet d’ambassadeurs, dont les performances sous le maillot bleu et blanc attirent l’attention à l’autre bout du monde.

« Les gens aux Fidji ne connaissaient avant que les grosses équipes comme Toulouse ou Toulon », raconte le centre international Vilimoni Botitu, le mieux placé pour disputer la Coupe du monde. « Mais beaucoup ont regardé notre finale (de Top 14) la saison dernière. Ça pourrait inciter des jeunes joueurs à venir ici. »

© 2022 AFP

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