Gaël Fickou défiera dimanche sous les couleurs du Racing 92, en huitième de finale de Champions Cup, son « premier amour », Toulouse, où le centre international de 30 ans a vite pris son envol à l’adolescence avant que la flamme ne s’éteigne petit à petit.
Parce qu’il ne connaît pas encore très bien la Ville rose, Fickou décide de faire confiance au colosse tongien Edwin Maka pour lui couper les cheveux avant sa toute première titularisation en Top 14, en septembre 2012.
« Il m’a massacré la tête », s’en amuse le taulier des Bleus dans son autobiographie « Derrière l’armure », parue l’an dernier. « J’avais une coupe dégueulasse! Une crête horrible mais je ne regrette pas, même si je me faisais beaucoup chambrer ».
Il n’a que 18 ans à l’époque et vient de débarquer en « vrai kéké des plages » de son club formateur, Toulon, où la concurrence était trop dense à son poste entre Matt Giteau, Mathieu Bastareaud, Maxime Mermoz ou Geoffroy Messina.
Chargé du recrutement toulousain, Jean-Michel Rancoule a flairé le bon coup, validé par l’entraîneur en chef Guy Novès et celui des trois-quarts Jean-Baptiste Elissalde.
« On sentait déjà un potentiel énorme », raconte ce dernier à l’AFP. « Gaël est arrivé au milieu des Florian Fritz, Yannick Jauzion… Ce n’était pas forcément évident pour un joueur aussi jeune. Il a fallu se faire sa place mais il y est parvenu assez rapidement, mine de rien ».
Alors qu’il ne s’attend qu’à grappiller quelques bouts de matches derrière Jauzion, Fritz et Yann David, Fickou en dispute 26, dont 20 comme titulaire, dès sa première saison en Haute-Garonne.
Ses performances lui ouvrent même les portes de l’équipe de France. Après quelques mois seulement en Top 14, Philippe Saint-André lui offre lors du Tournoi des six nations 2013, contre l’Ecosse, la première de ses 90 sélections en date.
– « Moins sérieux qu’aujourd’hui » –
« Toulouse, c’est comme un premier amour », a dit cette semaine Fickou avant de retrouver en tant que capitaine du Racing un stade Ernest-Wallon qui lui « rappelle tant de bons souvenirs ».
« J’ai rencontré des gens extraordinaires là-bas, comme Maestri, Picamoles, Doussain, Fritz… », a-t-il développé. « Des gars qui m’ont beaucoup apporté sportivement et humainement. Tôt ou tard, le rugby s’arrêtera et ça restera des amis. C’est surtout ça que je retiens, le côté humain ».
Un côté qui a aussi indirectement conduit, à force de soirées arrosées, à la fin de l’idylle entre le natif de La Seyne-sur-Mer, dans la banlieue toulonnaise, et son club d’adoption.
« Il avait un peu les défauts de ses qualités: il était jeune et beaucoup moins sérieux qu’il ne l’est aujourd’hui dans sa façon de se préparer », se souvient Elissalde. « En se préparant un peu mieux, en faisant attention à la bouffe, au sommeil, en devenant très professionnel, il est devenu incontournable ».
« Je me reposais un peu trop sur mes lauriers », reconnaît Fickou dans son autobiographie. « J’étais en perte de vitesse. Je ne parvenais plus à jouer à mon meilleur niveau (…) En poursuivant ma carrière à Toulouse, je serais resté dans un confort où je ne bossais pas assez ».
Comme dans toutes les belles histoires d’amour, l’entraîneur de ses dernières années toulousaines Ugo Mola préfère ne retenir que les bons souvenirs: « Il est resté attaché à nous et on est restés très attachés à lui parce que c’est un garçon plus que respectable sur le plan rugbystique et qui nous a marqués humainement ».
La séparation a été actée en 2018. Un an avant la fin de son contrat, le joueur d’origine sénégalaise rejoint le Stade français pour se relancer. Les Rouge et Noir sont sacrés champion de France l’année suivante. Sans lui.
© 2024 AFP
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