Fabien Galthié a rendu sa fierté au rugby français, ramené le XV de France dans le Gotha mondial, mais a présidé à l’une des plus grandes déceptions de son histoire: l’élimination en quarts de finale de « son » Mondial.
A 54 ans, l’ancien demi de mêlée, sélectionneur depuis novembre 2019, a ses aficionados qui rappelleront qu’il a guidé les Bleus vers un Grand Chelem dans le Tournoi en 2022 (le premier depuis 2010), année bénie durant laquelle les Bleus étaient l’équipe la plus enthousiasmante de la planète.
Mais les détracteurs de ce personnage clivant, pourraient retrouver de la voix après la courte défaite contre l’Afrique du Sud dimanche soir au Stade de France (29-28).
Lui reste droit dans ses bottes: « Aucun regret. On a le droit de perdre comme on a perdu aujourd’hui », a-t-il dit en conférence de presse tard dans la soirée de dimanche. « On a tout mis en oeuvre pour optimiser notre potentiel et on l’a fait (…) On a super bien travaillé et fait quelque chose de grand ces quatre dernières années avec le staff et les joueurs et la fédération. »
Son équipe, a-t-il poursuivi, « va continuer à jouer, à avancer, à se développer ». En ce qui le concerne, il a « un contrat qui court jusqu’en juin 2028. » « Galthié est la bonne personne pour les années à venir », l’a conforté lundi le président de la Fédération, Florian Grill.
Au soir de la victoire contre l’Angleterre dans le Tournoi des six nations, synonyme de Grand Chelem, en mars 2022, le sélectionneur avait versé quelques larmes de joie. Pour l’ancien ouvreur Christophe Lamaison, qui l’a côtoyé sous le maillot bleu, Galthié venait de « redorer le blason du rugby français » après une décennie noire.
Parvenu à ce résultat lors de sa troisième année de mandat, l’ancien demi de mêlée aux 65 sélections (de 1991 à 2003) avait clairement annoncé l’objectif suivant: remporter la Coupe du monde organisée en France.
Un objectif réalisable au vu de la génération exceptionnelle arrivée à maturité, autour du demi de mêlée virtuose Antoine Dupont.
« Je ne peux pas laisser dire que (Galthié) n’est pour rien » dans cette renaissance, avait alors tranché Lamaison. « Il a permis à cette équipe de renouer avec la victoire, aux supporters français de retrouver un rugby champagne qui a cruellement manqué ces dernières années. »
– Bilan favorable –
Ramener les Bleus dans le Top 3 mondial n’était pas acquis. Galthié est devenu entraîneur jeune (35 ans) après une brillante carrière de joueur marquée par trois Grands Chelems (1997, 1998, 2002), une finale de Coupe du monde (1999) et un titre de meilleur joueur du monde en 2002.
Les écueils ont jonché sa deuxième carrière. S’il a guidé le Stade français vers un Bouclier de Brennus en 2007, l’histoire s’est mal terminée à Montpellier (2010-2014) puis à Toulon (2017-2018).
« Galthié, je le trouvais à sa place en tant que consultant sur France Télévisions, ses explications techniques étaient pertinentes. En tant qu’entraîneur, il ne m’a pas fait rêver », écrit dans son autobiographie « La tête haute » (Hugo Sport) Guy Novès, entraîneur emblématique du Stade toulousain et ancien sélectionneur du XV de France, démis de ses fonctions en 2017.
La méthode Galthié, visant à remettre au goût du jour le fameux « French flair » autour d’un jeu déstructuré, où la défense et la discipline sont primordiales, en s’appuyant sur des individualités talentueuses, a fonctionné rapidement.
Les résultats plaident en sa faveur, avec un bilan de 35 victoires en 44 matches.
Malgré la courte défaite (29-28) dimanche soir en quart face à l’Afrique du Sud, championne du monde en titre, Galthié, et ses désormais fameuses lunettes à l’épaisse monture noire, dispose d’atouts pour la suite, avec la Coupe du monde en Australie de 2027 dans le viseur.
– Bien entouré –
« On a une génération de joueurs fantastiques et il en tire le meilleur: il a su trouver la bonne formule pour que les joueurs aient envie de jouer les uns avec les autres et de se donner les uns pour les autres », estime l’ancien deuxième ligne Fabien Pelous.
Méticuleux, friand de statistiques, le patron du XV de France, titulaire d’un master en ingénierie commerciale, « intellectualise beaucoup le rugby », observe Fabrice Landreau, qui fut son adjoint au Stade français et à Toulon.
Galthié « sait aussi bien s’entourer », souligne l’ouvreur du Racing 92 François Trinh-Duc (66 sél.), évoquant son staff pléthorique et ultra-spécialisé.
Cette équipe sera remaniée à l’aube de la seconde partie de son mandat, avec les arrivées de Patrick Arlettaz (attaque), Laurent Sempéré (touche) et Nicolas Jeanjean (préparation physique), qui remplacent respectivement Laurent Labit, Karim Ghezal et Thibault Giroud.
© 2023 AFP
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