La crise avance dans l’ombre. Dix-sept mois après son premier titre de champion de France, Montpellier rode à l’avant-dernière place du Top 14 avant de se déplacer samedi lors de 7e journée chez la lanterne rouge Perpignan pour un derby sous tension.
Rien ne tourne rond depuis la reprise. Cinq défaites d’affilée, dont deux à domicile devant le Racing 92 (19-16) et Clermont (20-17), des tensions au sein d’un staff sans harmonie et une fébrilité criante au sein de l’équipe ont plongé le MHR dans d’énièmes tourments.
« Depuis le début, on est très faiblards. On doit au moins montrer l’envie de se dépasser les uns pour les autres. Tout simplement. Les supporters sont très déçus de nous et ils ont raison de l’être », constate le pilier Enzo Forletta, formé à Perpignan.
La dernière défaite devant Clermont a encore fragilisé un édifice déjà bancal depuis plusieurs saisons et a surtout provoqué des interrogations sur l’avenir de l’actuel staff. Pour l’heure, Mohed Altrad, président et propriétaire du club, ne veut rien changer, ni précipiter de décisions.
« Il y a beaucoup de travail, c’est un projet difficile. Mais je n’ai jamais abandonné. Je reste ici pour me battre avec les joueurs. La prochaine bataille est à Perpignan », a de son côté assuré Richard Cockerill, le manager anglais du club.
Conquête défaillante, absence de repères dans le jeu, manque de leaders identifiés et confiance ébranlée, Montpellier affiche tout de même depuis l’été un visage méconnaissable, possible reflet d’un staff technique sans cohérence.
Depuis juillet, Richard Cockerill, ancien coach de Leicester et Edimbourg, cohabite avec Jean-Baptiste Elissalde, unique rescapé du précédent staff alors cornaqué par Philippe Saint-André (2021-23).
– montagnes russes –
L’Anglais, aux principes pragmatiques, et Elissalde, façonné par l’école toulousaine, forment un ticket antinomique. Les deux techniciens sont reconnus mais leurs styles sont différents et n’offrent aucun repère commun à une équipe qui a en outre dû composer avec de nombreuses blessures (Camara, Vincent…).
« Il faut que l’on forme un groupe, que l’on veuille jouer les uns pour les autres et que l’on veuille jouer dans le même sens », juge Forletta, qui avait connu pareille déconvenue sous l’ère Xavier Garbajosa (2019-janvier 2021).
Car depuis 2019 et le départ de l’entraîneur néo-zélandais Vern Cotter (2017-19), pourtant finaliste du Top 14, Montpellier vit dans une chronique inconstance.
Une baisse de régime se mue parfois en sanction pour le staff, comme pour Cotter ou plus récemment pour Philippe Saint-André, écarté de ses fonctions de manager après avoir sauvé le club de la relégation puis l’avoir conduit au titre.
« Il y a des montagnes russes. Il faut que l’on arrive à être plus réguliers. A Montpellier, quand on décide de faire les choses ensemble, on est capable de le faire. C’est le charme de ce club dont on écrit l’histoire », confirme le centre international Arthur Vincent.
Mais ce début de saison raté prolonge en fait la dégringolade du printemps. Depuis janvier 2023 et l’annonce de l’arrivée de Cockerill à la place de Saint-André, le MHR s’est désagrégé pour terminer la saison à la 11e place, avec trois victoires seulement lors des 11 dernières journées de la saison passée.
Et au cours des quatre dernières saisons, le MHR n’a disputé qu’une phase finale, en 2022, conclue par son premier titre de champion de France. Le club n’a ensuite jamais profité de cette réussite inattendue pour asseoir ses certitudes et un nouveau statut et a au contraire accumulé les désillusions.
© 2023 AFP
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