Top14, Mathieu CIDRE (Vannes) : « C’est un club où les gens sont humbles et travailleurs. »

mathieu CIDRE

En s’imposant 16/9 lors de la finale de ProD2, le RC Vannes a gagné le droit d’évoluer au plus haut niveau du rugby français. Un événement historique pour toute la Bretagne qui contribue à redessiner la carte de l’ovalie hexagonale. Invité de l’émission « Côté Ouvert » sur RCF, Mathieu CIDRE l’entraîneur des avants du RCV est revenu sur cette saison mémorable pour les pensionnaires du stade de La Rabine.

Mathieu, huit jours après cette montée historique est-ce que vous avez réalisé l’exploit que vient d’ accomplir le RC Vannes ?

Oui, on a réalisé. C’était quand même un objectif sur le début de saison qu’on a travaillé, entretenu et finalement qu’on a réussi à aller chercher. En toute humilité, c’était quelque chose qui était espéré par le club. Il y avait une vraie vision. Ça n’aurait pas été dramatique de ne pas y accéder cette année, mais sur une vision à deux/trois ans c’était quand même un objectif. Maintenant que c’est retombé, on sait qu’on y est et on a savouré les premiers moments, on est plus dans la réflexion sur comment on va se comporter et avec quels moyens. Maintenant le plus dur va arriver.

On va revenir sur la finale, c’était un match serré qui aurait pu basculer des deux côtés selon toi.

Grenoble c’est une équipe qu’on ne voulait pas affronter sur un match de phase finale que ce soit en barrage ou en demie. Après, une finale c’est toujours particulier. C’est une équipe qu’on craignait vraiment car elle a de la qualité partout, sans trop de point faible. On a été un peu plus réaliste qu’eux, on a une opportunité en début de match où Romaric CAMOU marque. A l’inverse Grenoble en a eu une en fin de première mi-temps où ils auraient pu passer devant à la pause et ils ne marquent pas. On a été plus efficace et plus réaliste quand on s’est approché des zones de marque même si on perd des occasions sur deux touches qui sont autant de munitions en moins. On a su prendre les points potentiels , notamment au pied, alors que d’habitude on va en pénal-touche. Je pense qu’on a su faire preuve de plus d’efficacité.

Dans la saison écoulée, as-tu su repérer des moments clé ou des moments de doutes pour arriver à ce résultat ?

Notre entame. On passe 9 journées sans perdre de match. On perd à Colomiers lors de la 10e. Journée au mois d’octobre. Ça nous a permis d’avoir beaucoup d’avance, je crois qu’a un moment on avait 10 à 12 points par rapport au second. Ça nous assuré un certain confort. Après derrière, ce qui a été plus difficile c’est le mois de décembre puisqu’on perd à domicile face à Aix, on va ensuite perdre à Grenoble puis à Brive mais de pas grand-chose. On a eu aussi des blessés ou des joueurs indisponibles … une période de flottement. De plus, de novembre à mars on n’a pas gagné à l’extérieur, ce qui avait été une force sur notre début de saison. Aix est revenu, Béziers s’est mêlé à la lutte. Avec la victoire à Montauban, on fait un avant-dernier bloc très positif : trois victoires à domicile avec le bonus offensif et un nul à Angoulême. La victoire à Montauban et la réception de Rouen ont validé notre place dans le top2 c’est à dire une demie finale domicile.

Après avoir entraîné longtemps à Carcassonne, c’était ta première au RC Vannes, qu’est-ce qui t’a marqué dans ce club que tu découvrais ?

C’est un club où les gens sont humbles, travailleurs, c’est ce que j’ai ressenti en arrivant dans ce club et dans cette équipe. Il y a quelques joueurs qui sont au dessus du lot mais c’est plus la force collective qui prime plutôt que l’individu. Et le début de saison a vraiment été synonyme de force collective.

Ton président l’a dit : « c’est le début des emmerdes ». Maintenant que vous y êtes arrivés, le projet c’est quoi ?

Le plus dur maintenant c’est d’y rester ! C’est le premier club Breton à accéder au Top14, c’est historique. On est entré dans l’histoire, on sait aussi que ça va être très difficile car on a les pieds sur terre. Si ça réussi tant mieux et si ça ne réussi pas on peut dire que ça n’est qu’une étape. La Rochelle avait fait pareil : le club était monté, redescendu, ils sont remontés … L’idée c’est de construire.

C’est un modèle inspirant pour vous La Rochelle ?

Oui, et puis même si c’est un peu plus bas que Vannes [géographiquement]c’est au dessus de Bordeaux … et quand ça dépasse Bordeaux, c’est un peu le Nord ! Mais quand on regarde l’engouement, l’état d’esprit, la ferveur qu’il y a autour du rugby dans la ville … le port de Vannes, le port de La Rochelle : il y a beaucoup de choses qui se ressemblent. C’est un modèle sur lequel le club s’appuie. Il y a toute une région et toute une économie qui pour moi a sa place dans le très haut niveau. Mais on le sait tous très bien, ça passera par le terrain en premier.

Propos recueillis par Christian GUITARD.