La Rochelle, 15 juin 2023 (AFP) – Le premier veut finir en beauté au Stade de France, le second rêve de Coupe du monde: Romain Sazy et Paul Boudehent, seuls joueurs rochelais n’ayant jamais évolué au sein de leur XV national, ont rendez-vous avec leur destin samedi, en finale du Top 14.
Au milieu des Grégory Alldritt, Uini Atonio, Will Skelton, Tawera Kerr-Barlow, Jonathan Danty ou Brice Dulin aux sélections multiples, ils font figure d’exception, voire d’intrus.
Romain Sazy, 36 ans, deuxième ligne de l’ombre, n’a jamais eu la reconnaissance internationale si ce n’est au sein des Barbarians français dont il a porté quatre fois les couleurs.
Fidèle du club jaune et noir depuis treize saisons – la finale contre Toulouse sera son 341e match avec La Rochelle -, « Saz » va boucler samedi un voyage au long cours.
Un périple débuté dans l’anonymat de la Pro D2 avant d’épouser le capitanat et la montée en puissance du club à la Caravelle qui vivra samedi sa sixième finale en quatre ans, toutes compétitions confondues.
– Résilience et abnégation –
« Content d’être sur le bateau » comme il l’imageait fin avril, il a pris part aux cinq premières, quatre fois comme titulaire (victoires en Champions Cup en 2022 et 2023, défaites en Challenge Cup en 2019, en Champions Cup et en Top 14 en 2021).
La retraite, Sazy l’avait programmée bien avant un possible doublé et une sortie par la très grande porte, en finale au Stade de France, comme le talonneur de Montpellier Guilhem Guirado, vainqueur du Brennus en 2022 pour sa dernière.
Mardi devant la presse, il a botté en touche, parlant « d’une semaine pas spéciale pour moi mais pour l’ensemble du groupe ». « Honnêtement, mon histoire personnelle passe après la performance collective. Cette question ne va pas m’impacter. Je verrai ça plus tard », a ajouté celui qui deviendra à la rentrée entraîneur des Espoirs maritimes.
Romain Carmignani, coach des avants qui a joué avec Sazy (de 2010 à 2012) avant de l’entraîner, mesure davantage la portée de l’exploit: « finir sa carrière sur une finale, c’est quand même quelque chose d’incroyable. On espère être en mesure de lui offrir le Bouclier pour sa dernière ».
« Il a été incroyablement constant et discipliné tout au long de sa carrière. Au-delà d’avoir joué 13 ans au Stade Rochelais, je crois qu’il n’a pas raté un entraînement », a-t-il confié.
– Finie la « guigne » –
A côté de Sazy, Paul Boudehent fait figure de jeune pousse, mais une brindille de 1,93 m et 107 kilos tout de même. A 23 ans, le cadet de 21 mois de Pierre, international à VII en partance cet été pour le Stade Français, possède un vrai corps d’athlète, aérien, estampillé grand espoir en U20 mais freiné par les blessures et une concurrence interne féroce en troisième ligne.
A force de travail, il est devenu une « bête physique » de l’aveu même de Carmignani. « C’est un des joueurs qui va le plus vite et court le plus longtemps, qui a les meilleures +stats+ en muscu », poursuit celui qui l’a eu au centre de formation.
Mais la guigne l’a souvent accompagné. Entré à l’heure de jeu en finale de Champions Cup 2021, il chute lourdement sur son épaule et sort une minute plus tard. Appelé à débuter contre les Saracens en quart de finale de Champions Cup 2023, ses ischios le lâchent lors de l’échauffement.
« Tous ces petits pépins qu’il a eus, Paul s’en est servi pour se construire, juge Carmignani. Aujourd’hui, il fait attention à ce qu’il +bouffe+, à toute la partie invisible. Tout cela l’a fait grandir et on voit son potentiel et sa marge de progression ».
Ses récentes performances ainsi que son statut de titulaire en finale européenne contre le Leinster en font un candidat plus que sérieux à la liste des 42 Bleus pour le Mondial-2023 dévoilée le 21 juin. Surtout s’il brille de nouveau samedi…