Auteur du meilleur départ de son histoire en Top 14 avant d’aller défier Bayonne samedi (17h00), Pau, co-leader du championnat, touche les dividendes de l’investissement de son manager Sébastien Piqueronies depuis deux ans et demi, entre introspection, ouverture et pragmatisme.
. Une identité retrouvée
C’était la première pierre du chantier de Piqueronies à son arrivée le 1er mai 2021: rebâtir l’identité de la Section paloise, bastion historique du rugby français déboussolé par les échecs sportifs (dernier titre de champion en 1964, relégation en 2006) et par un quinquennat (2014-2019) en forme d’échec sous l’égide du manager néo-zélandais Simon Mannix.
« Avant de savoir où tu veux aller, il faut te questionner sur qui tu es », souligne auprès de l’AFP le technicien âgé de 45 ans. « La base du projet, c’est d’être lucide sur le point de départ. On ne peut grandir que si on se connaît très bien. Mais bien se connaître, c’est un acte difficile et long. Il est difficile de vivre dans le présent. On peut être tenté de préparer l’après, de ressasser le passé. »
Cela demande du temps, des convictions, des expériences communes. Cet été, ses joueurs ont gravi un col du Tour de France dans le cadre de la préparation et durant la trêve Coupe du monde, ils ont randonné dans le Béarn, visité des artisans ou encore planifié des entraînements dans des clubs des environs.
De quoi réveiller une flamme et une fierté: le stade du Hameau se remplit à nouveau et la ferveur y est inédite.
. Une formation performante
En débauchant l’entraîneur double champion du monde avec les U20, la stratégie des dirigeants palois était évidente: mettre la formation au centre du projet, avec moins de joueurs mais plus de moyens accordés à leur développement sous la férule de Pierre Perez, l’ancien directeur du pôle espoir de Bayonne et formateur réputé.
Les meilleurs éléments ont ainsi un cadre dédié, baptisé « La Capsule », cellule d’accompagnement personnalisé pensée pour accélérer leur progression et « accompagner au mieux les joueurs dans les équipes de France », selon Piqueronies.
Et ça paye. En juin, les Espoirs sont remontés dans l’élite et quatre d’entre eux (Hugo Auradou, Théo Attissogbé, Brent Liufau et Clément Mondinat) sont devenus champions du monde U20, avec des feuilles de matches fréquentes en Top 14 pour les deux premiers.
. Un staff densifié
Alors que ses concurrents en Top 14 annoncent encore des arrivées de joueurs, la Section s’est signalée avec l’arrivée d’un consultant, l’ancien arbitre béarnais Jérôme Garcès – qui reste membre de l’équipe de Fabien Galthié chez les Bleus – et d’un médecin en renfort.
Au centre d’entraînement, tout est décloisonné. Cellule médicale et préparation physique sont ainsi incluses dans une méthode participative chère à Piqueronies.
« Il y a pas mal d’autonomie et puis de la régulation, des débriefings. La puissance d’un staff, c’est un sentiment d’appartenance fort, un degré d’initiative et de rayonnement important. Ce n’est pas synonyme de laisser-aller (…). Il faut que ça fuse, j’aime me nourrir de l’intelligence collective. »
. Un recrutement a minima
Six joueurs professionnels la saison dernière, seulement cinq cette saison dont le pilier anglais Hayden Thompson-Stringer, joker coupe du Monde… Pau fait le choix d’un recrutement minimaliste pour favoriser un grand vécu commun et ciblé pour limiter les risques d’échec.
Exemple probant avec la venue de l’ouvreur anglais Joe Simmonds qui s’est fondu immédiatement dans le moule.
« On s’est très peu loupé sur les recrutements initiaux, apprécie le manager. On aura toujours moins de ressources que dix autres clubs. On n’a pas le droit au gaspillage et au superflu. »
. Un jeu pragmatique
Difficile à manoeuvrer depuis le début de saison, la Section affiche un jeu complet et une capacité à évoluer dans plusieurs registres.
« Notre identité, c’est la capacité à avancer, quelques que soient les conditions et l’adversaire », résume Piqueronies.
Hautes envolées ou basses oeuvres, son équipe est capable de changer de style au gré des circonstances, guidée par son pragmatisme et sa quête d’efficacité.
« Etre une équipe qui avance et s’en voit récompensée, c’est simple et évident », plaide encore le manager. D’ailleurs, après chaque match, la première statistique qu’il demande est le ratio +points marqués à chaque incursion dans les 22 mètres adverses+.
© 2023 AFP
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