Vannes rejoint Grenoble en finale

Vannes, une réussite qui ne doit rien au hasard

En battant Grenoble (16-9) samedi en finale de Pro D2, Vannes a gagné le droit de représenter la Bretagne dans l’élite du rugby français. Le résultat d’une ascension patiente et maîtrisée.

Le club a été fondé en 1950 par des parachutistes basés dans le Morbihan, loin de leur région d’origine et du berceau de ce sport en France, le Sud-Ouest.

« Développer un club avec l’isolement géographique, c’est vraiment compliqué (…), il n’y a pas de discrimination positive à notre égard », a reconnu Martin Michel, le directeur général du club.

Plein d’ambition, le club s’est hâté lentement vers le sommet.

« C’est un club qui avance marche après marche, pas après pas, qui a passé dix ans en Fédérale 3, dix ans en Fédérale 2, et puis dix ans en Fédérale 1 avant d’accéder au monde professionnel », expliquait à l’AFP le président Olivier Cloarec avant la finale.

C’est d’ailleurs en 2016, quand Vannes accède à la Pro D2, qu’il en pris les rênes. « Beaucoup étaient surpris qu’un club breton arrive dans le monde professionnel », poursuit-il. « Tout le monde nous promettait l’enfer en nous expliquant qu’on n’allait pas y arriver, qu’on allait très vite redescendre. »

– Un Vannes qui ne fait plus rire personne –

Le budget est passé cet été-là de 1,8 million à 5 millions d’euros. Il sera d’environ 20 M EUR l’an prochain, en Top 14 et, aujourd’hui, Vannes ne fait plus rire personne.

« L’image du rugby vannetais a changé. Il est reconnu et remarqué en France, il a fait sa place sur la carte. Ce n’est plus le petit club là par hasard », détaille Maëlan Rabut, centre du RC Vannes de 2019 à 2022 et aujourd’hui au RC Toulon.

Impossible d’évoquer la trajectoire du RCV sans évoquer son druide: Jean-Noël Spitzer, entraîneur depuis 2005, quand le club était en Fédérale 2, le quatrième échelon national.

« C’est l’homme fort du club, évidemment », assène son président.

Aussi discret que travailleur et pointilleux, il est un peu à Vannes ce que Guy Novès a été à Toulouse.

« Je connais ma longévité au sein du club, ce n’est pas quelque chose qui me pèse car tout a tellement évolué en 18 ans que je n’ai pas l’impression d’être dans le même projet », avait-il confié après la demi-finale remportée 27-21 contre Béziers .

Au club, tout le monde sait que le plus dur commence avec la victoire de samedi.

« On n’est jamais prêt à monter. Ce qui est sûr, c’est qu’on est aujourd’hui plus prêt qu’on ne l’était hier », balaye le président Cloarec.

– « La marche est très haute » –

Au fil des ans, le club a investi massivement dans ses infrastructures pour répondre aux attentes du plus haut niveau, à l’instar de son centre de performance ouvert l’an dernier et qui porte le nom de son plus gros sponsor, la marque D’Aucy.

« On est allé visiter sept ou huit centres d’entraînement dans le rugby, à La Rochelle, à l’UBB, à Lyon, au Racing, mais aussi dans le monde du football – ce qui se faisait à Guingamp, à Lorient ou à Brest -, pour essayer d’aller en chercher le meilleur de chacun », raconte le dirigeant.

Le Stade de la Rabine, dont la capacité a été portée à 12.000 spectateurs et qui affichait la plus grosse affluence de Pro D2 l’an dernier, est aussi le « poumon économique » du club, souligne-t-il.

Sur le plan sportif, « la marche est très haute par rapport au championnat de Pro D2 et par rapport à ce qu’on est capable de fournir chaque week-end », admet-il toutefois.

Mais « il est temps de passer ce cap-là aussi et d’aller voir ce qu’il se passe à l’échelon supérieur », ajoute-t-il immédiatement.

« Si on le fait intelligemment et quand bien même il y aurait une redescente l’année suivante, je pense que cette découverte est indispensable pour savoir où on met les pieds et pour s’y préparer le mieux possible, pour y remonter deux ans ou trois ans après », conclut-il.

© 2024 AFP

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