Twickenham (Royaume-Uni), 11 mars 2023 (AFP) – Moins souverain qu’à son habitude lors des deux premiers matches du Tournoi des six nations, Grégory Alldritt, de retour à son meilleur niveau, a montré samedi lors du succès historique en Angleterre (53-10) que le XV de France pouvait toujours compter sur lui.

Interrogé dans la semaine sur les prestations mitigées du troisième ligne en Italie et en Irlande, le sélectionneur des Bleus Fabien Galthié avait promis une réaction: « Il est là, il est très opiniâtre et il va répondre à votre question et à votre jugement. Ca va venir, vous allez voir, attendez un petit peu ».

Il n’a pas fallu attendre longtemps. Alldritt a retrouvé à Twickenham l’abattage qui avait fait de lui l’un des artisans majeurs du Grand Chelem l’an dernier et l’un des meilleurs joueurs du continent tout au long de la campagne victorieuse de La Rochelle en Coupe d’Europe.

Sa percée de la 5e minute, conclue par un tampon sur l’arrière anglais Freddie Steward, a donné le ton de sa partie. Omniprésent dans les rucks et le combat, il a envoyé Charles Ollivon à l’essai juste avant la mi-temps après s’être échappé à l’arrière d’une mêlée dominatrice.

Son début de Tournoi avait pourtant soulevé quelques interrogations sur son état de fraîcheur physique. Très sollicité par Ronan O’Gara à La Rochelle, il est l’un des Bleus affichant le plus gros temps de jeu (1.366 minutes avant samedi) depuis le début de la saison.

Le Gersois de 25 ans, moins percutant, avait paru inhabituellement emprunté à Rome et à Dublin. Habitué à rester sur le pré tout le match, il avait même été sorti autour et avant l’heure de jeu lors de ces deux rencontres. 

– « Introspection » –

« Je suis déçu », avait-il reconnu après la défaite en Irlande. « Je fais cette erreur sur le pick and go qui offre un ballon de turnover aux Irlandais. Je ne peux pas être fier de ça parce que je suis exigeant envers moi-même. A moi de me reposer comme il faut cette semaine et de revenir contre l’Ecosse hyper motivé ».

Ses dix premières minutes avaient été prometteuses contre le XV du Chardon, mais l’expulsion de Mohamed Haouas ne lui a pas permis d’en montrer davantage. Contraint de sortir rapidement, il en a sans doute nourri une énorme frustration et les Anglais en ont fait les frais.

L’entraîneur des avants tricolores William Servat avait salué cette semaine sa « capacité à se regénérer et à faire son introspection ». Il avait aussi senti son joueur « monter en puissance » après son bout de match écossais et un week-end sans jouer derrière.

« Aujourd’hui, sur les entraînements, c’est un des joueurs les plus actifs, les plus performants », avait relevé Servat. « Quel dommage d’avoir eu cette obligation de le sortir contre l’Ecosse parce que je pense qu’il aurait fait un grand match. C’est quelqu’un qui a su se remettre en cause. Il fera une grande partie (en Angleterre) ».

Au sein d’une troisième ligne impériale avec Charles Ollivon et François Cros, Alldritt, d’origine écossaise, a pris un malin plaisir sous le crachin anglais à donner raison à ses entraîneurs. 

« Dans la vie et le parcours d’un joueur de rugby, on a le droit parfois d’être un peu moins souverain », avait encore dit Galthié au moment de dévoiler sa composition d’équipe jeudi. « Les compétiteurs, ils acceptent, ils comprennent, mais ils répondent ».