Paris, 8 mars 2023 (AFP) – Capitaine lors de la dernière victoire française à Twickenham (18-17 en 2005) dans le Tournoi des six nations, Fabien Pelous l’assure: pour gagner en Angleterre, il faut être prêt à « répondre physiquement », comme l’explique l’ancien deuxième ligne à l’AFP avant le Crunch de samedi.
Q: Vous souvenez-vous de ce succès de 2005?
R: « J’ai un souvenir plus prégnant de 1997 que de 2005, c’était venu un peu comme un cheveu sur la soupe. En fin de première période, on se réunit et Marc dal Maso s’exprime. On voyait que ça venait du fond du coeur, il nous dit: +là, si ils accélèrent un peu, on va exploser!+ En fait, on n’avait pas du tout explosé et c’est eux qui ont fini par exploser. Ils avaient fait un gros travail physique dans la semaine et n’avaient pas tenu le choc sur la fin. Ca nous avait permis de passer devant et de nous ouvrir la porte du Grand Chelem. »
Q: Twickenham, c’est un stade particulier?
R: « Il y a une ambiance, une atmosphère particulière. Et puis c’est le temple du rugby dans l’hémisphère Nord. C’est un stade ancien dans son histoire mais moderne dans ses infrastructures. Et puis il y a toute une histoire autour. Il n’y a pas un rugbyman qui n’a pas vu un match à Twickenham. »
Q: Quels ingrédients faut-il pour gagner là-bas?
R: « L’Angleterre est une équipe qui met beaucoup d’engagement physique donc il faut leur répondre pour pouvoir exprimer le reste. Sur ce point, je pense qu’il y a assez peu à craindre, on sait faire. Une fois qu’on a répondu physiquement, il faut réussir à imposer notre façon de faire. On a des arguments. Intrinsèquement, je pense qu’on est meilleur que cette équipe d’Angleterre. C’est une équipe qui se cherche encore, ils n’ont pas encore un rugby abouti. Les Anglais ont de bonnes individualités mais ils maîtrisent moins leur rugby. »
Q: Quel regard portez-vous sur les Bleus?
R: « Un regard bienveillant et admiratif. On n’a jamais eu une équipe de France comme ça, qui faisait figure de favori à tous les matches. On a eu une période où on gagnait des matches mais on était un peu en retard par rapport à l’hémisphère Sud. Là, j’ai l’impression qu’on fait figure de locomotive, en termes de jeu mais aussi de symbole dans ce qu’on représente, dans notre façon de jouer… »
Q: Leur jeu a pourtant été très critiqué…
R: « Il n’y a pas qu’une façon de jouer au rugby. L’Afrique du Sud a été championne du monde en massacrant tout le monde physiquement. Point. C’est déjà pas mal… Les précédents champions du monde avaient été époustouflants. En terme de symbole, ce que développe cette équipe est très positif et c’est pour ça qu’elle a beaucoup d’adhésion derrière elle: c’est une équipe enthousiaste, qui ne lâche pas grand chose, qui défend très bien, qui attaque bien et qui met beaucoup d’engagement dans ce qu’elle fait. »
Q: On a l’impression qu’ils maîtrisent parfois un peu moins…
R: « Si on regardait les matches précédents, on s’apercevrait peut-être qu’on était perfectibles. Symboliquement, ce qui fait la bascule, c’est le match contre les All Blacks (victoire 40-25, NDLR) mais il faut se souvenir que, à la 60e minute, on faisait moins les fiers. Les All Blacks revenaient fort, il y a la contre-attaque de Romain Ntamack qui fait basculer le match mais on était dans une situation un peu délicate. Les matches ne tiennent à pas grand chose, on a été dominateurs contre les All Blacks pendant 40 minutes mais après moins. Dans nos souvenirs, on a l’impression qu’on maîtrisait tout mais pas forcément. La problématique de cette équipe, c’est les attentes que l’on a par rapport à elle. Quand elle entre sur le terrain et qu’elle est juste bonne, c’est un peu frustrant. On a envie qu’elle soit exceptionnelle parce qu’elle nous a montrés qu’elle pouvait l’être. On peut être frustrés mais c’est juste parce qu’on a des attentes démesurées après le Grand Chelem, la victoire contre les All Blacks… »
propos recueillis par Nicholas Mc ANALLY
© 2022 AFP
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